Bonjour,
Dans le secteur informatique, les entreprises suisses ne peuvent rivaliser avec les salaires proposés par les géants de la techno-logie. Elles misent donc sur d’autres arguments.
Matthias Niklowitz
Les très grandes entreprises comme Google proposent des conditions salariales très élevées qui ne permettent pas aux PME de s'aligner.
Michael Buholzer/keystonePublicité
Selon la société d’analyse de données sur le marché du travail X 28, environ 5400 postes sont actuellement à pourvoir dans le secteur informatique en Suisse. Près de 30% d’entre eux concernent le développement de logiciels et 18% le développement de systèmes. Selon X 28, le pic des dix dernières années a été atteint en juillet 2022 (avec près de 16 000 emplois). La tendance est «clairement à la baisse». Dans ce contexte, il est intéressant de noter que les PME informatiques suisses savent qu’elles doivent rivaliser avec toutes les grandes entreprises technologiques telles que Google ou Microsoft pour attirer les talents. Cela se reflète également dans les offres d’emploi. Le groupe cible des grandes entreprises est «mondial, diversifié, international» et l’image de marque de l’employeur met l’accent sur l’innovation et les avantages sociaux. Le groupe cible des entreprises suisses est plutôt «local, régional» et on parle ici de «culture d’entreprise, de durabilité et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée». En matière de salaires, les grandes entreprises mondiales parlent de «prestations supplémentaires supérieures à la moyenne» quand les entreprises suisses utilisent le terme «compétitif» et mettent l’accent sur la «flexibilité» et le «développement».
Les PME se considèrent comme des concurrentes dans la lutte pour attirer les talents. «Parmi nos concurrents, on trouve des entreprises suisses de logiciels bien établies qui recrutent les mêmes profils. A cela s’ajoutent les start-up, qui séduisent par leur dynamisme et leur culture d’entreprise», analyse Gabriela Keller, CEO d’Ergon Informatik. En matière de salaires, il est évident qu’il est impossible de rivaliser avec les grandes entreprises. D’où l’importance de ne pas miser uniquement sur des facteurs monétaires, mais aussi sur ce qui permet de se distinguer en tant qu’employeur, à savoir des tâches exigeantes et variées, un environnement de travail motivant, une culture des valeurs qui favorise le développement à long terme.
Environ 5400 postes sont actuellement ouverts en Suisse dans le secteur informatique. Près de 30% concernent le développement de logiciels et 18%, le développement de systèmes.
Selon la directrice, la concurrence pour attirer les talents va s’intensifier considérablement. «La pénurie de main-d’œuvre qualifiée s’était quelque peu atténuée en 2023/2024, car le marché informatique en Suisse stagnait et les grandes entreprises technologiques recrutaient moins.» Mais cette phase est désormais révolue, le marché reprend et l’évolution démographique se fait sentir.
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«Nous sommes en concurrence avec des entreprises suisses de logiciels de toutes tailles, confirme Carsten Wengel, CEO de G+D Netcetera, basée à Zurich. Nous misons sur le développement personnel, un leadership fondé sur des valeurs et une liberté créative pour un travail qui a du sens.» Selon le CEO, l’expérience montre que les talents dans le domaine du développement de logiciels ne sont pas exclusivement motivés par des considérations matérielles. «Ils recherchent l’impact plutôt que le revenu, explique le dirigeant. Ils veulent avoir une réelle influence et travailler sur des projets qui ont du sens. Nous nous démarquons sur le marché par l’importance que nous accordons à l’engagement des employés.» Carsten Wengel considère cela comme une initiative stratégique mesurable, car la motivation des employés est synonyme de satisfaction des clients et de réussite commerciale. La culture devient la nouvelle monnaie. Les talents se posent la question suivante: anonymat chez un géant de la technologie ou liberté d’action dans un environnement personnel? La stabilité sera un facteur décisif à cet égard.
Chez Adnovum, à Zurich, la concurrence pour les talents informatiques est également intense, comme l’observe Karin Bühler, Chief People Officer de l’entreprise: «Nous sommes en concurrence directe avec de grandes entreprises suisses telles qu’UBS, les CFF ou Swisscom, mais aussi avec des groupes technologiques internationaux et des start-up agiles.» Dans le domaine du développement de logiciels en particulier, les options pour les talents sont nombreuses. «Ce qui nous distingue, c’est notre mélange de professionnalisme et d’atmosphère personnelle: Adnovum est suffisamment grande pour jouer un rôle et peut participer à des projets passionnants et pertinents pour la société, mais aussi suffisamment petite pour se soucier de ses employés, c’est-à-dire que nous nous connaissons et nous soutenons mutuellement», explique la CPO.
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«Il ne fait aucun doute que la concurrence va s’intensifier, déclare Karin Bühler. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée s’aggrave, notamment en raison de la demande croissante de compétences dans les domaines de l’IA, de la cybersécurité ou de l’informatique durable.» Dans le même temps, il devient plus facile de postuler auprès de différentes entreprises, ce qui augmente la pression sur les employeurs. Selon Karin Bühler, pour survivre dans les années à venir, il faudra offrir plus que de bons salaires. «Il faut une attitude, de la substance et un environnement propice au développement.»
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