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How I did it

«La vérification faciale en 3D est la seule solution à la fois pratique et sécurisée»

Christophe Remillet se lance dans la cybersécurité à la suite d’une expérience personnelle marquante. Après le covid, sa start-up OneVisage a rebondi grâce à un partenariat avec Orange.

Carré blanc

Julien Crevoisier

Christophe Remillet

Christophe Remillet, fondateur de OneVisage, mise sur la vérification faciale 3D pour renforcer la cybersécurité des entreprises.

Sébastien Crettaz

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«Mon aventure entrepreneuriale a commencé de façon presque accidentelle. En 2013, j’ai été victime de deux cyberfraudes en l’espace de quelques jours: vol des données de ma carte bancaire et piratage de ma boîte mail. Ingénieur de formation, je me suis alors intéressé de plus près aux méthodes de cybersécurité. J’ai tout passé en revue. Et je dois bien avouer que je suis tombé de ma chaise. Toutes les solutions proposées donnaient la priorité à l’expérience utilisateur plutôt qu’au niveau de sécurité.

Le besoin était là, et l’envie de développer un nouveau concept qui allie niveau de protection optimal et facilité d’utilisation m’était venue. La sécurité sur téléphone mobile étant la chasse gardée du géant Apple, j’ai décidé que ma start-up OneVisage se focaliserait sur les solutions spécialement adaptées aux sites d’entreprises. Les exigences étaient les suivantes: niveau de protection globale élevé, expérience utilisateur facile, coût raisonnable, respect de la protection des données et capacité d’intégration dans l’environnement IT préexistant.

Pour valider tous ces critères, il n’y avait qu’une seule méthode: la vérification biométrique faciale 3D, introduite par Apple sur l’iPhone X. Pour développer cette solution, j’avais besoin de deux briques technologiques: l’algorithme de comparaison de modèles faciaux et la construction de modèles en trois dimensions à partir d’une photo. Coup de chance: ces deux briques high-tech relevaient justement de domaines de spécialité étudiés en Suisse. Avec l’appui d’InnoSuisse, j’ai convaincu les professeurs Marc Pollefeys, directeur du département de computer vision de l’EPFZ, et Thomas Vetter, de l’Université de Bâle, de m’accompagner.

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Notre première approche consistait à capturer un modèle 3D à partir d’un smartphone équipé d’une caméra standard. Cette première version constituait notre technologie initiale. Mais nous avons alors abouti à un modèle trop laborieux pour la clientèle. La technologie, reposant sur des caméras classiques, se heurtait à trop d’impasses techniques. Il fallait notamment que l’utilisateur tourne la tête pour que la caméra scanne le visage selon plusieurs angles de vue. En 2017, la sortie de l’iPhone X et sa caméra 3D a donné un élan supplémentaire au projet. La biométrie faciale 3D est devenue le nec plus ultra de la cybersécurité, du moins selon Apple. Convaincus que cette technologie allait devenir l’une des deux futures modalités biométriques adoptées à large échelle, nous sommes quasiment repartis de zéro début 2019.

Mais le 15 mars 2020, alors que nos premiers contrats étaient sur le point d’aboutir, les restrictions covid ont gommé toutes nos perspectives de contrats à court terme. Nous avions une croissance de 300% et près de 700 000 francs d’offres en cours sur le premier semestre, toutes annulées à cause de la pandémie.

Nous avons finalement pu nous relancer à partir de 2022, mais à un rythme moins soutenu, du fait des difficultés conjoncturelles. Nous avons aussi réorienté notre stratégie commerciale vers la sécurité en entreprise, notamment le contrôle d’accès et l’onboarding digital, c’est-à-dire la validation préalable de l’identité numérique d’une personne. C’est une étape importante. Il est relativement facile de frauder simplement en plaçant une fausse photo sur une vraie pièce d’identité.

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En 2023, nous avons donc développé une solution de borne interactive consacrée à cette démarche. A partir d’une photo, la machine génère un modèle 3D mathématique du visage pouvant être stocké dans un QR code, un badge ou une application mobile. Ce modèle devient une clé numérique: lors de chaque contrôle via terminal ou caméra 3D, le visage vivant est comparé au modèle enregistré lors de l’onboarding.

Nos efforts ont finalement porté leurs fruits à l’été 2024, avec la conclusion d’un contrat avec le groupe français Orange Business et un autre groupe industriel français, où notre solution vérifie l’identité de 2500 personnes par mois. Aujourd’hui âgé de 59 ans, je me sens prêt à poursuivre plus que jamais l’aventure entrepreneuriale. OneVisage se concentre désormais sur d’autres continents, notamment l’Afrique ou l’Amérique du Sud.»

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