«Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer», soutenait le célèbre économiste et entrepreneur autrichien Peter Drucker. La citation s’adapte particulièrement bien à la situation entrepreneuriale actuelle en Suisse. Après deux années fortement bouleversées entre autres par la crise sanitaire, l’inflation et les conflits géopolitiques, les Suisses n'ont pas perdu la flamme de l'entrepreneuriat. La comparaison sur dix ans montre une augmentation de 13% de la création d’entreprise en Suisse au premier semestre 2022, selon le rapport de l’IFJ Startup Support.

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Reste alors à trouver le bon projet! Nouvelles technologies, innovations hôtelières, alimentation, énergie ou encore management, ce dossier présente 50 concepts de business innovants qui ont fait leurs preuves à l’étranger. Du Canada au Chili, en passant par l’Allemagne ou le Danemark, ces idées ont été sélectionnées pour leur potentiel d’application en Suisse. A noter que certaines entreprises existent peut-être déjà sous une forme similaire sur le territoire, mais pourraient être davantage développées.

Des experts de l’entrepreneuriat et de l’innovation (lire encadré en fin du dossier) commentent chacun des concepts afin d’en évaluer la faisabilité, d’en estimer le potentiel et d’en pointer les ajustements et les complexités auxquels être attentif pour leur mise en place en Suisse. De quoi inspirer, peut-être, ceux qui souhaitent réinventer leur futur!


01 - Planification d’entreprise tout-en-un

La société serbe IdeaBuddy a développé une plateforme qui accompagne les entrepreneurs tout au long du processus de création d’entreprise, de la conception du modèle d’affaires à l’incubation, puis l’exécution. Start-up dans les nouvelles technologies, commerce en ligne, restauration: des modèles préexistants permettent de guider l’entrepreneur.

Anne Headon «Il existe définitivement un fort besoin d’outils pour accompagner les entrepreneurs, et ce type de solutions en ligne peut apporter une valeur ajoutée bienvenue, même s’il ne remplace pas un coaching spécifique, une mise en contact avec des experts, des prospects ou un écosystème solide. L’idée d’utiliser des modèles préexistants m’interroge: pas sûr que ça encourage la créativité et l’innovation.» 


02 - Voiture solaire

© Sono Motors

Avec plus de 456 demi-cellules solaires intégrées à sa carrosserie, la voiture Sion de Sono Motors se recharge grâce au soleil. Cette recharge naturelle peut ajouter 112 km d’autonomie (en moyenne) à la batterie de la voiture, dans les conditions météorologiques européennes, ce qui permet une autonomie totale sur de courtes distances, par exemple en milieu urbain. L’entreprise basée à Munich, en Allemagne, garde un prix fixe de 29 900 euros par voiture, en limitant notamment les options, dont la couleur, qui est forcément noire. Près de 42 000 exemplaires de cette voiture ont déjà été réservés en Europe. Elle sera mise en circulation dans le courant de l’année 2023. 

Stéphane Genoud «Le postulat de base de créer de nouvelles voitures destinées au milieu urbain est à contresens des objectifs environnementaux actuels. Il faut libérer les villes des véhicules qui occupent l’espace. L’énergie solaire sera en outre probablement trop faible pour maintenir la voiture, il faut donc bien intégrer les bornes de recharge au modèle d’affaires et la voiture doit impérativement être garée à l’extérieur. Néanmoins, il peut être intéressant d’avoir ce genre de véhicule pour le car sharing, à l’instar des offres de Mobility.» 


03 - Une plateforme NFT pour les artistes

© Pinata

Leader du stockage et de la gestion des NFT, Pinata permet aux artistes d’héberger et de monétiser facilement leurs médias. Créée en 2018 aux Etats-Unis, la société vient de clôturer un tour de table de 21,5 millions de dollars. Prenant en charge des vidéos, des images et des fichiers musicaux, Pinata revendique aujourd’hui 240 000 utilisateurs et des partenariats avec plusieurs grands acteurs du marché comme OpenSea, Yuga Labs et LooksRare.

Frédéric Baetscher «La solution de Pinata répond à une réelle problématique des créateurs de NFT pour la gestion centralisée de leurs œuvres. Son succès va toutefois dépendre de l’évolution du marché des cryptomonnaies et de la confiance des acteurs dans les NFT. Nous traversons actuellement une crise qui se traduit notamment par une baisse des transactions de plus de 99%... A cela s’ajoutent aussi les polémiques autour des contrefaçons.»


04 - Le réseau social du voyage

Réunir Le Routard, TripAdvisor et Booking.com sur une seule plateforme, c’est le pari de Mafengwo, le réseau social du voyage, fondé en 2010. Ses services rassemblent une communauté de plus de 130 millions d’utilisateurs en 2021, principalement en Chine, mais aussi répartis dans le monde entier.

Nadine Reichenthal «Mettre en place une plateforme dédiée au voyage sur un marché comme la Chine est une idée brillante. Le pays est en effet très spécifique, de par le nombre de voyageurs qu’il engendre et le fait que leurs envies et préoccupations ne sont pas les mêmes que celles des Occidentaux. En Suisse, le marché est plus complexe parce qu’il faut trouver sa place parmi une abondance de plateformes numériques consacrées au voyage. L’idée de tout rassembler est néanmoins intéressante, l’enjeu sera alors de se distinguer des acteurs connus comme TripAdvisor et GetYourGuide.» 


05 - Des serviettes hygiéniques en fibre de banane

En Inde, Saathi Eco Innovations a mis au point une serviette hygiénique 100% biodégradable et compostable fabriquée à partir de fibre de banane, l’une des fibres naturelles les plus absorbantes et abondantes en Inde. Contrairement à la pâte de bois ou au coton, il s’agit d’un sous-produit agricole qui ne nécessite pas d’utilisation supplémentaire de terres. Cela permet ainsi aux agriculteurs de percevoir un revenu supplémentaire. Saathi crée également de l’emploi auprès de femmes pour la confection des serviettes.

