Les dictons contiennent souvent une part de vérité. Lors de situations désagréables, on dit par exemple qu’il faut du temps pour «digérer». Les interactions entre santé mentale et alimentation sont nombreuses. Et pas uniquement dans le langage populaire. Toutefois, la science n'a commencé à s'intéresser que récemment aux liens entre la diététique et l'esprit.

«Au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus clair, grâce à une recherche accrue et à des observations cliniques, qu'en plus des variables d'influence connues telles que l'exercice physique et les contacts sociaux, le type et la nature de l'alimentation ont également une influence importante sur notre bien-être psychique», explique Sarie Ann Haisch, médecin spécialiste en psychiatrie et psychothérapie.

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Des hormones du bonheur en provenance de l'intestin

L'intestin, souvent qualifié de «deuxième cerveau», joue un rôle clé dans ce processus. Grâce à ce que l'on appelle «l'axe intestin-cerveau», dans lequel se trouvent environ 100 millions de cellules nerveuses (plus que dans la moelle épinière!), les deux organes sont directement connectés au niveau neuronal et échangent des informations.

Si nous nous nourrissons sainement, les microbes de l'intestin produisent des neurotransmetteurs qui contrôlent notre humeur et nos sentiments. La sérotonine en fait notamment partie. «La sérotonine est très importante pour notre humeur et notre motivation, ajoute Sarie Ann Haisch. On l'appelle aussi l'hormone du bonheur.»

Lorsque les gens sont stressés, il peut arriver qu'ils modifient le type et la composition de leur alimentation. La préférence est alors donnée aux «aliments de bien-être» rapidement disponibles comme la pizza, les hamburgers, les glaces ou le chocolat, c'est-à-dire des aliments très gras et sucrés.

«Une consommation accrue de sucre peut toutefois, à long terme, favoriser à nouveau des processus négatifs, avertit l'experte. Cela peut entraîner, outre des conséquences physiques, des changements psychiques, comme la tendance à la dépressivité, qui est aujourd'hui mise en relation avec des processus inflammatoires chroniques dans le corps.»

Favoriser la sérotonine, inhiber les inflammations

Pour favoriser la résilience et donc l'humeur, il s'agit de s'alimenter consciemment. Pour cela, il est utile de savoir quels ingrédients sont bénéfiques et lesquels ne le sont pas.

«Il est important de veiller à consommer des aliments qui favorisent la formation de sérotonine, indique Sarie Ann Haisch. En font partie les lentilles, le poulet, le fromage blanc maigre, les noix de cajou, les haricots, le cacao non sucré, les légumineuses, le brocoli, le millet, les bananes, les œufs, les champignons, les épinards, les asperges, les tomates, les oranges et les pommes de terre. Ils ont un effet anti-inflammatoire, comme les acides gras oméga-3 que l'on trouve dans le saumon, le thon, les graines de lin, l'huile de chanvre, les noix et les graines de chia.»

Uma Naidoo est également convaincue que l'alimentation influence le bien-être émotionnel via le lien entre l'intestin et le cerveau. Selon elle, certains aliments ont un effet bénéfique sur la résistance psychique.

La psychiatre et biologiste nutritionniste, cuisinière professionnelle et auteure de plusieurs best-seller sur la nutrition connaît l'astuce: «Pour améliorer la résilience, je recommande d'opter pour le plus grand nombre possible d'aliments colorés, sains et naturels.» Pour l'Américaine, les aliments fermentés comme le kimchi, la choucroute ou le yaourt nature en font également partie.

Elle met l'accent sur les épices et les herbes aromatiques: «Elles contiennent des antioxydants et des micronutriments qui jouent un rôle incroyable dans l'amélioration de la santé du cerveau.» Le curcuma en particulier, accompagné d'une pincée de poivre noir, pourrait réduire considérablement la neuroinflammation et ainsi améliorer la résistance au stress.

Eviter les produits fortement transformés

Au contraire, les produits alimentaires fortement transformés nuisent à la résilience. «Les aliments contenant des sucres ajoutés comme les boissons gazeuses, les condiments, les pâtisseries et les jus, ainsi que les huiles de graines transformées comme l'huile de palme, devraient être évités, conseille Uma Naidoo. Les viandes transformées comme les saucisses devraient également être consommées avec modération, car elles contiennent des nitrates qui ont été associés à la neuroinflammation.»

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Jasmine Alig
Jasmine Alig