On en voit encore relativement peu dans les villes romandes. Pourtant, à l’échelle nationale, leurs ventes connaissent une forte croissance. Les scooters électriques s’imposent en effet sur le marché, comme le montrent les chiffres de progression: entre janvier et juin 2018, les ventes de ces nouveaux deux-roues ont augmenté de 112% par rapport à l’année dernière, d’après l’association Motosuisse. Un indicateur particulièrement encourageant qui incite détaillants et fabricants à se pencher sur ce marché.

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L’électrique enfin économique

Conscient des défis et problématiques écologiques, le grand public cherche aujourd’hui à se déplacer de manière réfléchie. Dans ce sens, les arguments écologiques représentent des atouts de taille. Les scooters électriques se révèlent cohérents et performants en matière de développement durable. Et avec 50 à 80 km d’autonomie – équivalents aux 50 cc thermiques –, les utilisateurs peuvent être rassurés. Cela équivaut en effet à plus de deux fois la distance moyenne parcourue par un usager de deux-roues pour ses déplacements quotidiens.

Le scooter électrique constitue également une bonne option d’un point de vue économique. Légèrement plus cher à l’achat que son équivalent thermique, il nécessite peu d’entretien puisque son utilisation engendre une faible usure des pièces moteur par rapport aux modèles à essence. Et surtout, moins d’un franc suffit pour recharger complètement son scooter en électricité.

Alors que la Suisse romande commence à intéresser sérieusement les détaillants, une usine jurassienne s’est déjà spécialisée dans la fabrication de scooters électriques à trois roues. Avec une quinzaine de collaborateurs, la société vRbikes, filiale du groupe industriel VonRoll Infratec, produit en effet des triporteurs motorisés destinés aux entreprises actives dans la livraison. Entièrement développés et produits en Suisse, ces véhicules circulent déjà dans tout le pays ainsi qu’à l’étranger.

Potentiel romand à exploiter

«Entre 2011 et 2016, notre première stratégie visait à développer des scooters électriques pour les particuliers, précise Christophe Crelier, conseiller à la clientèle au sein de l’entreprise. Mais en produisant nos véhicules en Suisse, il était particulièrement difficile de lutter contre la concurrence étrangère, notamment asiatique. Nous arrivions en outre un peu trop tôt sur un marché encore à ses débuts, surtout pour une clientèle de particuliers.»

Avec des modèles commercialisés aux alentours de 6000 francs, vRbikes ne pouvait en effet que difficilement lutter contre les scooters asiatiques, accessibles dès 2500 francs, que l’on trouvait déjà au sein des enseignes helvétiques. L’entreprise a donc décidé de pivoter pour se concentrer sur une clientèle professionnelle. Un choix judicieux puisque, aujourd’hui, la PME fournit de nombreux clients suisses et étrangers. «Depuis deux ans, nous sommes passés sur des modèles triporteurs, plus adaptés au transport de marchandises et à la livraison. Cela nous a permis de nous adresser aux entreprises actives dans ces domaines et nous comptons actuellement une cinquantaine de véhicules en service avec nos différents clients.»

Une clientèle diversifiée qui compte notamment la société suisse alémanique Yoojis, active dans la livraison de sushis à domicile, mais aussi le fournisseur Matériaux Sabag, qui utilise ces véhicules pour sa poste interne sur son site de Delémont. Une trentaine de communes romandes et alémaniques se sont également adressées à vRbikes pour équiper leur service de voirie. Toujours fabriqués dans le village jurassien de Choindez, les trois-roues électriques sont même exportés en Autriche et au Luxembourg où ils sont utilisés par les services postaux. Figurant parmi les trois finalistes d’un récent appel d’offres émis par La Poste française, vRbikes pourrait bien poursuivre sa croissance internationale.

Avec un marché qui reste encore à conquérir, la Suisse romande attire les grands noms du deux-roues électrique. Le détaillant alémanique E-Move Motors, déjà établi à Zurich, à Berne et à Bâle, comptera une enseigne supplémentaire à Genève dès février 2019. Une croissance impressionnante qui témoigne du fort attrait engendré par ce type de véhicules. «Les scooters électriques constituent une solution idéale aux problèmes de la mobilité actuelle, confirme Reno Rüdeberg, responsable de l’antenne bernoise de l’entreprise. En nous focalisant uniquement sur les modèles motorisés nécessitant des plaques, le port du casque ainsi qu’un permis de circulation, nos ventes ont progressé de 150% en moins d’un an. Pour nous, la Suisse romande représente un gros potentiel de croissance. Et la ville de Genève, avec des embouteillages quotidiens ainsi qu’un nombre important de deux-roues, se révèle particulièrement stratégique.»

Pizzas et sushis

Outre les véhicules nécessitant des plaques ainsi qu’un permis de circulation pour rouler, E-Move Motors s’est également spécialisé dans les modèles motorisés plus légers. Permettant d’emprunter les pistes cyclables et pouvant être utilisés sans casque, ils séduisent toujours plus d’utilisateurs. L’entreprise propose aussi des modèles trois-roues, notamment utilisés par les personnes âgées ou à mobilité réduite. D’ici à la fin de l’année, on notera encore que le constructeur italien Piaggio, connu pour sa célèbre et indémodable Vespa, compte également étendre ses ventes de scooters électriques en Suisse.