Amanda Byrde «Mon coup de cœur, pour le caractère inclusif et social du projet, avec des produits d’hygiène accessibles à toutes et de la création d’emplois. C’est intéressant aussi sur le plan environnemental, car cette fibre de banane est achetée aux agriculteurs au lieu d’être jetée. Il ne faut pas oublier que les serviettes hygiéniques conventionnelles, composées de plastique, prennent une centaine d’années à se dégrader naturellement. Après, cela reste un objet à usage unique. Il existe maintenant des cups ou des serviettes lavables, réutilisables, et c’est dans ce sens, je pense, qu’il faut aller.»


06 - Promouvoir les avis de clients satisfaits

Afficher les témoignages de clients satisfaits en un clic pour booster son image de marque et son e-réputation, voilà l’idée de la jeune entreprise française Kudeo, qui a développé une plateforme à l’interface intuitive pour collecter, éditer et cibler la publication des avis de clients sur le site web de son entreprise.

Anne Headon «Cette plateforme semble permettre de cibler les témoignages positifs. Mais nous sommes dans un monde où l’on a plus que jamais besoin d’informations fiables et non biaisées. Cette solution soulève aussi des questions au niveau éthique: imaginez si seuls les avis positifs étaient visibles sur Booking.com ou Airbnb…»


07 - De l’herbe comme isolant thermique 

© Gramitherm

Gramitherm, en Belgique, développe un matériau isolant fabriqué à partir d’une matière première abondante: l’herbe. Sa durée de vie se révèle plus longue que d’autres isolants classiques (50 ans contre 35). Il a l’avantage d’être entièrement recyclable et renouvelable.

Nasri Nahas «Cette solution semble intéressante, mais il ne faudrait pas qu’elle entre en compétition avec l’herbe qui doit continuer à nourrir le bétail, afin d’éviter que l’on ne déboise pour créer de nouvelles surfaces de pâture. Il faut relever aussi qu’il s’agit d’un secteur hyper-compétitif, plusieurs matériaux de substitution pour l’isolation ont vu le jour et la société ne donne pas de comparatif ‘relatif’ de son rendu énergétique. Seuls des chiffres absolus sont documentés. L’isolation des bâtiments est une priorité aujourd’hui. En ce sens, c’est une démarche à encourager.»


08 - Des vêtements anti-taches, anti-plis et anti-odeurs

© Sepiia

Lancée en 2016, l’entreprise espagnole Sepiia a mis au point une technologie à base de nanoparticules d’argent afin de développer un tissu résistant aux taches et aux plis, capable de neutraliser les odeurs indésirables. Conçu en polyester recyclé et recyclable, chaque vêtement représente une économie de 98% d’eau et de 51% de CO2 par rapport à des pièces en coton, par exemple. Sepiia fait partie du top 5 des entreprises certifiées par B Corp.

Nathalie Nyffeler

«Sepiia participe à une économie circulaire et locale, ce qui est essentiel au vu de l’impact désastreux de l’industrie du textile sur l’environnement. Cependant, je ne pense pas qu’on puisse choisir un vêtement uniquement pour des raisons fonctionnelles ou écologiques. La dimension esthétique manque. Mettre la technologie à disposition des marques pourrait s’avérer une alternative intéressante.»


09 - Pédaler pour son électricité

© Off The Grid

Avec Off The Grid, chaque séance d’entraînement sportif génère de l’électricité sur le réseau de l’immeuble. Une heure d’entraînement sur un vélo produit ainsi en moyenne suffisamment d’électricité pour alimenter une ampoule LED pendant vingt heures ou charger 15 téléphones portables. L’entreprise fondée au Canada vise surtout les professionnels comme les salles de sport ou les hôtels. L’application associée utilise le principe de gamification: les utilisateurs peuvent suivre leur classement et relever des défis personnalisés.

Stéphane Genoud «L’idée est amusante – quoiqu’un peu dystopique – d’imaginer devoir pédaler pour avoir de l’électricité! Ces vélos chargeurs sont de beaux gadgets mais sachant qu’une personne qui pédale une heure produit en moyenne 150 Wh, ce qui est très faible, l’énergie créée potentielle ne pourra jamais compenser l’énergie grise nécessaire à la production de ces vélos.» 


10 - Panneaux photo-voltaïques souples 

© Sunew

Au Brésil, Sunew conçoit des revêtements photovoltaïques souples, légers et semi-transparents. Cela ouvre la voie à leur installation sur des surfaces et au sein d’espaces où il est aujourd’hui impensable de fixer des panneaux solaires classiques. La firme cible avant tout les clients B2B, plus susceptibles d’installer leur produit à grande échelle sur des façades vitrées, des toits de bâtiments ou une flotte de véhicules, mais elle s’adresse aussi aux particuliers.

Nasri Nahas «J’adore cette idée! La démarche est très intéressante tout au long du processus: la fabrication est clean, le recyclage des panneaux bien pensé. Les surfaces photovoltaïques flexibles ne représentent pas une nouveauté, mais ce qui est intéressant ici, c’est la transparence des revêtements: cela permet de conserver une partie du rayonnement solaire à l’intérieur et ne gâche pas la vue. Cette solution me paraît tout à fait adaptée à la Suisse, où nous avons de plus en plus de soleil, des montagnes, beaucoup de trains… Ces panneaux peuvent se mettre quasi partout et permettront vraiment de rendre nos villes plus clean.»


11- Des compléments alimentaires à base de pelures de fruits

© Cascara Foods

«Upcycler» les déchets fruitiers, c’est le projet de l’entreprise chilienne Cáscara Foods. Aujourd’hui, près d’un tiers des ressources alimentaires sont jetées. Dans la fabrication des jus de fruits, ce sont deux tiers du produit qui finissent à la poubelle. Or ces déchets concentrent une grande partie des antioxydants du fruit. Depuis 2017, Cáscara («pelure» en espagnol) Foods récupère les ressources nutritives des pelures, pulpes et tiges rejetées lors de la transformation des fruits et fabrique des compléments alimentaires tels que des poudres solubles, des farines et des barres de céréales énergisantes.

