Cessez de penser à Lisbonne uniquement comme à l’une des capitales les moins chères d’Europe. Certes, poissons et fruits de mer restent (relativement) bon marché, de même que le vin. Les vieux trams jaune canari continuent leur tintamarre de ferraille en grimpant les collines et vous ne paierez jamais plus de 1 euro et quelques pour un pastel de nata, la pâtisserie traditionnelle.

Désormais, la capitale du Portugal est plus connue pour ses spécialités culinaires et ses institutions culturelles raffinées, y compris un nouveau musée de niveau mondial sur le front de mer. Le charme «vieille Europe» demeure mais, avec toute une série de nouvelles enseignes et d’inspirations rafraîchissantes venues d’outre-Atlantique, Lisbonne semble parée pour un nouvel âge d’or.

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Vendredi

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Les trams colorés, images si emblématiques de Lisbonne.
© 2018 Harvard Business School Publishing

14h00 Là-haut sur les collines

Pour avoir une vue d’ensemble de la topographie accidentée de Lisbonne, grimpez jusqu’à la colline la plus élevée de la ville, dans le district de Graça. Commencez par le couvent de Graça, dont la chapelle au toit de carreaux et au cloître baroque a rouvert ses portes au public après des travaux de restauration (gratuit). Puis ressortez pour profiter d’un des meilleurs miradouros (belvédères) sur les toits de carreaux de terre cuite. Ensuite, en redescendant, jetez un coup d’œil aux Surrealejos, un minuscule atelier fabriquant des carreaux surréalistes – par exemple une série représentant un panda anthropomorphe – qui constituent un détournement impertinent des azulejos portugais, les carreaux peints traditionnels.

17h00 Portraits de Pessoa

Il n’est pas facile de tout savoir de Fernando Pessoa, l’écrivain protéiforme considéré comme l’un des plus grands poètes portugais. C’est pourtant l’objectif de la Casa Fernando Pessoa, un musée et centre culturel sis dans le quartier résidentiel du Campo de Ourique. Installé dans la dernière demeure de l’écrivain aux lunettes rondes, l’endroit est une mine d’informations sur les œuvres de Pessoa du début du XXe siècle, la plupart publiées après sa mort, y compris des poèmes écrits sous ses trois principaux hétéronymes. A l’aide d’expositions interactives, adoptez le langage du poète: «Je commence à me connaître. Je n’existe pas.» Il y a là également toute une série de portraits de Pessoa réalisés dans des styles divers, y compris des peintures de Júlio Pomar. Entrée: 3 euros. 

20h30 Amuse-bouche

Pour faire un festin de petiscos (les tapas portugaises) de produits de la mer, réservez une table à la Peixaria da Esquina. Inauguré en 2015 par le fameux chef Vítor Sobral, ce restaurant tranquille dans une zone calme du Campo de Ourique sert sa pêche fraîche crue, séchée, fumée, marinée ou grillée: il n’y a qu’à demander! Goûtez un douro branco pour accompagner un carpaccio de poulpe ultrafin avec coriandre, chips de patate douce et une tombée d’huile d’olive (13,50 euros). Puis passez aux plats marinés, du genre saumon citronné au fruit de la passion, gingembre et coriandre (9,60 euros), avant d’essayer la version superlative des amêijoas à Bulhão Pato, un bol fumant de belles palourdes simplement assaisonnées de citron, ail et coriandre (17,50 euros).

23h00 Un dernier verre avec vue

La vie nocturne lisboète s’est fortement développée avec l’ouverture de plusieurs bars sur les toits tout autour de la ville. Niché sur les Terraços do Carmo, le Topo Chiado est un bar en plein air qui sert des cocktails avec vue sur le château et l’ascenseur de fer forgé néogothique de Santa Justa. Pour d’autres expériences rafraîchissantes, allez jusqu’au Rio Maravilha, un nouveau lieu très couru au 4e étage de la friche renaissante de la LX Factory. Cet espace industriel tentaculaire propose de la musique live, deux terrasses en plein air et une sculpture extrêmement photographiée sur le toit. Demandez un porto tónico (du porto blanc et du tonic) et montez sur le toit où vous attend une vue éblouissante sur le Tage et le pont du 25-Avril, un clone du Golden Gate Bridge de San Francisco.

