Ils ont dédié leur carrière professionnelle à briguer la fonction suprême dans l’entreprise. Certains se retrouvent aussi parachutés à la tête de leur entreprise avec la conviction que si les autres arrivent, eux aussi y parviendront. Mais une fois en poste, c’est la désillusion. Certains CEO finissent par réaliser qu’ils ne sont pas fait pour la fonction ou ne sont pas épanouis dans ce cahier des charges. Après une riche carrière en tant que spécialiste en financement, Yannis Eggert s’associe en 2018 avec Florian Bienefelt. Celui-ci est ingénieur microtechnique, diplômé EPFL et Stanford. Le binôme fonde e-Potek aujourd’hui rebaptisée Resolve. Une entreprise installée à Genève et Lausanne et qui fournit toutes les offres de prêts hypothécaires en quelques clics.

Voilà pour les débuts et l’ambition. Entre les deux associés, se pose très vite la question de la direction. Ce sera Yannis Eggert: «Étant le cofondateur, la logique était que l’un de nous prenne la tête de l’entreprise. De part ma carrière dans la banque, j’avais la crédibilité pour ce poste.» Il y a certes la crédibilité. Faut-il encore en avoir les capacités: «Cette expérience entrepreneuriale était complètement nouvelle. Je me suis dis que si d’autres y arrivent, moi aussi. J’avais l’idée que l’on pouvait gérer plein de postes. Mais j’avoue aujourd’hui que je n’avais pas une vision très claire du cahier des charges du CEO.»

Yannis Eggert finira par déchanter. Ses rêves d’entrepreneurs se muent en crise de vie. Les cent premiers jours se passent à merveille. Il va falloir attendre près d’un an et demi après la fondation de Resolve pour que Florian Bienefelt frappe à la porte de Yannis Eggert: «De part sa carrière dans la Silicon Valley, Florian a une vision très start-up du management. Il m’a dit très rapidement qu’il fallait que j’engage une personne plus compétente que moi. Il m’a poussé à recruter un directeur de produits et m’a démontré qu’on avait besoin de cette personne.» 

Yannis Eggert le prend d’abord personnellement, puis accepte ses limites dans la gestion du cash-flow et des RH par exemple: «Je passais beaucoup plus de temps à essayer de comprendre qu’à produire.» Florian Bienefelt lui fait prendre conscience de ses limites et de ses forces. La décision est prise entre les deux: Yannis Eggert ne sera plus le CEO, mais le directeur commercial de Resolve. Un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. Avec succès.

La série de podcasts «L’écho des CEO» vous est présentée par le Service juridique du Centre Patronal.

Mehdi-Atmani
Mehdi Atmani