Il a fui la Syrie pour gagner la Suisse en 2013, avec comme seul bagage des études d’informatique. A 30 ans, Ali Alshweiki est un réfugié qui redouble d’efforts pour réussir son intégration professionnelle. Depuis son arrivée en Suisse, le jeune homme a appris le français, effectué un programme d’occupation en tant que développeur web et obtenu un master à la HES-SO de Lausanne. En vain, puisqu’il n’est toujours pas parvenu à décrocher un seul entretien d’embauche. Du côté de Köniz, dans le canton de Berne, Jamila Amini enseignait l’informatique en Afghanistan avant de trouver refuge en Suisse il y a dix-huit mois. Depuis le mois d’avril, cette mère de famille de 26 ans effectue un stage de neuf mois chez Swisscom, dans le développement de logiciels. Ali espère suivre le même parcours.

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Appel aux PME romandes

Jamila et Ali sont issus de deux volées différentes au sein d’une «université» inédite. Son nom? Powercoders. Lancée en 2017 par des développeurs et des start-up du canton de Berne, cette école forme les réfugiés au code informatique pour les intégrer ensuite dans l’industrie IT suisse. «A l’issue de la formation, les étudiants effectuent un stage de neuf à douze mois dans une entreprise, explique Christian Hirsig, entrepreneur bernois et cofondateur de Powercoders. L’enjeu est de leur fournir les compétences pour se faire engager ensuite à durée indéterminée.»

Soutenue par le Secrétariat d’Etat aux migrations, cette académie a déjà mis sur pied deux programmes à succès à Berne et à Zurich. Le 23 avril, elle a inauguré un troisième round de formation à Lausanne.

25 000 professionnels recherchés dans la branche IT

Le cursus intensif dispensé par Powercoders se déroule sur treize semaines, du lundi au vendredi, de 8 h à 17 h. Les étudiants sont préalablement sélectionnés sur candidature afin d’obtenir les bons profils pour la formation. Ils ont ensuite trois mois de cours pour s’immerger dans les méandres du code informatique et les langages CSS, HTML et JavaScript.

En d’autres termes, ils apprennent les rudiments du cahier des charges d’un développeur Front-End. Tout au long de la formation, ils sont coachés par des mentors et des entreprises suisses. A l’issue des trois mois, les étudiants sont recrutés pour effectuer des stages de neuf à douze mois dans les départements de développement IT des entreprises suisses. Lors des deux dernières formations à Berne et à Zurich, plus de 30 réfugiés ont suivi cette académie du code. Quelques mois seulement après la fin des cours de la formation à Berne, 60% d’entre eux – dont Jamila Amini – occupent un poste à plein temps dans une entreprise ou sont en train de réaliser un apprentissage, tandis que les étudiants de la session de Zurich sont actuellement encore en stage.

Une fois formés, il faut aussi préparer les réfugiés au monde du travail en Suisse.

Christian Hirsig, confondateur de Powercoders

Parmi ces entreprises, Migros, Swisscom, mais aussi l’agence web suisse Liip et l’assureur Swiss Life. «C’est une chose de former les réfugiés au code informatique, mais il faut également les préparer au monde du travail tel qu’il existe en Suisse, souligne Christian Hirsig. Quand on vient de Syrie ou d’Afghanistan, il n’est pas simple de s’intégrer dans la culture d’une start-up. Nous préparons donc aussi les étudiants à gommer ce fossé culturel pour maximiser leurs chances de décrocher un emploi.»

A Lausanne, ce sont 18 réfugiés qui ont démarré la formation intensive le 23 avril. Mais l’école cherche encore à mobiliser davantage de PME romandes pour encadrer, si elles le souhaitent, les étudiants, voire les engager en tant que stagiaires. «Il n’y a aucune obligation, insiste Christian Hirsig. Plusieurs entreprises se montrent intéressées et suivent l’évolution des étudiants avant de se prononcer sur un éventuel engagement.»

Pourtant, la Suisse subit une pénurie dans le secteur de l’IT. Selon l’étude 2016 de l’association professionnelle suisse ICT, il manquera 25 000 professionnels du secteur. Celui-ci enregistre en effet une progression deux fois supérieure à celle de l’économie globale. La solution pour les PME se trouve

Mehdi-Atmani
Mehdi Atmani