Pascal Bourgier «Une gestion intelligente des déchets n’est désormais plus un ‘nice to have’ mais une obligation. Cette entreprise est un exemple inspirant d’économie circulaire et d’upcycling. Les compléments alimentaires représentent un marché très important et croissant, les produits suisses bénéficiant par ailleurs d’une image de qualité en la matière. Le risque réside dans le fait que ces parties les moins nobles du fruit deviennent plus chères face à cette demande. On pourrait imaginer un partenariat avec les grandes enseignes alimentaires comme Coop ou Migros et les restaurants professionnels.» 


12 - Eco-score d’un produit

Inoqo fait le pari de remédier au problème des labels alimentaires environnementaux, particulièrement variés et souvent confus. Fondée en 2020, l’entreprise viennoise a développé une plateforme regroupant les données glanées tout au long des chaînes d’approvisionnement, qui permet d’évaluer l’impact environnemental de chaque produit selon plusieurs critères, dont les émissions de CO2, la saisonnalité, la proximité et l’impact sur la biodiversité. La start-up a déjà levé près de 4 millions d’euros. En Suisse, près de 30% des consommateurs déclarent que l’aspect de la durabilité a un impact sur leurs habitudes alimentaires.

Laurent Menoud «La crise climatique et l’expérience de la pandémie poussent de plus en plus de personnes vers une consommation alimentaire plus responsable. La demande existe donc, mais le défi consistera à assurer l’impartialité des experts responsables des évaluations. En effet, il existe des comparateurs dont l’impartialité peut raisonnablement être mise en doute. La plus-value pour ce genre d’entreprise est de s’assurer une réelle neutralité vis-à-vis des fabricants qu’elle note.»


13 - Escape game pour télétravailleurs

La start-up française The Wokies aide les entreprises à proposer des moments de qualité et collaboratifs pour leurs collaborateurs à distance. Son outil basé sur la gamification permet d’accompagner un employé durant toute sa vie en entreprise: du recrutement à la sensibilisation RSE, en passant par l’onboarding et le team building.

Maurizio Caon «Ce type d’outil a beaucoup de sens dans un contexte de télétravail à 100%. Or on sait qu’une part importante des entreprises souhaitent voir leurs employés revenir au bureau. Je me demande donc quelle est la taille de ce marché à l’heure actuelle. Aussi, il faut prendre en compte le fait que tout le monde ne souhaite pas remplacer les activités de renforcement des équipes par des expériences virtuelles.»


14 - Solution de sécurisation du cloud

L’entreprise Armo, fondée en 2018, se concentre spécifiquement sur la cybersécurité dans le cloud. Son offre ouverte, transparente et entièrement personnalisable, appelée Kubescape, aide les développeurs à travailler de manière sécurisée.

Maurizio Caon «Le domaine de la cybersécurité est aujourd’hui un enjeu majeur, dont la croissance a encore été dopée par la guerre en Ukraine. Ce type de solution créée par des développeurs experts de leur domaine contient une proposition de valeur qui peut avoir beaucoup de succès, on le voit d’ailleurs avec les levées de fonds qu’ils ont réalisées. D’autant plus qu’ils ont une stratégie de diffusion intéressante, puisque l’outil est gratuit pour les entreprises comptant moins de dix utilisateurs.»


15 - Comptabilité automatisée pour les indépendants

La start-up française Indy utilise l’intelligence artificielle pour analyser de manière automatique les transactions bancaires, de manière à les transformer en lignes comptables. Celles-ci sont ensuite utilisées par l’application pour remplir automatiquement les documents comptables ou les déclarations d’impôts. Proposée sous différents types d’abonnements, l’application permet aux indépendants de gérer leur comptabilité, de générer les documents fiscaux pour l’administration, d’éditer leurs fiches de paie, mais aussi de visualiser dans un tableau de bord leurs dépenses et leurs recettes.

Maurizio Caon «La fonction de remplissage automatique des données constitue une proposition séduisante, notamment grâce au gain de temps promis. J’ai cependant deux interrogations: est-ce que l’application est capable de faire de l’optimisation fiscale, qui reste une des raisons qui poussent les micro-entreprises à faire appel à un expert-comptable? Aussi, je perçois une difficulté de scale-up de ce type de projet: l’adapter à la diversité fiscale des cantons suisses, ou à d’autres pays, risque d’engendrer une masse de travail conséquente.»


16 - Du tissu fait… de tissu

© DR

En Suède, l’entreprise Renewcell développe le circulose, un matériau recyclé à partir de textile jeté. Les vêtements sont déchiquetés, décolorés et transformés en une bouillie. Reste la cellulose, le polymère organique biodégradable qui remplace l’huile vierge, le coton et le bois dans la production de fibres textiles. Ces fibres peuvent ensuite être utilisées par les fabricants d’habits. L’entreprise existe depuis 2012 et a déjà conclu des partenariats avec Zara, H&M et Levi’s.

Amanda Byrde «C’est important de développer des solutions pour traiter la masse de textile au lieu de créer du neuf, car l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde! Les grandes marques vestimentaires proposent depuis des années déjà des gammes eco-friendly, mais, bien souvent, il s’agit de textiles faits à partir de plastique recyclé, et dans le cas de la fast fashion, cela ne change pas le système. Le plastique ne se recycle pas indéfiniment, le fait d’extraire la cellulose pour refaire du tissu paraît donc beaucoup plus intéressant, puisqu’il s’agit d’un matériau durable. Reste à savoir quelles sources d’énergie sont utilisées pour broyer le textile et produire ces fibres, car toute transformation de matière représente un impact environnemental certain.»


17 - Faciliter l’analyse des données marketing

La société suédoise Funnel aide les entreprises à étudier différentes données marketing. Fonctionnant sans code, l’outil récolte les datas d’une variété de plateformes (Google Ads, Facebook Ads, etc.) avant de les rendre plus facilement compréhensibles pour l’entreprise cliente. Adidas, Superdry ou Trivago font partie des sociétés qui ont adopté la solution à ce jour.

