Il existe de nombreux penseurs et intellectuels qui mettent leur savoir et leur expérience à la disposition des autres, une sorte d’école de la pensée sans cesse perpétuée, oralement et par écrit. C’est certainement le cas de l’historien valaisan Grégoire Sommer, dont le parcours s’avère aussi passionnant qu’atypique. Fort de ses nombreuses années passées à étudier la rhétorique byzantine dans le Proche et le Moyen-Orient – une pratique ancienne qui consiste à persuader autrui par les mots et la fabrique du discours –, cet érudit enseigne aujourd’hui l’art du pouvoir des mots, fort utile lorsque l’on souhaite susciter l’adhésion des autres et faire émerger une idée dans un débat.

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Un enseignement unique

Un véritable savoir-faire historique, et comportemental, qui peut aussi aider les managers en manque de persuasion lorsqu’ils doivent motiver et amener leurs équipes à faire corps avec leurs stratégies. Le 24 juin prochain, Grégoire Sommer proposera un séminaire visant à apprendre à diriger avec l’aide des outils de la rhétorique dans le cadre des formations proposées par l’Association suisse des cadres (ASC). Un enseignement qui promet d’être unique tant dans sa richesse intellectuelle que par sa rareté, en alliant les vertus et les atouts de la langue aux besoins quotidiens des dirigeants.

«Avoir raison n’a jamais persuadé quiconque. Réfuter une controverse est rarement suffisant pour venir à bout des objections et faire exister une idée, votre idée, dans la réalité. Pour entraîner l’adhésion, il faut faire un pas de plus. Il faut persuader, et pour persuader, il faut savoir faire «quelque chose» avec les mots», explique Grégoire Sommer. L’historien de formation et spécialiste de la rhétorique est au bénéfice d’une solide formation théorique en la matière (master et doctorat). A l’âge de 17 ans, il passe une année dans un monastère impérial orthodoxe à Chypre, un séjour qui s’avérera décisif dans son orientation philosophique.

«La formation en rhétorique byzantine que j’ai alors reçue s’est montrée passionnante en tous points. Je venais du Valais et le contact avec ce nouveau monde a été véritablement fascinant. Depuis trente ans, je poursuis des recherches dans ce domaine en étudiant des documents en Grèce, en Irak ou en Syrie notamment.» Et lors de ses passages en Suisse, l’historien distille ses conseils dans des cours dans les universités – il a notamment enseigné treize ans dans le cadre du Diploma of Advanced Studies et du MBA en entrepreneurship à la Geneva School of Economics and Management de l’Université de Genève.

L’homme peut également faire office de «conseiller diplomatique» lors de conflits au Proche-Orient ou auprès d’entrepreneurs. «Lorsque je pénètre dans le monde de l’entreprise, je sors de ma zone de confort, c’est très intéressant comme exercice de découvrir de nouvelles mentalités et pratiques», poursuit le chercheur.

Méthode coup de poing

Dans le cadre du séminaire proposé par l’ASC, qui se déroulera sur une journée, les participants réfléchiront donc au pouvoir des mots, à ce qu’ils peuvent amener lorsqu’il s’agit d’intervenir «en milieu hostile». Les managers apprendront aussi à se donner les moyens d’utiliser la force de frappe d’une objection pour intervenir sur la façon de penser de leur interlocuteur. «L’étude de la rhétorique, et plus particulièrement de la rhétorique byzantine, a abouti à l’élaboration d’une méthode coup de poing. Celle de la greffe d’opinion en milieu hostile», résume Grégoire Sommer.

L’objectif vise à développer sa capacité à persuader, à conférer à l’ensemble du dispositif rhétorique une force persuasive suffisante pour amener un interlocuteur dans un territoire nouveau, paradoxal. «Un monde auquel il n’avait pas pensé et par lequel il finira par se laisser séduire», conclut l’expert enseignant.

Manager avec les outils de la rhétorique. Jeudi 24 juin, 8h30-17h30, Delémont. 290 francs pour les membres ASC, 390 francs pour les non-membres. Plus d'infos

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Edouard Bolleter