La hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) s'est établie le mois dernier à 2,7% sur un an, contre 3,3% en juin et 3,1% en juillet, selon des chiffres du gouvernement publiés vendredi --un niveau parfaitement conforme aux attentes médianes des analystes.

L'inflation reste tirée par le coût du riz, dont les prix ont augmenté de 68,8% sur un an en août, même si on constate une modération significative après des flambées de quelque 100% en juin et de 90,7% en juillet.

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Pour contrer cette envolée sur le riz, marquée depuis l'automne 2024 et inédite depuis au moins un demi-siècle, le gouvernement japonais avait commencé à puiser dans les réserves stratégiques de riz du pays en mars.

La décrue de l'inflation profite également de subventions à l'électricité et au gaz apportées par les autorités, qui ont permis d'abaisser les prix énergétiques.

Or, si l'on exclut également l'énergie, la hausse des prix à la consommation a légèrement ralenti à 3,3% sur un an en août, après des hausses de 3,4% en juin comme en juillet.

L'inflation dépasse donc toujours nettement l'objectif de 2% de la Banque du Japon (BoJ). Ce ralentissement en août «ne changera rien à la situation générale, les prix à la consommation resteront suffisamment élevés pour que la BoJ maintienne sa politique de réduction de son soutien à l'économie» avec une nouvelle hausse des taux attendue dès octobre, estime Taro Kimura, analyste de Bloomberg Economics.

«Les facteurs déterminants de l'inflation restent les mêmes: prix alimentaires élevés et répercussion de la hausse des coûts salariaux», après les augmentations de revenus intervenues en début d'année, poursuit-il.

«La Banque du Japon fera probablement abstraction de la baisse actuelle de l'inflation globale» et «devrait reprendre le resserrement de sa politique monétaire avant la fin de l'année», abonde Abhijit Surya, de Capital Economics.

«En l'état actuel des choses, les pressions sur les prix semblent relativement saines: l'inflation hors produits frais est conforme aux prévisions de la BoJ pour l'exercice en cours (...) Notre scénario de base reste que la Banque procédera à une hausse de taux de 25 points de base lors de sa réunion d'octobre», insiste-t-il.

Dans l'immédiat, l'institution devrait camper sur son statu quo monétaire ce vendredi, à l'issue d'une réunion de deux jours, selon le consensus des analystes.

Incertitude politique

L'archipel, longtemps guetté par la déflation, est confronté depuis le printemps 2022 à une hausse soutenue des prix à la consommation, au-delà de 2%.

Une tendance qui s'est encore accélérée ces derniers mois, avec une inflation systématiquement supérieure ou égale à 3% depuis décembre dernier.

Pour contrer le retour de l'inflation, la BoJ avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante --mais elle a suspendu cette dynamique après janvier dernier face à l'assombrissement de l'horizon économique.

Face à cette envolée des prix, les Japonais avaient exprimé leur colère dans les urnes en juillet en sanctionnant le Parti-libéral démocrate (PLD) au pouvoir, qui a désormais perdu sa majorité dans les deux chambres du Parlement --entraînant début septembre la démission du Premier ministre conservateur Shigeru Ishiba.

Taro Kimura concède que l'incertitude politique pourrait retarder un nouveau resserrement monétaire: le successeur de M. Ishiba --dont la désignation fait l'objet d'une campagne au sein du PLD-- est susceptible d'adopter une politique économique «moins interventionniste».

La nationaliste radicale Sanae Takaichi, ancienne ministre de la Sécurité économique, et l'actuel ministre de l'Agriculture Shinjiro Koizumi, fils d'un ancien Premier ministre, sont considérés comme les principaux candidats potentiels dans la course, dont la campagne officielle débutera le 22 septembre --avant une désignation à la tête du Parti début octobre.