Anne Headon «C’est un projet très intéressant, car la pléthore de données et de sources constitue une vraie problématique pour les équipes marketing. Le modèle d’affaires me semble aussi pertinent, avec une tarification sous forme d’abonnement qui s’adapte en fonction de la taille de l’entreprise cliente. Aussi, j’observe qu’ils procèdent à un double ciblage des clients, en s’adressant à la fois à des entreprises en direct et à des agences.»


18 - Bijoux en impression 3D

© Cloud Factory Jewelry

L’entreprise estonienne Cloud Factory propose un service complet de conception, de production et de livraison de bijoux. Fondée en 2018, c’est une des premières entreprises à utiliser l’impression 3D sur métal pour fabriquer à grande échelle des bijoux de qualité, de manière rentable et durable. L’entreprise a récemment levé 2 millions d’euros auprès d’investisseurs. 

Amanda Byrde «La bijouterie représente une industrie à impact environnemental élevé. L’entreprise agit sur deux niveaux: limiter les déchets, comme dans toute production à l’imprimante 3D qui permet de ne fabriquer que ce qui est nécessaire en fonction de la demande, et préserver les ressources. Ce sont en effet des métaux recyclables qui sont utilisés.»


19 - Prothèses sur mesure

© DR

La plateforme allemande Mecuris propose aux professionnels de la santé, plus particulièrement de l’orthopédie, une solution de modélisation qui permet de créer – entièrement en ligne – des orthèses, prothèses et autres dispositifs adaptés à chaque patient. Elle dispense également des cours en ligne, des webinaires, ainsi que des coachings ou encore met à disposition une médiathèque où trouver des livres et ouvrages spécialisés sur le sujet.

Nasri Nahas «Cette démarche me paraît très intéressante parce qu’elle va dans le sens de la personnalisation de la santé. Selon le handicap à soulager ou le type de prothèse à porter, celle-ci peut être mieux acceptée par le patient – car conçue expressément pour lui – que si on lui impose un corps étranger standardisé. De plus, les dispositifs médicaux élaborés avec une imprimante 3D ou autre technologie analogue sont souvent plus accessibles financièrement. Mecuris fait preuve d’une démarche agile, d’un souci d’adaptabilité à chaque patient et c’est très opportun dans le domaine de la santé. Cependant, elle n’est pas la seule sur le marché, loin de là, bien qu’elle opère dans un secteur où il peut y avoir plusieurs leaders.»


20 - Aimanter l’encre pour mieux recycler

Des encres magnétisables imprimables facilitant le tri et le recyclage des déchets, c’est ce qu’a mis au point Magnomer, une entreprise américaine créée en 2020. Ces encres imprimables sur des emballages en plastique souple, sous forme de revêtement transparent, permettent une séparation de plus de 99% des éléments d’emballage.

Amanda Byrde «Il existe de nombreux contenants que l’on ne peut pas recycler en Suisse, car nous n’avons pas la technologie adéquate pour séparer les différents matériaux qui les constituent. La colle, celle des berlingots de thé froid par exemple, représente aussi un obstacle. Une solution comme celle de Magnomer impacte ainsi tout le secteur du packaging.»


21 - Une géothermie moins invasive

Le groupe américain SLB (issu de Schlumberger) a mis au point la REDA Thermal, une pompe submersible électrique destinée à la géothermie. Consommant peu d’énergie, elle permet une production d’électricité économiquement viable à partir de puits géothermiques jusque-là non rentables. Elle a comme avantages d’être rapide à installer, de nécessiter peu de maintenance et d’avoir une longue durée de vie.

Nasri Nahas «L’entreprise centenaire Schlumberger appuie là où il faut: le fait que la construction et l’installation de la pompe elle-même consomment peu d’énergie constitue un argument imparable. Et c’est un acteur bien établi, avec une certaine crédibilité. Mais il faudrait analyser le sous-sol suisse pour dire si cette solution serait adaptable chez nous.»


22 - Economiser l’eau des sols

© Agrobiogel

La start-up autrichienne Agrobiogel aide les agriculteurs à économiser l’eau et à lutter contre la sécheresse grâce à un nouveau type de gel biosourcé qui augmente la capacité de rétention d’eau des sols. Conçu entièrement à partir de bois, le gel absorbe et stocke l’eau pendant la pluie et la restitue lentement aux plantes durant les périodes sèches. Il permet d’économiser jusqu’à 40% d’eau en réduisant la fréquence d’irrigation.

Stéphane Genoud «L’idée est prometteuse mais demande à être certifiée en Suisse. Il est primordial de ne pas altérer la nature et la composition des sols. La question du biosourcé est également fondamentale: pour correspondre aux exigences des cultures biologiques et aux certifications suisses, les agriculteurs doivent respecter de nombreuses normes. Il faudra veiller à ce que ce gel soit compatible avec les exigences suisses en matière de durabilité.»


23 - Contrôler la durabilité des chaînes d’approvisionnement 

Lancée en 2019, l’entreprise allemande Traxpay offre un service de gestion optimisée des fonds de roulement et de la chaîne d’approvisionnement. La plateforme met en relation les entreprises avec les fournisseurs et les banques pour leur permettre de gérer au mieux les rentrées et sorties d’argent. En outre, en mettant en avant les fournisseurs partenaires en fonction de critères de durabilité, Traxpay permet d’assurer une chaîne d’approvisionnement qui respecte les meilleures pratiques en matière d’environnement.

Nadine Reichenthal «Cette solution me paraît tout à fait intéressante pour les PME, qui ont parfois besoin de liquidités rapidement pour leurs commandes auprès des fournisseurs. Toutefois, il paraît difficile de convaincre des fournisseurs sur l’aspect de la durabilité, tant cette notion est vague et pas forcément la première préoccupation des entreprises.»


