Il est facile d'apprécier les beautés historiques de Glasgow, entre les bâtisses Art nouveau du fameux architecte Charles Rennie Mackintosh et les pierres tombales finement sculptées, souvenirs des Vikings du IXe siècle. Mais la partie moderne de la plus grande cité d’Ecosse s’épanouit, avec ses dizaines d’immeubles jadis à l’abandon et ressuscités sous forme de galeries, de bars, de boutiques et de restaurants. Ils créent une animation qui s’accorde bien avec l’ambiance trépidante de la vie universitaire locale. Le cadre fait donc partie de l’attrait de cette destination. Située à 4h30 de train de Londres, à une heure d’Edimbourg direction ouest, la ville nichée sur le fleuve Clyde se prête aisément à une escapade de quelques jours.

également interessant
 
 
 
 
 
 

Commencez l’exploration par le centre historique et Merchant City, au nord du fleuve, puis prenez le métro pour le West End en plein essor, Partick et Finnieston. La ligne de métro décrit une boucle elliptique et compte 15 stations. Profitez-en pour visiter les quartiers du Southside, trop souvent négligés.

Vendredi

16h00 Destination Lighthouse
Faites-vous une première idée de l’esthétique moderne de la ville au Lighthouse, conçu par Mackintosh en 1895 pour servir de bureaux au Glasgow Herald et devenu aujourd’hui le Centre de design et d’architecture d’Ecosse. Plusieurs niveaux de galeries proposent leurs expositions et tout un choix de travaux de designers contemporains. Ne manquez pas la vue depuis le sommet de la Mackintosh Tower, que l’on atteint par un escalier en colimaçon partant du 3e étage. Même les guides semblent avoir perdu le compte précis des marches qu’il faut grimper (135?). Mais tout le monde s’accorde à dire que la vue qui s’étend sur 360 degrés vaut l’effort consenti.

18h00 Haggis ou pas haggis?
Il n’est pas obligatoire de manger du haggis, le tristement célèbre plat national écossais, car la cosmopolite Glasgow propose toute une série de traditions culinaires, y compris les pizzas napolitaines de Paesano Pizza, à Merchant City. Abrité dans une ancienne mercerie, le Paesano sert de remarquables pizzas cuites dans des fours à bois venus de Naples, garnies par exemple de saucisson pimenté ou de burrata (entre £5 et £6).

Ensuite, rendez-vous à quelques centaines de mètres de là, au Shilling, une brasserie très récente où vous pourrez déguster quelques excellentes bières maison, mais aussi d’autres marques telles que la blonde de Williams Bros et la Caesar Augustus à la saveur de houblon, dans une vaste bâtisse qui abritait naguère la Commercial Bank of Scotland. Si vous avez toujours faim, goûtez une seconde pizza au feu de bois de chez Shilling, notamment la Great Scot, garnie d’une délicieuse «confiture» aigre-douce piquante et d’un copieux... haggis (9£).

19h30 Le théâtre de la vie
La forme de délassement la plus populaire à Glasgow est sans doute une soirée au pub, quand bien même le théâtre est plutôt couru aussi. Prenez le métro pour traverser le Clyde et assistez à un spectacle du Citizens Theatre, spécialisé dans les drames contemporains du genre pointu, tout cela dans un décor victorien de 1878. Puis offrez-vous un théâtre d’un tout autre genre au Laurieston Bar, un joyeux pub de quartier dont le décor n’a pas changé depuis les années 1960.

Samedi

10h00 Cryptes et pierres tombales

Remontez dans le temps, à l’opposé de la Glasgow ultramoderne, en vous rendant à la cathédrale, un monument gothique sombre inauguré en 1136 dont la crypte renferme les reliques de saint Mungo, le patron de la ville, qui mourut au début du VIIe siècle. Le sanctuaire contient plusieurs objets rares, notamment une porte de chêne qui arbore encore les stigmates des projectiles tirés lors d’un des nombreux conflits armés que la ville a connus. Non loin de là, les tombes et les monuments de l’aristocratie locale du XIXe siècle donnent au cimetière-jardin Glasgow Necropolis une atmosphère exaltante, notamment durant les matinées ensoleillées.

11h00 Laines précieuses
Offrez-vous un souvenir typique sous la forme de pelotes de laine chez The Queen of Purls, qui croule sous les laines bigarrées du fabricant écossais Jamieson’s of Shetland, mais aussi des laines anglaises, islandaises et finnoises, sans parler de laines brutes qui feront la joie de celles et ceux qui possèdent un métier à tisser. A quelques pas de là, The Bargain Wool Shop entasse encore plus d’écheveaux sur une toute petite surface juste en face du Barras Market, une destination incontournable pour les amateurs d’antiquités, de bric-à-brac et de vêtements de seconde main.

13h00 Repas inattendus

La plupart des gens vont au Center for Contemporary Art pour voir des expositions originales, pour ne pas dire excentriques, mais la carte du Saramago Café, qui en fait partie, est souvent tout aussi peu orthodoxe: betterave rouge juteuse et bourguignonne à la Portobello (9,75£); salade de noix pilées passées à la poêle, de concombre, grenade et menthe nappée d’une sauce aromatisée de citron et de harissa (7,50£). Vous constaterez que tout dans ce fatras inventif est strictement végane.

Admirez l’une ou l’autre des expositions qui s’alternent fréquemment, jetez un coup d’œil à l’atelier d’estampes ou prenez simplement du plaisir à admirer cette spacieuse bâtisse de 1868 dessinée par le plus grand architecte néoclassique de Glasgow, Alexander «Greek» Thomson, avant de faire votre choix dans la littérature artistique que propose Aye-Aye Books, au rez-de-chaussée, tout près de la sortie.

