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Lecornu reconduit par Macron mais éconduit par les ténors de LR

De nouveau sous la menace de censure après sa reconduction critiquée, Sébastien Lecornu doit constituer, dans un délai ultra-court, son nouveau gouvernement. Il devra a priori faire sans Les Républicains (LR), dont deux ténors ont refusé samedi toute participation.

ats

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu devra, a priori, composer son prochain gouvernement sans personnalité issue des Républicains (archives).
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu devra, a priori, composer son prochain gouvernement sans personnalité issue des Républicains (archives). KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ / POOL

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Contre l'avis général, Emmanuel Macron a finalement reconduit tard vendredi soir son fidèle lieutenant à Matignon. Ce dernier a choisi de se rendre pour un premier déplacement samedi matin au commissariat de l'Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne, où il doit prendre la parole devant la presse.

Mais c'est bien la composition de son futur gouvernement qui va occuper le locataire de la rue de Varenne, alors que le président des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, ainsi que le président du Sénat Gérard Larcher, se sont prononcés samedi contre toute participation lors d'une réunion des parlementaires LR.

Le PS «va faire du chantage à la censure et le prochain gouvernement devra renoncer à tout: le sérieux budgétaire, le régalien, la défense du travail», a expliqué Gérard Larcher, tandis que Bruno Retailleau confirmait que lui-même n'irait pas.

Samedi soir cependant une très large majorité des députés LR s'est prononcée pour un «soutien» au Premier ministre, estimant que sa reconduction donnait «une chance de stabilité» au pays. Une formule de soutien sans participation semble donc se dessiner.

A l'issue d'une folle semaine entamée par sa démission et celle de son premier gouvernement, qui n'aura survécu que 14 heures, Sébastien Lecornu va donc tenter un nouvel essai avec «carte blanche» du président pour former une nouvelle équipe gouvernementale et mener «les négociations» avec les partis politiques.

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«Par devoir»

Celui qui a affirmé accepter la mission «par devoir» s'attèle à une tâche éminemment difficile entre les menaces de censure des oppositions et un «socle commun» de la droite et du centre largement mis à mal. Avec d'abord une première question urgente: qui asseoir à la table du Conseil des ministres lundi pour la présentation du projet de budget 2026, dont l'examen au Parlement doit démarrer au plus vite ?

Le temps presse pour pouvoir laisser au Parlement les 70 jours requis par la Constitution pour l'examiner avant le 31 décembre. Il faudrait que le texte soit transmis lundi au Parlement, en principe après un passage en Conseil des ministres.

Sébastien Lecornu a prévenu que le futur gouvernement devrait «incarner le renouvellement et la diversité des compétences», demandant aux prochains ministres de «s'engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027». Ce qui, outre Bruno Retailleau, semble exclure le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

Au sein du camp présidentiel, c'est le désarroi qui a dominé ces derniers jours, à mesure qu'une reconduction de Sébastien Lecornu se profilait. Plusieurs personnalités du parti présidentiel Renaissance se sont prononcées contre et son chef, Gabriel Attal, a invité Emmanuel Macron à «partager le pouvoir».

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Et le parti Horizons de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe envisage pour la première fois depuis sa création un soutien sans participation au gouvernement si celui-ci touche au «coeur» de la réforme des retraites de 2023. Or, le Premier ministre a promis que «tous les dossiers évoqués» pendant ses consultations avec les partis seraient «ouverts au débat parlementaire».

«Un nouveau bras d'honneur»

Le Parti socialiste que l'exécutif voudrait convaincre d'un accord de non-censure dit attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre prévue la semaine prochaine. Mais il a prévenu: sans confirmation «de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons».

Le reste des formations politiques d'opposition de gauche n'ont pas attendu longtemps. Dès l'annonce de la reconduction, La France insoumise, le Parti communiste français et les Écologistes ont promis de censurer. Lecornu 2, «c'est pire qu'une provocation, ça a vraiment un côté de négation totale des votes (...). Finalement, il dit un peu aux Français je vous emmerde, je fais ce que je veux», s'est indigné la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain samedi sur franceinfo.

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«Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir. La France et son peuple sont humiliés», a écrit le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur X, en précisant que la formation de gauche radicale déposerait «une nouvelle motion de destitution du président de la République» et censurerait «immédiatement» le prochain gouvernement.

Même son de cloche à l'autre bout du spectre politique, où le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré que son parti «censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir», en dénonçant «une mauvaise plaisanterie, une honte démocratique et une humiliation pour les Français». Position également adoptée par l'allié du RN, Eric Ciotti.

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