Paresseux, peu persévérants et très exigeants… Dans le monde du travail, les préjugés envers les jeunes générations ont la vie dure. Les entreprises doivent les courtiser, leur offrir tout ce qu'elles souhaitent, du café au congé sabbatique en passant par la recherche de sens. Et bien sûr, un salaire élevé doit leur être proposé dès le début de leur carrière. 

Cependant, l'étude annuelle Universum sur les souhaits professionnels des jeunes diplômés montre une toute autre image. Près de 3000 étudiants en économie ont été interrogés sur  leurs perspectives de carrière en Suisse. Il en résulte que beaucoup aimeraient travailler chez UBS.

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Sécurité de l'emploi et rémunération

Pourtant, la banque - tout comme l'ensemble du secteur financier - n'est pas réputée pour sa douceur de vivre. Pour gravir les échelons, il faut travailler dur. C'est encore le monde traditionnel qui domine. «Le temps plein est la norme», indique Nicole Niedermann, chercheuse en questions de genre à l'université de Saint-Gall. Mais cela ne semble pas décourager les jeunes. Le secteur financier est même représenté quatre fois dans le top dix des employeurs préférés avec UBS, J. P. Morgan, Goldman Sachs et la Banque nationale suisse.

Les géants de la technologie Google et Microsoft en font également partie, tout comme la société de conseil McKinsey & Company ou les géants du luxe Rolex et LVMH. Le classement n'est toutefois pas tout à fait surprenant. Selon une autre étude, vingt entreprises forment l'élite économique dans le monde entier. Parmi celles-ci, on trouve deux poids lourds helvétiques, UBS et Credit Suisse. 

Cette dernière a certes été absorbée par son grand rival, mais malgré les turbulences de l'année dernière, la nouvelle grande banque semble d'autant plus rayonnante. Du côté de l'étude, on l'explique ainsi: «Dans un monde marqué par l'incertitude, les jeunes sont certes à la recherche d'objectifs inspirants, mais ils veulent également voir au préalable leurs besoins fondamentaux satisfaits.»

Parmi les vingt premiers, on trouve de nombreuses entreprises de biens de consommation comme Pepsico ou Procter & Gamble. Ces firmes internationales permettent à leur jeune personnel de travailler à l'étranger et les envoient en voyage d'affaires. Il est prouvé que c'est un booster de carrière très apprécié par les jeunes générations. 

Malgré tout, ces sociétés ont perdu de leur popularité dans notre pays. Les favoris traditionnels comme L'Oréal ou Unilever reculent aussi, seul Nestlé reste présent dans le top vingt. «Une marque de consommation forte ne suffit plus à elle seule, et des secteurs comme la consommation et le luxe ont du mal à rester pertinents», explique-t-on chez Universum. 

L'absence de candidats comme le CICR est encore plus frappante. Pendant des années, l'organisation a fait partie du peloton de tête, mais aujourd'hui, elle ne figure plus dans le top 10. L'explication: «Les organisations à but non lucratif continuent d'attirer les étudiants en sciences humaines, mais elles sont en concurrence avec le désir des étudiants de bénéficier d’une sécurité de l'emploi et d’un bon salaire.»

En principe, les jeunes diplômés préfèrent aujourd'hui les sociétés établies (86%). 56% souhaitent que les entreprises soient grandes et 64% qu'elles soient actives au niveau international. La suissitude est également importante pour les étudiants. Trois quarts d'entre eux préfèrent les entreprises fondées en Suisse. Parmi les étudiants interrogés, un profil typique se dessine, celui des «go-getters»: ils sont orientés vers la performance et poursuivent leurs objectifs dans l'entreprise avec ambition. Ils ne craignent pas les responsabilités et les défis. Mais ils attendent en retour de la reconnaissance et une promotion professionnelle rapide.

Attentes envers l'entreprise

Sur le plan financier aussi, il faut y mettre le prix, et l'étude souligne une différence intéressante: le salaire attendu par les hommes en début de carrière est de 86 000 francs par an. Les femmes se contentent d'environ 10 000 francs de moins. Une différence au démarrage qui peut avoir des répercussions salariales durant des années.

De manière générale, les jeunes qui entrent dans la vie active dans le secteur économique souhaitent un soutien financier pour leurs futures formations, veulent accumuler de bonnes références pour leur carrière et exigent des possibilités de promotion claires et rapides. L'étude constate qu'une aspiration universelle au développement professionnel et à la réussite est présente chez tous, indépendamment du sexe.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Tina Fischer
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