24 - Collier connecté pour chien

© Wüf

Get Wüf a créé un collier pour chien qui permet aux propriétaires d’animaux d’accéder à des données sur leur animal. Localisation, dépense physique, masse, sommeil, ce suivi d’activité permet, grâce à l’application liée, de surveiller si le chien est en bonne santé. Des recommandations en matière d’alimentation de la part d’experts sont également disponibles en fonction de l’âge, du poids, de la race et de l’activité du chien. L’application créée aux Etats-Unis en 2017 fournit aussi des conseils de dressage sous forme de jeux.

Pascal Bourgier «Je trouve l’idée géniale. Les Suisses sont prêts à dépenser de grands montants pour leurs animaux de compagnie et bénéficient d’un pouvoir d’achat important. Les colliers connectés actuels ne proposent que le suivi GPS. Ici, à la manière des montres connectées pour humains, les options permettent un suivi précis de la santé de son animal. Le fait que l’application donne des conseils de dressage sera utile pour limiter la maltraitance et les abandons, souvent dus à des négligences en la matière de la part des maîtres. Le côté communauté avec les utilisateurs représente également un atout.»


25 - Une ludothèque sur la Toile

© Whirli

Whirli veut limiter l’achat de jouets neufs grâce à un service de location en ligne. Fondée en 2018, l’entreprise offre une sélection de plus de 1000 jeux que les familles peuvent commander et renvoyer avant douze mois (délai au-delà duquel ils doivent être achetés). Depuis sa création, la société a levé 5,2 millions de livres sterling.

Nathalie Nyffeler «La possibilité de garder, à terme, un jouet qui plaît vraiment à son enfant est intéressante. Cet aspect distingue le projet d’une ludothèque classique. Afin de garantir la démarche écoresponsable, les livraisons devront s’effectuer dans un périmètre régional. La gestion des stocks et des chaînes d’approvisionnement semble toutefois très complexe.»


26 - Carte fidélité numérique

Grâce à un réseau de plus de 1000 enseignes partenaires, l’application française Pasha permet à ses utilisateurs d’économiser sur leurs achats. A la manière d’une carte fidélité, l’application permet d’engranger des récompenses sous forme de cash-back, que l’utilisateur peut reverser sur son compte en banque ou utiliser sous forme de carte cadeau chez un partenaire.

Nadine Reichenthal «L’idée est intéressante et a fait ses preuves dans des pays comme la France. Mais il faut garder à l’esprit que la Suisse reste un marché plus petit et avec des coûts d’exploitation plus élevés. En outre, si l’idée semble séduire les consommateurs, elle aura plus de mal à convaincre les distributeurs, car les cartes fidélité servent aussi à recueillir des données sur les clients.»


27 - IA de la présence médiatique

L’intelligence artificielle (IA) est omniprésente dans la sphère médiatique du XXIe siècle, ce qui a conduit à une explosion du nombre de fournisseurs de services comme la transcription des enregistrements audio, les sous-titres, la modération de contenu et la détection d’objets. Concentrée sur les contenus audiovisuels, l’idée de l’entreprise allemande Aiconix, fondée en 2018, a été de sélectionner des fournisseurs de services d’IA et de les réunir sur une seule plateforme.

Laurent Menoud «Les entreprises ont de plus en plus besoin d’outils d’intelligence artificielle pour gérer leur image, notamment pour leur communication. L’idée est donc tout à fait bonne à prendre, d’autant que la Suisse est un pôle d’innovation en matière d’IA. Toutefois, la question de la barrière financière et de l’avance prise par la concurrence reste importante.»


28 - Tinder psychologique 

Créée en 2019 au Royaume-Uni, So Syncd propose la première application de rencontre basée sur l’indicateur de types psychologiques de Myers-Briggs (MBTI). Idéaliste, aventurier, rationnel, protecteur… les utilisateurs en quête de l’âme sœur sont tout d’abord invités à effectuer un test, qui déterminera leur personnalité parmi les 16 recensées. Sur cette base, l’application réunira ensuite les profils compatibles.

Nathalie Nyffeler «Le test de Myers-Briggs est utilisé dans divers domaines et a un côté rassurant. Les utilisateurs seront tentés de valider une description vague de leur personnalité – c’est l’effet Barnum. Or le modèle reste très critiqué par les experts en psychologie sociale, car il ne s’appuie sur aucune base scientifique et n’est pas stable. Une même personne peut ainsi obtenir des résultats différents d’une semaine à l’autre...»


29 - Augmenter l’attractivité des professions de soins

Afin de faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine de la santé, Medwing propose une mise en relation du personnel soignant avec les établissements de soins – hôpitaux, cabinets spécialisés ou maisons de retraite –, avec des offres d’emploi flexibles, régionales et adaptées aux besoins des employés. Fondée en 2017 en Allemagne, la start-up est également présente en France depuis 2019.

Frédéric Baetscher «Dans le contexte actuel, ces plateformes ont une belle carte à jouer. La difficulté réside néanmoins à concilier les aspirations des employés avec les conditions et contraintes des employeurs. Les aspects légaux et administratifs ne doivent pas non plus être sous-estimés. La période reste par ailleurs compliquée pour trouver suffisamment de candidats, ces profils étant aujourd’hui très recherchés.»


30 - Pollinisation sur mesure

© Beeflow

En fournissant aux abeilles une alimentation précise à base de molécules d’origine végétale, Beeflow aspire à accroître le rendement des cultures de près de 60%. Lancée en 2016 par deux biologistes et un économiste, la start-up argentine a développé une solution renforçant la capacité des abeilles à évoluer dans des environnements difficiles et à se concentrer sur les espèces de plantes cultivées.

Laurent Menoud «L’idée est tout à fait pertinente au vu des défis qui attendent les apiculteurs. Je possède moi-même des ruches, je peux donc en attester! Mais du point de vue logistique, le projet est compliqué à mettre en œuvre: élever des colonies d’abeilles et les transporter demande énormément de ressources. On peut toutefois imaginer un système de franchise où de petits exploitants locaux offrent ce service dans leur zone.»


