«Je ne suis pas une développeuse. J’ai utilisé un metaverse pour les particuliers avec un appartement qui était déjà tout construit. Il y a un espace de réunion, une cuisine, une salle de bains, un bureau avec plusieurs écrans, un lit et d’autres pièces si on le souhaite pour faire des conférences plus grandes. Je l’ai décoré ensuite avec mes NFT», explique simplement la Montreusienne, qui a utilisé pour ce faire la plateforme Oncyber.io.
Des tableaux virtuels d’artistes connus côtoient des dessins de Margaux Klein elle-même ou encore son avatar encadré au mur. Derrière la fenêtre? Aucun paysage pour le moment. Mais celui-ci aussi peut être acheté, créé ou modifié à souhait. Vous pouvez vous réveiller au bord de la plage et vous coucher au milieu des gratte-ciels de Manhattan.
Margaux Klein a mis en ligne son appartement en début d’année et, un mois et demi plus tard, 583 personnes l’avaient visité. Il est aussi possible de privatiser l’accès à ses clients ou à des invités triés sur le volet.
Comment choisir son metaverse?
• Margaux Klein: «Tout dépend si on maîtrise le codage et si on dispose d’une équipe d’animation. Il y a les versions avec des modèles «template» préétablis et des metaverses sur mesure où tout est à développer. L’avantage d’Oncyber.io, c’est qu’il est facile d’accès et propose tout de même des options technologiques avec un masque de réalité augmentée. Je pourrai donc dans le futur faire des conférences ou animer des ateliers dans le metaverse.»
Combien Margaux Klein a-t-elle payé pour cet appartement? Rien. Elle l’a reçu, car elle possède des NFT achetés ces dernières années. «Mais on peut acheter un appartement de ce type pour 3000 dollars sur cette plateforme, précise-t-elle. Dans les metaverses Sandbox ou Decentraland, c’est beaucoup plus cher et il faut une équipe de développeurs et d’animations.»
Samsung, Gucci, Dior, Carrefour, Casino, Snoop Dogg et bien d’autres marques ou stars ont acheté du terrain ou «land» dans le metaverse. Samsung a même fait son dernier lancement de produit dans Decentraland et Justin Bieber un concert dans Wave.xr, une plateforme de réalité virtuelle dédiée aux artistes. CryptoVoxels et Somnium Space complètent la liste des metaverses les plus populaires.
Quel intérêt pour les entreprises?
• Margaux Klein: «Si des marques comme Carrefour, qui sont plutôt destinées aux 50 ans et plus, investissent dans Sandbox, c’est un indice pour moi. Tout comme Ferrari ou d’autres sociétés dans l’immobilier. C’est un signal fort qu’il y a une place à prendre et les premiers dedans seront les premiers servis.»
Plus de 100 millions de dollars ont été dépensés dans l’immobilier virtuel en une semaine en décembre 2021. L’île de la Barbade a déjà annoncé son intention d’établir une ambassade dans le metaverse. Pour faire grimper les enchères, Decentraland a limité les parcelles à acheter à 90 000. De quoi faire la joie des spéculateurs. Pour 2022, Bloomberg évalue le marché mondial du metaverse à déjà plus de 685 milliards de dollars. Et selon Gartner, expert du conseil et de la recherche dans le domaine des techniques avancées, 25% des consommateurs passeront au moins une heure par jour dans le metaverse en 2026.
Il n’y a cependant pas d’urgence. Même les plus geeks évoquent une latence de cinq à dix ans avant que ce modèle ne soit accepté du grand public. «C’était la même chose pour la cryptomonnaie et aujourd’hui les gouvernements s’y mettent, observe-t-elle. La technologie va évoluer aussi. Certains metaverses vont disparaître, d’autres prendre le dessus. C’est comme pour les premiers sites web. A l’époque, on se montrait nos sites, tout content d’y avoir mis une animation. Mon metaverse d’aujourd’hui sera complètement dépassé dans cinq ans.»