 

Samedi

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Au MAAT, le Musée d’art, d’architecture et de technologie, sont exposés des chefs-d’œuvre contemporains.
© 2018 Harvard Business School Publishing

10h00 Pause sucreries

Parmi les pâtisseries portugaises, la plus traditionnelle est le pastel de nata, une sorte de ramequin rempli d’un mélange crémeux à l’œuf. A la Pastelaria Alcôa, une pâtisserie sans sièges inaugurée l’an dernier dans le quartier très animé du Chiado, il y a des étagères pleines de ces tartelettes dorées, à côté de toute une série d’autres pâtisseries dites monastiques dont les recettes pluricentenaires sont nées dans les couvents. Ajoutez à votre pastel de nata une spécialité moins connue, comme le torresmo do céu, un cousin plus sucré du précédent, farci d’une riche crème d’amandes et d’agrumes.

11h00 La patrie du bouchon

Le Portugal abrite un tiers des forêts de chênes-lièges de la planète et utilise ce matériau naturel et durable pour une quantité d’usages. Pour des souvenirs recourant au liège mais allant bien au-delà du simple bouchon, rendez-vous chez Cork & Co., un magasin sur deux étages bourré d’objets écolos, des plats décoratifs aux refroidisseurs de vin creusés dans ce matériau ultra-léger. Quelques centaines de mètres plus au nord, vous trouverez d’autres produits en liège inédits chez Pelcor, une boutique proposant des sacs de golf tapissés de liège et des parapluies faits de toile de liège naturellement imperméable.

13h00 Ceviche suprême

S’il y a la queue devant A Cevicheria, un restaurant péruvien populaire ouvert en 2014 par le chef Kiko Martins, offrez-vous un pisco sour et patientez – ça vaut la peine. A l’intérieur de ce lumineux restaurant aux carreaux blancs, un énorme poulpe de mousse est suspendu au plafond, au-dessus des quelques tables et des tabourets de bar qui entourent un comptoir en forme de fer à cheval. Sur la carte, vous trouverez des ceviches et des causas, de petits plats à partager, y compris un délicieux poulpe grillé au four à bois avec purée de vitelottes noires. Il ne faut absolument pas manquer le ceviche puro fait de poisson blanc mariné dans du jus de citron et garni d’oignons rouges, de lait de tigre (marinade) et d’une bonne cuillerée de purée et de chips de patate douce. Un repas pour deux, environ 50 euros.

16h00 Les splendeurs de Belém

Au sud-ouest du centre-ville, le superbe front de mer du district de Belém se définit par ses monuments: le monastère des Hiéronymites, de style manuélien, la tour de Belém du XVIe siècle et, depuis 2016, la façade futuriste du MAAT, le Musée d’art, d’architecture et de technologie. Il emprunte à d’autres capitales européennes (la Tate Modern de Londres, la Centrale Montemartini de Rome) en recyclant une ancienne centrale électrique mais en y adjoignant un espace d’exposition moderne qui accueille des chefs-d’œuvre de l’art. Visitez les deux bâtisses pour explorer les installations d’art contemporain, les expos scientifiques interactives et les œuvres en vidéo dispersées au milieu des énormes machines très bien conservées de la centrale. 

21h00 Tous à la Taberna!

Sise dans une ancienne épicerie, la Taberna da Rua das Flores crée l’ambiance traditionnelle d’une vieille taverne lisboète, avec son sol de tomettes, ses chaises de bois et ses tables à plateau de marbre. Ce qui l’en distingue, c’est sa cuisine innovante et très tendance. Le menu du jour, écrit sur un vaste tableau noir et patiemment détaillé par les serveurs peut, par exemple, comprendre des huîtres parfumées de wasabi, un éblouissant tartare de maquereau aux algues et crevette croquante, sans parler d’une appétissante brochette de pommes de terre et pleurotes. Arrosez le tout d’une bouteille de tejo tinto et complétez par un fromage de brebis: cela vous fait un délicieux repas pour deux à 50 euros.

