L’association Genilem fête ses 30 ans. Trois décennies à accompagner à travers du coaching celles et ceux qui osent créer leur entreprise, qui permettent à l’économie de se renouveler. Des projets innovants qui ont pour but de devenir les PME de demain.
Notre métier de coach n’a pas changé, même si tout autour a changé
En trente ans, plus de 300 entreprises ont été sélectionnées et accompagnées sur la durée, plus de 3000 emplois ont été créés dans la région et, chaque année, plus de 500 porteuses et porteurs de projets continuent de frapper à notre porte.
Pendant ce temps, le monde a profondément changé et de grands bouleversements sont apparus: internet et le savoir à portée de clic, les réseaux sociaux et les partages à l’infini, le mobile qui rend le tout hyper-accessible… et maintenant l’IA générative. A chaque fois, nous nous sommes demandé si notre métier allait devenir obsolète. Et à chaque fois, la réponse a été la même: non. Parce que malgré les outils qui évoluent, l’utilité de notre métier reste. Aider les personnes qui vivent une aventure concrète, et humaine, reste indispensable.
Mais avec la révolution de l’intelligence artificielle, une question inédite se pose légitimement: ne serait-il pas possible de lui sous-traiter l’entrepreneuriat en tant que tel?
Et si on se trompait sur ce que signifie «être intelligent»?
L’intelligence artificielle impressionne, fascine, et inquiète même. Elle est bluffante dans les domaines qu’on associe traditionnellement à «l’intelligence»: produire du contenu, résoudre un problème, analyser, condenser, proposer des stratégies (qui sont souvent excellentes d’ailleurs). Mais cela dit, traduit surtout ce que nous, humains, considérons comme intelligent. Et si on se trompait de définition?
Créer une entreprise, c’est bien plus que réfléchir ou produire. C’est s’adapter, improviser, bouger vite et juste, même avec des infos incomplètes. C’est déployer beaucoup d’énergie, tout en gardant un cap, et pivoter quand il le faut. Et c’est aussi… être frustré! Car de nombreux projets naissent d’une frustration personnelle: un service qui manque, un besoin ignoré ou une expérience vécue comme inacceptable. Et cette émotion vive est profondément humaine. Elle ne s’analyse pas, elle se ressent.
Une intelligence vécue, incarnée, enracinée dans le réel
Entreprendre, c’est donc affronter l’incertitude et faire avec l’imperfection, agir dans le flou. C’est un travail constant d’équilibriste entre action et intuition. Les robots, même boostés à l’IA, sont encore loin d’être capables de tâches même peu complexes. Réparer une fuite d’eau est largement au-dessus de leurs capacités: de tels actes nécessitent en effet d’appréhender son environnement d’une manière très fine et font appel à tous les sens, au ressenti et à l’expérience. Monter une entreprise, c’est pareil, en 100 fois plus complexe. Cela demande donc des mains, du cœur, du nez.
Le lien de confiance ne se code pas
Notre métier est de coacher les personnes qui font le choix de se lancer dans cette aventure. Et comme dans les autres domaines de l’aide – à l’instar des soins –, notre efficacité repose beaucoup sur un lien de confiance. On peut partager une méthode et des outils, mais si la relation ne s’établit pas, rien ne fonctionne.
Car accompagner n’est pas imposer une recette. C’est créer une connexion et permettre à l’autre d’exprimer ce qu’il ne verbalise pas encore. C’est lire entre les lignes, comprendre les non-dits et sentir le bon moment pour pousser ou pour laisser respirer. Et ça, aucune IA ne le remplace.
Et puis, il y a la magie des bonnes rencontres
Un autre pan de l’activité que la technologie ne remplacera pas de sitôt, c’est aussi la bonne rencontre au bon moment. Celle qui tombe à pic, qui ouvre une porte ou débloque un projet. Aider celles et ceux qui se lancent, c’est aussi connecter les gens. Pas en mode «recommandation automatique», mais avec expérience et intuition. Parce qu’on sent qu’un échange peut produire un déclic, car on connaît l’un, on écoute l’autre, et on sait que ça peut marcher. Dans un monde saturé de connexions virtuelles, cette capacité à créer des liens humains vraiment utiles devient une force rare. Et précieuse.
Demain, toujours aussi humain
Oui, les coachs sont formés aux nouveaux outils. Oui, nous utilisons évidemment l’IA. Mais nous restons convaincus d’une chose: l’acte d’entreprendre est humain. Et les accompagner aussi. C’est ce qui rend notre métier profondément moderne, et tellement utile. Hier, aujourd’hui, et pour les trente prochaines années, au moins!