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Connue pour ses montres, la Suisse s’est aussi distinguée dans l’univers du son, entre précision mécanique et tradition musicale populaire. Dans «L’aventure mondiale du son suisse», Joseph Tarradellas retrace ce parcours, des boîtes à musique aux magnétophones Nagra.
ats
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Selon Joseph Tarradellas, l’identité sonore helvétique repose sur deux piliers: la précision héritée de l’horlogerie et une culture musicale collective, faite de fanfares, de chorales et de fêtes régionales comme la Fête des Vignerons à Vevey. Même les trois notes jouées par les cars postaux, inspirées de l’opéra «Guillaume Tell», sont un clin d’½il à cette culture sonore profondément enracinée, a-t-il rappelé à Keystone-ATS.
Parmi les symboles, le magnétophone Nagra occupe une place unique. Inventé par Stefan Kudelski, un Polonais réfugié en Suisse après la Seconde Guerre mondiale, le Nagra révolutionne l’enregistrement portable dès les années 1950. Grâce à lui, journalistes, musiciens et cinéastes peuvent capturer la parole et le son sur le terrain.
Le Nagra a été présent aux événements qui ont marqué l’histoire: de la guerre de Corée au festival de Woodstock, du Montreux Jazz Festival aux studios hollywoodiens, et même lors de l’attaque du Capitole en 2021. Comme le raconte un correspondant de France Info, alerté par le bruit de la foule, il saisit son Nagra pour enregistrer l’événement: un appareil devenu synonyme d’enregistrement professionnel, même à l’ère numérique.
Au cinéma, le Nagra permet la synchronisation parfaite du son et de l’image en extérieur, ouvrant la voie aux documentaires et films musicaux. Kudelski perfectionne ensuite ses appareils, notamment avec le Nagra SN, minuscule et discret, utilisé dans les missions spatiales Apollo et par les services secrets.
À partir des années 1950, d’autres marques suisses comme Studer et Revox imposent également leur précision sur la scène internationale. Les magnétophones Nagra et les consoles Studer sont utilisés par les studios Abbey Road, et certains appareils restent en service pour les amateurs d’enregistrement analogique. Aujourd’hui, une quarantaine de PME helvétiques poursuivent cette tradition de niche, couvrant amplificateurs, platines et systèmes professionnels, même si l’industrie reste fragmentée et peu visible sur le marché intérieur.
Au fil du livre, Joseph Tarradellas dépasse la technique pure pour défendre une philosophie du son: un bon système audio ne se juge ni à son prix ni à sa puissance, mais à sa capacité à restituer un son naturel. Il plaide pour une écoute collective et consciente, loin de l’isolement des casques et des écrans, et aborde l’éducation musicale, l’égalité femmes-hommes dans le secteur et la sensibilisation des jeunes générations à l’art de l’écoute.
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*208 pages, illustrées par 178 images, dont plusieurs inédites, Editions Savoir suisse, 2025.
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