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Les ventes de Perrier sous l'appellation «eau minérale naturelle» devront-elles être suspendues le temps que Nestlé Waters obtienne une nouvelle autorisation pour exploiter ses forages? Le tribunal judiciaire de Nanterre rend sa décision mardi.
ats
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«Les juges ont l'occasion de rappeler une évidence: une eau vendue comme eau minérale naturelle doit être... naturelle et originellement pure», selon Marie-Amandine Stévenin, présidente de l'UFC-Que Choisir, qui a saisi le tribunal en référé au printemps.
L'association de consommateurs argue que la microfiltration utilisée par le groupe sur ses eaux fait que celles-ci ne peuvent plus prétendre à l'appellation «eau minérale naturelle», et demande une «interdiction de commercialisation» et «la cessation des tromperies».
Son avocat, Me Alexis Macchetto, était allé jusqu'à dire qu'il existait «un risque réel pour le consommateur».
Nestlé Waters & Premium Beverages, qui produit en France les eaux Perrier, Vittel, Contrex ou encore Hépar, conteste «fermement» les demandes d'UFC-Que Choisir, «notamment les allégations mettant en cause la sécurité alimentaire des produits».
La décision sera rendue sous forme dématérialisée mardi. L'audience avait eu lieu fin septembre.
«Toutes nos eaux» sont consommables «en toute sécurité», assène depuis deux ans le groupe au coeur d'un scandale après qu'il a admis, début 2024 sous le coup de plusieurs enquêtes de presse, avoir utilisé par le passé des traitements interdits (charbon, UV) pour ses eaux.
Ils ont été depuis remplacés par une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a été contestée, l'eau minérale naturelle ne pouvant faire l'objet de désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques, sauf exception pour retirer du fer ou du manganèse considérés comme nocifs.
Le groupe affirme l'avoir fait dans le cadre d'un plan de transformation validé par le gouvernement en 2023. L'action du gouvernement dans cette affaire a été vertement critiquée par une commission d'enquête sénatoriale en début d'année.
Depuis, les autorités sanitaires ont estimé que cette microfiltration à 0,2 micron modifiait le microbisme de l'eau, poussant le groupe, sous injonction préfectorale, à la remplacer par une microfiltration à 0,45 micron.
Si Nestlé Waters affirme que ce degré de microfiltration a été validé par les autorités, il a dû déposer de nouvelles demandes d'autorisation préfectorale pour exploiter ses forages et commercialiser sous l'appellation eau minérale naturelle.
Alors que les préfets n'ont toujours pas rendu leur décision, UFC-Que Choisir affirme que la commercialisation actuelle est «trompeuse».
Nestlé Waters s'en défend, soulignant la mise en place depuis juin, indépendamment de la procédure judiciaire, d'une «vaste» campagne de communication dans les supermarchés et la presse indiquant bien que les eaux Perrier, Contrex et Hépar «sont susceptibles» de ne pas être minérales naturelles selon «l'analyse par l'Etat de leur microfiltration».
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Dans l'immédiat, cette campagne ne semble pas avoir eu d'impact sur les ventes. Sur les bouteilles Perrier classiques, «le nombre de foyers acheteurs est resté stable», indique l'entreprise à l'AFP, précisant qu'elle vend toute sa production. Sur le dernier trimestre, avec une météo propice à la consommation d'eau, les ventes sont «même en croissance».
En revanche, la production des bouteilles bleues de Perrier fines bulles a reculé puisque des forages ont été suspendus depuis le début du scandale, et le groupe reconnaît que les ventes ont mécaniquement baissé.
Une autre campagne de communication a été lancée ces dernières semaines, cette fois par les concurrents français de Nestlé Waters réunis dans la Maison des eaux minérales naturelles.
«L'appellation eau minérale naturelle se mérite», affirme le syndicat qui rassemble Danone (Evian, Badoit, Salvetat, Volvic) avec des plus petits acteurs (Wattwiller, Mont-Roucous, Eau neuve, Bonneval).
Pour eux, la réglementation, dont Nestlé Waters a demandé une clarification, est limpide: «nous partageons une responsabilité commune: protéger la pureté originelle. Sans traitement. Sans compromis».
C'est-à-dire avec une microfiltration à 0,45 micron réservée au retrait du fer ou du manganèse, ce qui n'est pas le cas pour les filtres utilisés par Nestlé Waters dans le cadre des demandes d'autorisation en cours.
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