En Suisse, une autre enseigne active dans la livraison de repas à domicile – Domino’s Pizza – a aussi remplacé progressivement sa flotte de véhicules en optant pour des scooters électriques. «Nous sommes passés sur des modèles électriques en 2013, précise Christophe Kienberger, responsable du marketing. Au total, entre nos différents points de vente, nous disposons aujourd’hui de 180 scooters électriques. A plusieurs milliers de francs le véhicule, cela représente un gros investissement. Dans un premier temps, ce choix était motivé par des raisons de nuisances sonores. Car pour favoriser notre implantation au sein des zones urbaines qui nous intéressent, il est important de ne pas déranger le voisinage et d’être perçu positivement. L’argument écologique a également favorisé cette transition.»

Avec son fournisseur, établi en Suisse alémanique, Domino’s Pizza a développé un réseau local pour la maintenance de ses scooters. Ainsi, l’entreprise bénéficie d’un service de dépannage à proximité de ses différents points de vente romands et alémaniques. L’enseigne a également dû mettre en place des bornes pour recharger ses batteries au sein de ses locaux. Depuis peu, la dernière antenne genevoise de Domino’s Pizza, située aux Pâquis, utilise même des vélos électriques pour effectuer ses livraisons en circulant plus facilement.


Les trois deux-roues électriques les plus cotés

Vespa Elettrica

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Coût: environ 5000 francs
© DR

Indémodable et revenue sur le devant de la scène ces dernières années, la Vespa du célèbre fabricant italien Piaggio se décline désormais en version électrique. Et la nouvelle technologie du groupe allie intelligemment innovation et tradition. Le deux-roues conserve en effet son design emblématique, tout en faisant preuve de belles performances en matière d’autonomie: 200 km pour la version X. Avec une puissance continue de 2 kW et une puissance de pointe de 4 kW, la Vespa électrique offre même de meilleures performances que le scooter 50 cc traditionnel en termes d’accélération. Le temps requis pour une recharge complète est de quatre heures. La production de ce modèle vient de démarrer et sa commercialisation en Suisse est prévue pour la fin de l’année. 

Vespino

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Coût: environ 3000 francs
© DR

Souvent associé par erreur au groupe italien Piaggio, Vespino est en fait helvétique. Figurant parmi les cyclomoteurs légers, les différents modèles de la marque sont partiellement assemblés par l’antenne suisse de l’entreprise sociale LenneWerk, qui reçoit les pièces prémontées d’Asie. Majoritairement présente en Suisse alémanique, la marque Vespino bénéficiera prochainement d’un nouveau point de vente en Suisse romande. Permettant de rouler sans casque ni plaque ou permis de circulation, les modèles légers peuvent aussi être conduits sur les pistes cyclables. 

Super SOCO

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Coût: dès 4000 francs
© DR

Pour ceux qui veulent aller plus loin que le scooter, les différents modèles de la marque Super SOCO offrent une puissance pouvant monter jusqu’à 3000 watts. Ces motos électriques bénéficient en outre d’une autonomie maximale de 160 km et, selon la configuration moteur choisie, peuvent aller jusqu’à 70 km/h. Les différents modèles de la marque figurent d’ailleurs parmi les plus vendus dans le monde. 


Quelques déclinaisons électriques

  • La trottinette La trottinette électrique constitue désormais un des moyens de transport citadin léger privilégiés des pendulaires. Pliable et facile à transporter, elle permet de parcourir de petits trajets rapidement, par exemple pour se rendre au bureau depuis son arrêt de train. En Suisse, l’entreprise familiale Micro Mobility Systems, établie dans le canton de Zurich, en commercialise de nombreux modèles depuis plusieurs années. Permettant d’atteindre une vitesse comprise entre 20 et 25 km/h (la limitation en Suisse pour ce type de véhicules est fixée à 20 km/h), elle bénéficie d’une autonomie de 10 à 15 km. La plupart des modèles disponibles coûtent entre 900 et 1000 francs.
  • Le Segway Très répandu dans le secteur touristique, le Segway constitue un moyen idéal pour partir à la découverte d’une ville sans se fatiguer. Debout entre deux roues disposées parallèlement, on se tient à un guidon qui sert également à se diriger. Une autonomie pouvant dépasser les 35 km permet aux utilisateurs de parcourir de grandes distances et certains modèles tout-terrain sont également conçus pour évoluer hors des villes. En Suisse, on peut notamment en acheter via le revendeur Motion Tools, basé dans la commune bernoise d’Unterseen. Les prix peuvent varier en fonction des marques et sont compris dans une large fourchette
    allant de 1500 à 3000 francs.
  • Le monocycle Aussi appelé «gyropode monoroue» ou «monoroue électrique», cet objet permet de parcourir des distances en restant debout, les pieds calés des deux côtés d’une simple roue. Son autonomie dépend des marques mais est généralement de 15 km. Le dispositif permet d’atteindre une vitesse de 15 à 20 km/h selon la pente du terrain. En Suisse romande, on trouve notamment le revendeur Tec&Way, basé à Genève, qui en propose plusieurs modèles. Les premiers prix se situent aux alentours de 1000 francs.
TP
Thomas Pfefferlé