31 - Digitaliser toute la chaîne immobilière 

Lancée début 2020, Kodehyve est l’une des entreprises qui enregistrent la plus forte croissance au Benelux. L’environnement développé par la start-up vise à numériser tout le processus immobilier. Les promoteurs peuvent plus facilement planifier, gérer, commercialiser et analyser leurs nouveaux projets de construction. L’interface se veut également plus transparente pour les autres acteurs, clients ou investisseurs. L’utilisation de la solution permettrait un gain de temps moyen par projet de vingt-cinq jours.

Anne Headon «Voilà un projet innovant et disruptif qui s’attaque à un marché resté très traditionnel, manquant de transparence et utilisant souvent des outils peu adaptés. En se focalisant sur le marché de la promotion immobilière et en intégrant les besoins des différentes parties prenantes, cette start-up affiche une très bonne compréhension de son marché et possède un modèle d’affaires très ‘scalable’. Aussi, la promesse est claire et concrète grâce à quelques indicateurs clés de performance, de manière à aller à l’essence même du produit et de sa valeur.»


32 - Louer l’électronique au mois 

© DR

Grover permet aux particuliers de s’abonner à des articles électroniques sur une base mensuelle plutôt que de les acheter: environ 30 euros par mois pour un casque de réalité virtuelle ou une trottinette électrique, 25 euros pour une caméra GoPro, 60 euros pour un drone, etc. L’entreprise allemande propose un éventail d’environ 3000 produits et est valorisée depuis cette année à plus de 1 milliard de dollars. 

Stéphane Genoud «C’est un très bon projet, le partage d’objets représente un marché d’avenir. De nombreuses personnes sont curieuses de tester ces technologies mais ne sont pas forcément prêtes à les acheter neuves. Un autre modèle d’affaires, dans la même veine, serait de créer une plateforme intermédiaire entre particuliers, qui prendrait la responsabilité des garanties et de l’état des produits.»


33 - Génératrice verte pour les chantiers

Les chantiers requièrent une grande quantité d’énergie pour fonctionner. Les grues, par exemple, ont souvent besoin d’une alimentation supplémentaire lorsqu’il s’agit de soulever des charges particulièrement lourdes. Lorsque le courant issu du réseau électrique local ne suffit plus, il faut s’en remettre à des génératrices au diesel. L’entreprise flamande Near Grid a donc développé la Green Box en 2020. Basé sur des batteries connectées au réseau électrique, le système permet de stocker l’énergie pour fournir le supplément nécessaire au moment opportun sans émettre de CO2. La solution est déjà utilisée sur 30 chantiers répartis entre la Belgique, la France et les Pays-Bas

Laurent Menoud «Dans le contexte de la transition énergétique, ce genre d’idée est tout à fait pertinent. Mais au vu de la crise énergétique que nous traversons actuellement, il faudrait aller encore plus loin et proposer non seulement aux entreprises mais aussi aux particuliers des solutions de stockage d’électricité local en cas de panne. Plutôt que de se rabattre sur les génératrices alimentées au pétrole, on pourrait alors recourir à l’énergie renouvelable, par exemple via des panneaux photovoltaïques.»


34 - Aménagement intérieur grâce à la simulation 3D

© Roomhero

Fondée en 2014, la start-up allemande Roomhero propose un service de conseil, d’installation de meubles et d’aménagement personnalisé pour privés et entreprises. Sa particularité? La mise à disposition par la plateforme d’une caméra 360 degrés qui permet aux clients de filmer l’endroit qu’ils souhaitent aménager. Après avoir téléchargé la vidéo sur le site, les clients ont également la possibilité d’indiquer leurs envies ainsi que leur budget. La plateforme leur envoie ensuite une proposition sous forme de simulation 3D particulièrement réaliste.

Frédéric Baetscher «Ce séduisant concept amplifie l’expérience utilisateur avec un rendu très réaliste des options d’aménagement d’intérieur, tout en créant une relation privilégiée avec les prospects afin de faciliter la conversion. Avec un accès aux environnements et préférences de leurs clients, ces plateformes ‘nouvelle génération’ récoltent des informations qui leur permettent de s’adapter très précisément aux besoins de leurs clients et de les fidéliser d’autant plus facilement. Ces données leur donnent un avantage réel par rapport aux magasins physiques et boutiques en ligne traditionnelles.»


35 - Energie verte garantie

En Espagne, FlexiDAO crée des logiciels pour aider les utilisateurs – entreprises et particuliers – à consommer de l’électricité verte de manière transparente. Parmi les outils proposés, un «score d’énergie sans carbone» (CFE), pour mesurer son utilisation, ainsi qu’un calculateur en ligne, permettant aux usagers d’estimer leur score individuel. Présente dans 13 pays, l’entreprise est déjà partenaire de grandes entreprises énergétiques comme Total.

Nasri Nahas «Lorsque je participe comme juge à des concours d’innovation, je constate le grand nombre de start-up cleantech qui cherchent à verdir le sourcing de l’énergie. L’avantage que je vois dans la proposition de FlexiDAO est l’idée du feedback constant: les entreprises ont la possibilité de recevoir des rapports très détaillés sur ce qu’elles consomment comme énergie et d’où celle-ci provient. Il y a dans ce dispositif une dimension d’interactivité qui permet une amélioration croissante de ses pratiques, jusqu’à atteindre les 100% d’énergie renouvelable. Pouvoir certifier l’origine de l’énergie consommée peut être un argument de vente et, dans certains pays, un critère pour obtenir des subventions.»


36 - Quand le libraire choisit pour vous

L’entreprise française Kube a mis en place le principe de l’abonnement de livres. Le client indique ses goûts de lecture en remplissant un questionnaire. Chaque mois, ces préférences – qui sont modifiables – sont transmises à une librairie indépendante qui choisit un ouvrage pour l’abonné accompagné d’un mot personnalisé sur le livre choisi. Les trois fondateurs de Kube ont également développé des box thématiques (femmes inspirantes, Orient, destins extraordinaires, etc.) composées de livres originaux et de produits artisanaux. 

