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Aux Etats-Unis, record en vue pour la paralysie budgétaire

Des millions d'Américains privés d'aide alimentaire, des centaines de milliers de fonctionnaires sans salaire et des menaces sur le trafic aérien: la paralysie budgétaire aux Etats-Unis n'est plus qu'à quelques heures mardi d'un record de longévité.

ats

Démocrates et républicains ne parviennent pas à s'entendre au Congrès (archives).
Démocrates et républicains ne parviennent pas à s'entendre au Congrès (archives). KEYSTONE/AP/J. Scott Applewhite

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A minuit dans la nuit de mardi à mercredi, le «shutdown» entrera officiellement dans son 36e jour et dépassera ainsi la précédente marque, établie en 2019 lors du premier mandat du milliardaire républicain.

Depuis le 1er octobre, républicains et démocrates ont été incapables de s'entendre pour adopter un nouveau budget.

«Je vais être honnête avec vous, je pense qu'aucun d'entre nous ne s'attendait à ce que cela traîne autant en longueur», a confessé le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson.

Coïncidence du calendrier, le record du plus long «shutdown» devrait survenir peu après l'annonce des résultats de plusieurs élections clés.

La Virginie et le New Jersey choisissent notamment leurs nouveaux gouverneurs et New York son nouveau maire, tandis que les Californiens doivent eux décider de redessiner ou non leurs cartes électorales pour favoriser les démocrates, en réponse à une campagne similaire menée par la Maison Blanche dans des Etats républicains.

Autant de scrutins dont les résultats devraient servir de baromètre pour les neuf premiers mois du second mandat de Donald Trump, et qui pourraient faire bouger les lignes de la paralysie budgétaire.

«Chaos généralisé»

Car les effets du blocage se font de plus en plus sentir pour les Américains. Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ont été mis au chômage technique, avec un salaire différé, et des centaines de milliers d'autres sont forcés de continuer à travailler, sans paie non plus jusqu'à la fin de la crise.

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Alors que la loi impose depuis 2019 au gouvernement de payer les arriérés de salaire de tous les fonctionnaires dont la paie a été gelée par un «shutdown», la Maison Blanche semble à présent ne vouloir payer que ceux qui ont dû rester en poste, selon des messages consultés par le Washington Post.

Les aides sociales sont également fortement perturbées. Donald Trump a juré mardi que l'aide alimentaire versée à des millions d'Américains serait gelée tant que les «démocrates de la gauche radicale» n'auront pas voté la fin du «shutdown». La justice fédérale a pourtant ordonné à l'administration de maintenir cette aide.

Dans les aéroports, l'enlisement se fait aussi sentir avec des pénuries de contrôleurs aériens entraînant retards et annulations de vols.

Et si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy. «Vous verrez un chaos généralisé», a-t-il déclaré, mettant la pression sur l'opposition pour lever le blocage.

«Option Nucléaire!»

Au Congrès, les positions des deux camps ne bougent pas: les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, et les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus.

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En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates sont nécessaires pour adopter un budget même si les républicains y sont majoritaires.

Mais Donald Trump rejette toute négociation avec l'opposition sur la santé sans «réouverture» de l'Etat fédéral comme préalable.

Le milliardaire a réitéré mardi ses appels à se débarrasser du règlement du Sénat qui permet à 41 sénateurs sur 100 de bloquer un projet de loi avant qu'il ne soit débattu ou voté, une technique d'obstruction parlementaire établie de longue date surnommée «filibuster».

«Les démocrates ont bien plus de chances de gagner les élections de mi-mandat et la prochaine élection présidentielle si nous ne mettons pas fin au 'filibuster' (l'Option Nucléaire!), car il sera impossible pour les républicains de mettre en place des politiques de bon sens avec ces cinglés de démocrates capables de tout bloquer», a asséné le président sur sa plateforme Truth Social.

Il fait face cependant aux fortes réticences des responsables républicains au Sénat, pour qui une abrogation de ces règles créerait un dangereux précédent.

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