L'électricité coûtera bientôt en moyenne 18% de plus en Suisse. L'annonce est tombée comme un couperet et va peser sur le porte-monnaie de nombreux ménages. Mais ce n'est pas le seul coup de massue en vue: les primes d'assurance maladie vont elles aussi augmenter. Une fois de plus. Et le prix des achats hebdomadaires de marchandises poursuit sa hausse. Le surveillant des prix Stefan Meierhans a récemment annoncé qu'il s'inquiétait de l'augmentation du coût des denrées alimentaires et qu'il allait examiner de plus près la politique des prix du commerce de détail.

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Mais d'ici là, les coûts supportés par les particuliers continuent d'augmenter. Et ils augmentent nettement plus que le salaire, comme le montre la nouvelle étude «Candidate Pulse» du consultant en ressources humaines Michael Page. Jean-Baptiste Olagne, Client Engagement Director de Page Group Suisse, pose la question suivante dans l'enquête: «Les entreprises vont-elles adapter les augmentations de salaire de leurs collaborateurs à l'inflation?» Et de répondre lui-même: «Probablement pas. En réalité, les augmentations générales des prix touchent principalement les collaborateurs mal payés.»

Compensation de l'inflation

L'étude a interrogé quelque 5000 demandeurs d'emploi, en poste ou au chômage, en Europe. - dont plus de 200 en Suisse. Selon le cabinet de recrutement, en comparaison avec les pays voisins, les candidats suisses font partie de ceux qui ont le moins souvent obtenu une augmentation de salaire pour compenser l'inflation. Ainsi, seuls 24% des demandeurs d'emploi suisses auraient reçu une augmentation de salaire au cours des deux dernières années pour compenser l'inflation. En comparaison, ce chiffre était de 35% en France et de 27% en Allemagne.

Même si l'inflation est relativement faible en Suisse, une adaptation des revenus est nécessaire. «S'il existe une marge de manœuvre financière suffisante, même pour une petite augmentation de salaire, nous recommandons qu'elle soit versée aux collaborateurs dont les salaires sont les plus bas, explique Yannick Coulange, Managing Director de Page Group Suisse. Non seulement ils sont les plus touchés par l'inflation, mais c'est aussi un signe clair de la culture d'entreprise. Cela montre que l'on tient à ses employés et que l'on est prêt à répondre à leurs besoins.»

Il n'est donc pas étonnant que Travail.Suisse ait également présenté des revendications salariales pour l'année 2024. Dans un communiqué, l'association indique que «les salaires réels des travailleurs suisses devraient baisser cette année pour la troisième fois consécutive, une évolution comparable ne s'est jamais produite depuis l'après-guerre.» Des augmentations générales de salaire de 4,5% sont par conséquent urgentes.

Les emplois secondaires sont en plein essor

Même si l'association faîtière demande une augmentation et que les conseillers en personnel recommandent un ajustement, la réalité est bien différente. Les dépenses augmentent, les recettes restent les mêmes. Selon l'étude, cela entraîne deux autres évolutions.

D'une part, deux tiers des personnes interrogées indiquent qu'elles accepteraient plus facilement une offre d'emploi pour obtenir un salaire plus élevé. En effet, 63% partent du principe que leur salaire actuel ne couvrira pas l'inflation au cours des douze prochains mois, et 40% ont même intensifié leur recherche d'emploi en raison de la pression inflationniste.

D'autre part, les petits boulots sont en plein essor. Plus de 15% des demandeurs d'emploi ont indiqué avoir un deuxième travail afin de pouvoir couvrir leurs propres dépenses. Près de 40% veulent passer à l'acte. Cependant, le risque existe que les deux emplois se chevauchent. Il est recommandé aux personnes qui acceptent un deuxième travail de faire preuve de transparence vis-à-vis de leur employeur. D'un point de vue juridique, la durée maximale de travail hebdomadaire est de 45 heures pour les employés des entreprises industrielles, le personnel de bureau, les collaborateurs techniques et le personnel de vente des grandes entreprises du commerce de détail, et de 50 heures pour tous les autres travailleurs. Le Seco écrit à ce sujet: «Ces prescriptions ne doivent pas être enfreintes par un cumul d'emplois.»

Et pourtant: celui ou celle qui ressent des difficultés à payer ses factures, aura aussi tendance à travailler plus de 50 heures par semaine pour boucler ses fins de mois. Selon Yannick Coulange, la règle suivante s'applique donc une fois de plus aux entreprises: «Soyez à l'écoute des propositions de votre personnel.» Car ce n'est qu'en répondant aux besoins des employés que l'on peut les garder à long terme. Et leur permettre de faire face à l'inflation et à l'augmentation du coût de la vie.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans la Handelszeitung.

Tina Fischer
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