23h00 Une nuit à Principe Real

Après le dîner, filez au Pub Lisboeta dans le très animé district de Principe Real. Ce petit bar confortable, ouvert il y a quelques années, est souvent plein à craquer, y compris à son comptoir aux carreaux couleur émeraude. Il propose toute une série de bières portugaises. Goûtez la Kölsch, de la brasserie Oitava Colina de Lisbonne. Pour quelque chose de plus raide, poursuivez dans la même rue jusqu’au Gin Lovers, un élégant bar niché dans un palais du XIXe siècle transformé en centre commercial. La carte énumère plus de 50 variétés de gins et tonics servies dans des verres ballons de style espagnol. Vous ne savez que choisir? Commandez le gin maison agrémenté d’orange et d’un clou de girofle. 

 

Dimanche

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La Praça do Comércio (place du Commerce) est considérée comme l’une des plus grandes et des plus belles d’Europe.
© 2018 Harvard Business School Publishing

11h00 Injection de caféine

Comme en Italie, au Portugal un café est forcément un expresso. Pour trouver un éventail plus large de boissons caféinées, commencez par la Fábrica Coffee Roasters. Lancé en 2015, ce producteur de spécialités de café gère deux établissements qui proposent aussi bien le café traditionnel que sa version froide, le café-filtre et le mousseux cappuccino. Dans le spacieux établissement du Chiado, prenez place au milieu des plantes vertes, oubliez votre smartphone au fond de la poche (il n’y a pas de wifi) et savourez le café de votre choix. 

13h00 Chez les Cariocas

En un étonnant mouvement de colonisation inversée, le Brésil s’est emparé d’un magnifique palais à Principe Real. Inaugurée en avril 2017, la Casa Pau-Brasil est un concept-shop et un espace d’exposition pour les plus grands designers et griffes de mode brésiliens, l’aménagement intérieur, la papeterie, des savons et on en oublie. Grimpez l’élégant escalier ceint d’une escadrille de perroquets-peluches jaunes et explorez le labyrinthe de pièces qui, récemment, exposait les très chics maillots de bain de Lenny Niemeyer, les panamas au ruban orange de Frescobol Carioca, les barres de chocolat de Rio’s Q et de confortables fauteuils de bois dessinés par Sérgio Rodrigues.

15h30 Arrêt au kiosque

En 2009, la tradition locale des quiosques de refresco (kiosques à rafraîchissements), naguère abandonnée, connaît de nouveau un grand succès. Avec leur belle architecture Art nouveau et leurs emplacements stratégiques sur les places et dans les parcs aux quatre coins de la ville, ces kiosques populaires attirent naturellement du monde de l’aube au crépuscule. Mêlez-vous à la foule autochtone pour siroter un ginja, la liqueur de griotte locale, à l’une des tables de couleur violette autour du kiosque récemment restauré de Praça das Flores, un petit parc feuillu avec sa fontaine centrale qui sert d’abreuvoir aux chats du voisinage. Si le temps est maussade, mettez-vous à l’abri à la Cerveteca Lisboa, un paisible bar à bières de l’autre côté de la rue qui propose de rares variétés de bières portugaises, telles que la Dois Corvos et la Passarola Brewing.

 

S’y rendre:

De nombreuses compagnies aériennes desservent les lignes Genève-Lisbonne, mais la plupart avec une escale. Les vols sont directs avec Swiss, TAP Portugal et EasyJet. Compter environ 2 heures 30.
 

S’y loger

  • Dans un immeuble historique qui abritait naguère le consulat du Brésil, Le Consulat est un élégant hôtel pourvu de huit suites décorées d’œuvres d’art sélectionnées dans les meilleures galeries d’art de Lisbonne. (leconsulat.pt; à partir d’environ 200 euros).
  • Le Corpo Santo Lisbon Historical Hotel est un établissement haut de gamme, également inauguré l’an dernier du côté du très animé quartier Cais do Sodré. Il y a un restaurant et 77 chambres luxueuses (corposantohotel.com; à partir d’environ 180 euros).
     

 

PT
Par Ingrid Williams© 2018 The New York Times