Pascal Bourgier «Cette idée d’entreprise est maligne et applicable dès aujourd’hui en Suisse. Il faut établir un réseau avec les librairies indépendantes, qui seront probablement partantes pour ce genre d’initiatives mettant en avant les commerces locaux, surtout après qu’ils ont autant souffert du covid et de la croissance d’Amazon. Le fait que le livre soit choisi par un libraire permet de conserver un lien humain primordial. Une fois en place, le concept peut même être franchisé dans les autres villes de Suisse. Le fait de recevoir quelque chose par la poste est également apprécié et pourrait par exemple être développé avec une gamme pour enfants.»


37 - L’alternative chic et durable à Airbnb

© BobW

Entre des hôtels impersonnels et des Airbnb, la start-up finlandaise Bob W se démarque en proposant des hébergements pour de courts séjours dans des logements gérés de manière durable dans des quartiers intéressants des villes. Meubles d’occasion, fournisseurs responsables, énergie provenant de sources 100% renouvelables, possibilités de recyclage… Grâce à ses engagements, l’entreprise fondée en 2018 à Helsinki retire deux fois plus de carbone de l’environnement qu’elle n’en émet. Durant la pandémie, elle a levé 10 millions d’euros et connu une croissance spectaculaire. 

Frédéric Baetscher «Le positionnement de Bob W est très intéressant et s’inscrit pleinement dans les préoccupations grandissantes des globe-trotteurs en termes de durabilité et d’authenticité. Le succès de telles plateformes va dépendre de leur capacité à rapidement étendre leur offre avec des destinations incontournables et des lieux plus exotiques pour se démarquer, cela sans faire de compromis sur leurs valeurs fortes. Un exercice délicat qui nécessite des moyens financiers conséquents et un large réseau auprès de propriétaires et promoteurs immobiliers dans de nombreux pays.»


38 - Régler à distance la température des radiateurs

© Danfoss

Danfoss a créé un thermostat intelligent et autonome pour radiateurs. Cette valve thermostatique moderne et connectée permet de contrôler par Bluetooth la température de chaque point de chauffage. Ainsi les réglages sont fixés plus bas pendant les absences et remontés en fonction des besoins, ce qui peut permettre d’économiser jusqu’à 30% d’énergie. 

Stéphane Genoud «Cette technologie s’est déjà exportée en Suisse, et s’achète dans les magasins spécialisés. Ces valves peuvent surtout être utiles pour les résidences secondaires, afin de démarrer le chauffage à distance. Les bureaux qui ont des espaces fermés chauffés différemment selon le collaborateur pourraient aussi en bénéficier. Attention néanmoins au potentiel effet rebond et à l’énergie grise nécessaire à la création de ce beau gadget.» 


39 - Aider les sportifs à trouver des sponsors

«Jordan Larson, volleyeuse professionnelle, équipe nationale USA.» Voilà le genre de profil accessible sur Opendorse. Créée en 2012, l’entreprise sert de plateforme pour faciliter les contacts entre les sportifs et de potentiels sponsors. Contre rémunération, ces athlètes peuvent ainsi être mandatés pour un événement, poster un message sur les réseaux sociaux, voire engager un partenariat marketing avec les entreprises, associations ou collectivités publiques qui les contactent. La plateforme compte plus de 90 000 athlètes inscrits. 

Pascal Bourgier «L’idée est intéressante, surtout quand on sait combien il est difficile pour les sportifs individuels de trouver un sponsor. Pourtant, la Suisse compte aussi de véritables ambassadeurs dans de nombreux sports individuels comme le ski, la voile ou le triathlon, par exemple. Le sport véhicule des valeurs de dépassement de soi, de courage, de respect, ce qui est intéressant pour une PME.»


40 - Financement participatif vert et international

La société allemande Bettervest offre une plateforme de crowdfunding qui recense uniquement des projets durables, dont l’objectif principal réside dans l’efficacité énergétique. Afin d’en garantir la transparence, Bettervest en évalue l’impact environnemental, la faisabilité technique, la rentabilité et les mesures de limitation des risques. Lancée en 2012, l’entreprise soutient aujourd’hui de nombreuses initiatives en Allemagne et sur le continent africain.

Frédéric Baetscher «Le financement participatif de projets durables est en plein essor. S’assurer de la qualité des projets soumis peut cependant représenter une charge de travail conséquente, surtout s’ils sont réalisés à l’étranger. Beaucoup d’aléas peuvent aussi impacter le bon déroulement du projet ainsi que le rendement attendu par les investisseurs.»


41- Analyse d’investissement dans les entreprises en démarrage

L’entreprise espagnole Kiota a mis au point un système d’analyse des entreprises en démarrage («early stage») destiné aux investisseurs. L’outil évalue tant les équipes entrepreneuriales que les idées de projets, dans le but d’améliorer l’allocation des ressources et de rendre plus efficaces les étapes de due dilligence.

Anne Headon «Je trouve intéressant d’aider à créer des liens dans un marché ‘early stage’ qui manque parfois de transparence. Le projet répond donc à un vrai besoin. Cela dit, cette solution parle d’entrepreneuriat comme d’une science exacte et se focalise beaucoup sur la performance financière, et peu sur l’impact social et environnemental, alors que nous avons besoin plus que jamais d’un équilibre entre ces deux aspects.»


42 - Des campagnes marketing ludiques

Adact propose à ses clients de développer des campagnes marketing interactives et ludiques. Sans avoir à coder une ligne, les entreprises clientes peuvent ainsi mettre en place des campagnes ciblées et engageantes incluant toutes sortes d’activités, comme un Trivial Pursuit ou un calendrier de l’avent. L’entreprise compte parmi ses clients des multinationales comme Peugeot, AirBaltic et Disney.

Nadine Reichenthal «Inclure des jeux dans les campagnes marketing est une excellente idée, mais il faudra prendre soin d’identifier le public cible et de développer un produit marketing qui lui convienne: des jeux qui semblent amusants pour certaines seront ennuyeux pour d’autres. En Suisse, les publicitaires ont déjà du mal à adapter leurs campagnes conventionnelles dans les trois langues nationales, le défi de la traduction promet d’être d’autant plus grand avec des campagnes interactives.»


