En marge de la cérémonie des Smile Swiss Influencer Awards 2023, quelques tarifs ont filtré. Le vainqueur, Nicolas Huber, snowboardeur et influenceur possédant une grosse communauté (386 000 sur Instagram), touche en moyenne 3627 francs par post. La deuxième, Mimoza Lekaj, influenceuse dans la beauté, frôle les 3000 francs par publication. Ces montants ont agité la Toile. Myriam Pichard, qui donne le cours «Comment travailler avec des influenceurs» à la HEG-Arc de Neuchâtel, revient sur ces tarifs.

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«Ce prix ne m’étonne pas. Si l’on compare avec une publication dans un média papier, cela reste très compétitif, observe-t-elle. L’avantage est que vous ciblez une communauté bien précise et que les retours peuvent être tracés. Par ailleurs, si l’on regarde la création de contenu qu’il y a derrière, vidéo, montage, déplacements, création et entretien de la communauté, ce n’est pas forcément si cher payé.» Au préalable, l’experte différencie les influenceurs stars des influenceurs créateurs de contenus et note qu’en Suisse les PME collaborent davantage avec ces derniers.

Le coût dépendra bien évidemment de la taille de la communauté de l’influenceur, du format (reel, story, vidéo courte ou longue) et du partenariat mis en place. Car si certains tarifs circulent – 500 francs pour une communauté de moins de 10 000 abonnés par exemple (lire ci-dessous) –, tout est négociable. L’échange se pratique beaucoup. «Par exemple, si un hôtel veut faire parler de lui, il peut offrir deux nuits et les repas à l’influenceur. Selon la catégorie de l’établissement, cela reviendra à 1000 francs en prestations et seul un montant très réduit sera versé par l’hôtel», ajoute Myriam Pichard.

Un fitness peut aussi financer sa campagne d’influence en offrant l’abonnement à la salle. Certaines marques donnent des vêtements, des cosmétiques ou des boissons à tester. Ces cadeaux font partie du calcul final.

Comment collaborer?

Comme pour toute opération publicitaire, l’entreprise doit d’abord définir la cible et l’objectif de la campagne (réputation, visite en magasin, vente en ligne…). C’est encore plus vrai avec les influenceurs, car ces informations déterminent le ou les influenceurs à sélectionner. «Il est souvent préférable de choisir un micro-influenceur avec 10 000 abonnés seulement, mais bien localisés, dans votre champ de recherche», rappelle Myriam Pichard. Pour cela, demandez les statistiques de l’influenceur, regardez son taux d’engagement, si ses abonnés sont bien réels et dans quelle zone géographique ils se situent.

Il faut alors établir un petit cahier des charges avec le contenu, le nombre et les dates de publications, la durée, les conditions de validation et l’exclusivité. Attention aussi à laisser sa créativité à l’influenceur! S’il crée un contenu trop publicitaire qui ne correspond pas à sa communauté, vous raterez votre cible.

Mesurer les KPI

Idéalement, on commence par un premier post et quelques stories à repartager. Il est essentiel de mesurer l’impact avec Google Analytics ou les statistiques de l’influenceur. A noter qu’afficher un code promo sur la vidéo permet de récupérer des statistiques encore plus précises. «Les KPI sont là, note la spécialiste. Par exemple, l’entreprise de sirop saura si elle a vendu pour 3000 francs de produit après la vidéo de l’influenceur, ou si le taux de fréquentation du site a bondi de 15%. En parallèle, on mettra en place du «retargeting», ciblant avec des publicités les personnes qui ont été réactives à la vidéo.»

Pour en savoir plus

Où trouver des influenceurs?: ChatGPT est inutile, il invente des profils. Tapez plutôt sur Google: Swiss influencer ou Swiss blogger. L’outil Likeometer.co fonctionne bien, mais est rapidement payant. Quelques noms: Valentine Caporale, Alison Liaudat, Isaline Ackermann, Margaux Seydoux.

Entre 0 et 3000 francs: Tarifs moyens indicatifs en Suisse romande pour un post et quelques stories, par taille de communauté: 500 fr. pour > 10K, 800 à 1500 fr. pour 10-20K, 1000 à 2000 fr. pour 20 à 30K, 2000 à 4000 fr. pour 50 à 200K.

Anticiper Noël: Novembre et décembre sont les mois les plus chargés pour les influenceurs. Il faut anticiper les campagnes de Noël en été pour être sûr d’avoir les influenceurs souhaités. Attention: contactez-les via l’e-mail mentionné sur leur compte et non en message privé, où vous serez noyé dans la masse.

Et sur LinkedIn?: Les influenceurs ne sont pas seulement sur Instagram, TikTok ou YouTube. Il y en a aussi sur LinkedIn. Leur travail reste cependant orienté B2C. «Le B2B est compliqué à mettre en place avec un influenceur, estime Myriam Pichard. Sauf par exemple si l’on vend un logiciel de comptabilité et que l’influenceur donne alors des conseils utilisateurs.»

TB
Tiphaine Bühler