14h00 Petits producteurs
Allez à la station de métro Kelvinbridge et marchez vers l’ouest, le long de Great Western Road, pour découvrir quelques-uns des magasins les plus intéressants de la ville. Commencez par les whiskies rares, les vins et les bières artisanales de Valhalla’s Goat, puis déambulez entre les rayons des fringues de seconde main plutôt chics de la Glasgow Vintage Company. Un peu plus loin, chez Caledonia Books, une entreprise familiale, vous trouverez des collectors d’occasion et de rares premières éditions, souvent consacrées à des sujets locaux; et dans l’échoppe branchée Hoos, des objets et accessoires de maison inhabituels fabriqués en Grande-Bretagne ou en Scandinavie.

16h00 Skyline sur la rive
Il n’y a pas que l’architecture classique qui vaut le détour à Glasgow. Plusieurs grands immeubles modernes forment également une splendide skyline, notamment l’auditorium SEC Armadillo et la SSE Hydro Arena en forme de soucoupe volante, tous deux dessinés par Foster & Partners. Encore plus remarquable: le Riverside Museum, œuvre de Zaha Hadid en 2011, avec son toit qui évoque de hautes vagues, situé sur la rive du fleuve Clyde. Il abrite une collection de plus de 3000 automobiles, motocyclettes et tramways historiques (comme pour la plupart des musées de Glasgow, l’entrée est libre).

Un service de bus-navettes fonctionne durant les mois d’été, mais ce n’est pas une affaire de faire le trajet à pied depuis les stations de métro de Partick ou Kelvinhall, d’autant que le profil agité du toit du musée constitue un repère caractéristique, de même que les trois mâts du navire Glenlee, construit à Glasgow, qui est amarré à proximité.

18h30 Saveurs mystérieuses
Il y a tant de bons restaurants en ville que vous ne risquez pas de manger deux fois au même endroit. Pourtant il y en a un qui mérite un bis: le Kimchi Cult!, un bistrot coréen sis dans une petite rue du West End. Il propose les recettes coréennes classiques comme un bol de riz bibimbap (7£) et des petits pains bao à la vapeur de Taïwan (4£), des cheeseburgers au bacon revisités (7£) ainsi que des frites garnies de bœuf barbecue Bulgogi (7£). Tous ces plats sont servis avec des légumes en saumure. Si vous n’avez pas la chance de déguster le poulet rôti incroyablement croustillant (7£), enduit d’un glaçage doux-acidulé au soja et à l’ail ou servi avec une tarte garnie de sauce gochujang piquante, vous aurez désormais une bonne raison d’y retourner. Un repas pour deux tourne autour des 30£, boissons sans alcool comprises.

21h00 Boire un coup à l’église
Passez devant les magasins, bars et restaurants de la très animée Byres Road jusqu’à Great Western Road et votre prochaine destination: l’ancienne Kelvinside Parish Church, construite en 1862, qui vit une renaissance à l’enseigne d’Oran Mor, combinaison entre un pub, un restaurant, une discothèque et une salle de concert. Commencez au Whisky Bar, où le très compétent personnel vous interrogera sur vos préférences et vous versera un gorgeon de l’une des centaines de bouteilles disponibles, dont certaines vraies raretés. Puis vous pourrez vous délasser longuement au Club Room, dans l’ancienne crypte de l’église, où des DJ vous feront danser jusqu’à 3 heures du matin sur des airs house et RnB.

Dimanche

11h00 Balade à Southside
Il y a plein de choses à faire dans le quartier de Southside, surtout dans les parages de la station Pollokshields East de la ligne ferroviaire suburbaine de Cathcart Circle. Prenez votre petit-déj’ chez Buchta, une boulangerie-tea-room tchèque qui propose l’excellent café d’un torréfacteur local, puis arrêtez-vous au remarquable Tramway, un espace artistique d’avant-garde dans un ancien dépôt de trams, initialement créé pour accueillir le spectacle Mahabharata de Peter Brook. A quelques minutes à pied, vous pourrez faire provision de délicieux desserts mithai indiens chez Shandar Sweets & Pan House, où une petite boîte de «mixed sweets» (2,70£) devrait vous rassasier pour le reste de la journée.

13h00 Belles maisons, beaux jardins
Prenez un taxi ou attaquez une promenade de quarante-cinq minutes vers l’ouest, le long d’Albert Drive, puis encore jusqu’à Nithsdale Road, où les imposantes maisons se font de plus en plus luxueuses quand on approche de Bellahouston Park. Vous trouverez là l’étonnante House for an Art Lover, construite en 1996 sur le modèle d’un dessin jamais concrétisé de Mackintosh de 1901, avec un excellent commentaire audio qui vous expliquera tous les détails de la villa (entrée 5,50£).

Au-dehors, vous pourrez terminer vos douceurs gulab jamun et jalebi à l’abri du magnifique Bellahouston Walled Garden, un arrangement de plantes classique équipé de bancs confortables et un beau moment de solitude. Que la vie peut être douce!

Se loger

Dans la gamme d’une nouvelle vague de jolis hôtels bon marché pourvus de chambres plutôt congrues, Point A Hotel (80, Bath Street; double à partir de 49£) offre des lits extrêmement confortables, une petite salle de bains et un splendide petit-déjeuner à quelques encablures seulement des multiples bars et restaurants de City Centre – ce qui rend secondaire l’étroitesse de la chambre à coucher.

ES
Evan Rail @ The New York Times Syndicate