Dominique Fleury, à partir de quel âge est-on considéré comme senior en entreprise?
En Suisse, un employé est généralement considéré comme senior à partir de 50 ans. Cette définition peut sembler précoce mais elle reflète une réalité du marché du travail où les enjeux de maintien en emploi apparaissent dès cet âge.
Quels sont les principaux avantages à employer des seniors?
Les avantages sont nombreux. Les seniors apportent une vaste expérience, une expertise métier approfondie et un réseau professionnel souvent précieux. Ils jouent un rôle clé dans la transmission du savoir-faire aux jeunes générations. Leur fidélité à l’entreprise est également un atout: 75 % des 50-64 ans restent plus de 10 ans chez le même employeur (selon TPE Mag), ce qui témoigne d’un fort engagement.
«À 65 ans, je n’avais pas envie de prendre ma retraite tout de suite. J’aimais mon métier, mes collègues, et je sentais que j’avais encore beaucoup à transmettre. Mon entreprise m’a proposé de rester deux jours par semaine, en tant que mentor. Je forme les jeunes, j’apporte mon regard sur les projets, et je me sens toujours utile. Ce modèle à temps partiel est parfait : je reste actif, tout en profitant un peu plus de ma vie personnelle.»
Jean-Philippe, 67 ans, encore actif
Et quels sont les défis ou inconvénients fréquemment évoqués?
Les employeurs redoutent parfois un taux d’absentéisme plus élevé (en moyenne 9,3 jours d’absence annuelle pour les 55-64 ans selon l’OFS), des coûts salariaux plus importants ou une supposée réticence face aux nouvelles technologies. Toutefois, ces craintes sont souvent exagérées. Les seniors sont généralement ouverts à la formation et à l’apprentissage, et leur coût salarial, bien qu’un peu supérieur, reste maîtrisé.
Quels sont les freins à leur embauche?
Les préjugés restent un obstacle majeur: certaines entreprises considèrent encore les seniors comme moins flexibles ou moins adaptables. Pourtant, la flexibilité n’est pas une question d’âge mais d’état d’esprit. Il est également vrai que des secteurs physiques, comme la construction, offrent moins de débouchés après un certain âge en raison de la pénibilité du travail.
Comment les entreprises peuvent-elles favoriser l’engagement des seniors?
Plusieurs leviers existent. La formation continue est essentielle pour maintenir l’employabilité. Les programmes de mentorat permettent de valoriser leur expertise tout en intégrant les jeunes générations. Il est aussi utile d’aménager les postes de travail ou d’offrir des possibilités de temps partiel. La communication ouverte avec les seniors sur leurs attentes et perspectives professionnelles est essentielle pour renforcer leur sentiment d’intégration.
«Après 40 ans de carrière, je voulais continuer à transmettre mes compétences. Grâce à un programme de mentorat mis en place par mon entreprise, je forme aujourd’hui les jeunes recrues. Cela me permet de rester actif, de me sentir utile, et d’avoir un vrai rôle à jouer malgré l’approche de la retraite.»
Stéphane, 62 ans, formateur en entreprise
Existe-t-il des exemples de bonnes pratiques en Suisse?
Il y a 10-15 ans, le canton de Fribourg avait mis sur pied, dans le cadre de l’assurance chômage, une mesure pour soutenir l’engagement des personnes de plus de 55 ans qui étaient sans emploi. Cette mesure consistait en la prise en charge d’une partie du 2e pilier durant une période établie. Cela démontre que le sujet des seniors en entreprise n’est pas d’aujourd’hui !
En quoi la santé au travail est-elle un facteur clé pour les seniors?
C’est un élément central. La prévention des risques professionnels, l’ergonomie des postes de travail, et le suivi médical permettent de limiter les absences et d’assurer un bien-être durable. Une entreprise qui valorise la santé de ses seniors montre aussi qu’elle se soucie de la qualité de vie au travail pour tous!
Pour conclure, pourquoi l’intégration des seniors est-elle cruciale aujourd’hui?
Avec la pénurie de main-d’œuvre qui s’intensifie – on estime que la Suisse pourrait manquer d’un demi-million de travailleurs d’ici 2030 – chaque compétence compte. Les seniors représentent un réservoir de talents sous-exploité. En les intégrant pleinement, les entreprises gagnent en stabilité, en savoir-faire et en richesse humaine.
Fort d’une expérience de 10 ans dans la vente, en tant que conseiller en agence de placement puis conseiller ORP, Dominique Fleury a aussi obtenu un brevet fédéral de spécialiste en ressources humaines et un certificat FSEA formateur d’adultes. Depuis juin 2017, il travaille en tant que spécialiste en Gestion de la Santé au Travail au Groupe Mutuel.
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