43 - Passer au vélo en entreprise

© 2R Aventure

Pourquoi ne pas troquer sa flotte de voitures de fonction contre des vélos haut de gamme? C’est la proposition de V’Lease, un projet de l’entreprise 2R Aventure, labellisée par la fondation Solar Impulse. Pour le prix d’un abonnement de transports publics, V’Lease offre un vélo en leasing à l’entreprise, qui pourra ensuite le mettre à disposition d’un salarié. Les vélos sont disponibles en plusieurs modèles et plusieurs catégories: standard, utilitaire ou compact. En plus des avantages pour le climat, V’Lease rappelle aussi que les déplacements à vélo aident à lutter contre l’absentéisme et le stress.

Nadine Reichenthal «Pour décarboner la mobilité, l’offre de V’Lease est une excellente idée. L’offre existante en Suisse est pour l’instant du ressort des services publics et concentrée dans les villes. A Genève, par exemple, les entreprises qui le souhaitent peuvent déjà bénéficier d’une solution de mobilité axée sur le vélo. Toutefois, une offre privée pourrait voir le jour dans les endroits où les mécanismes publics font défaut.»


44 - Promotions hôtelières ultra-personnalisées

Basée en Norvège, l’entreprise Loyall propose aux hôtels et aux restaurants de récolter les données et habitudes de leur clientèle en fonction de ses recherches internet, des applications utilisées, des préférences alimentaires des commandes passées afin de cibler de manière individualisée chaque client. Par exemple, le client qui utilise les promotions envoyées pour son anniversaire, ouvre régulièrement Instagram, réserve toujours le service petit--déjeuner mais pas le spa aura ainsi une offre individualisée.

Pascal Bourgier «La personnalisation constitue l’avenir de l’hôtellerie. Cette entreprise a l’avantage de proposer ses services clés en main, ce qui peut être bénéfique pour les PME. Néanmoins, cette offre propose surtout une analyse des dépenses; or un tracking plus large serait encore plus pertinent, même si des géants du numérique comme Google et Facebook le font déjà avec plus de moyens. Par ailleurs, en Suisse, la fidélisation de la clientèle se fait encore beaucoup par le contact direct, la création de liens humains entre gérants et clients. Attention également à utiliser ces données personnelles dans le respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD).» 


45 - Offrir une visualisation 3D de ses produits

© Renovai

Créée en 2019, la société israélienne Renovai a développé des solutions d’intelligence artificielle qui permettent aux entreprises actives dans le commerce en ligne d’ajouter une option de visualisation 3D de leurs produits en générant des images dynamiques en quelques clics, sans appareil photo. Très immersifs, les visuels donnent la possibilité aux clients de voir les produits dans les moindres détails et sous tous les angles grâce à une vue à 360 degrés ainsi que dans des contextes réels. Les acheteurs peuvent ainsi d’autant mieux se projeter et évaluer comment les produits s’intégreront dans leur vie.

Nathalie Nyffeler «Le concept de Renovai permet d’améliorer considérablement l’expérience utilisateur et je pense qu’il rencontrera un grand succès. L’intelligence artificielle donne la possibilité aux entreprises de croiser les données indiquées par les clients afin de leur suggérer, dans un second temps, des mises en scène d’univers personnalisées qui correspondent véritablement à leurs préférences. Il s’agit de matrices facilement mesurables et contrôlables. Le modèle d’affaires me semble très solide.»


46 - Digitaliser les commerces locaux

PideDirecto offre la possibilité aux entreprises locales d’Amérique latine – épiceries, fleuristes, restaurants, etc. – de développer leurs canaux de vente directe et propose également une solution de commande et de livraison en moins de trente minutes. Lancée en 2020 au Mexique, la plateforme soutient les petites structures dans la création de leur site web et peut aussi leur fournir des informations clients ainsi qu’une aide en matière de stratégie marketing. Le tout pour un montant fixe grâce à un abonnement mensuel, entre 90 et 120 francs par mois. PideDirecto a été incubé par la très sélective entreprise internationale de financement précoce de start-up Y Combinator.

Nathalie Nyffeler «Je trouve le concept fin et intelligent. Beaucoup de petites structures n’ont en effet pas les compétences ou le temps de se consacrer au développement de leur présence en ligne, qui devient par ailleurs de plus en plus indispensable afin de rester concurrentiel. Le covid a particulièrement mis en lumière ce besoin. Offrir un service d’aide et de soutien logistique et marketing me paraît ainsi très pertinent et prometteur. Reste à s’assurer des normes juridiques et de sécurité en Suisse.»


47 - Assurer les risques liés à l’IA

La start-up allemande QuantPi a développé une plateforme qui permet aux entreprises de s’assurer que divers risques (juridiques, commerciaux, éthiques ou de réputation) liés à leurs solutions d’intelligence artificielle soient identifiés et traités. Elle vise notamment à éviter des dérapages de l’IA fortement dommageables à l’image de l’entreprise. La start-up, fondée en 2020 par des mathématiciens après sept ans de recherche, a levé 2,5 millions d’euros à l’automne 2022.

Maurizio Caon «J’aime bien ce projet, car il ose s’attaquer à un problème important, même si son marché est encore à un stade assez jeune de son développement. On sait que la méthode d’apprentissage automatique la plus répandue aujourd’hui s’appuie sur le deep learning, et que ce type d’algorithme peut conserver certains préjudices liés aux données qui l’ont entraîné. Plusieurs pays sont d’ailleurs en train d’étudier des moyens pour réguler les dérives de ces IA. Développer des réponses à ces problèmes demande de grands efforts mais présente un fort potentiel à plus long terme.»


48 - Lecture en podcast

© Blinkist

Comment se cultiver quand on manque de temps pour lire? Pour répondre à cette envie, des entrepreneurs allemands ont lancé en 2012 Blinkist, une plateforme réunissant quelque 5500 résumés d’ouvrages à lire ou à écouter en podcast de quinze minutes sur des sujets allant du développement personnel à l’éducation, en passant par l’histoire ou la psychologie. Dix ans après sa création, l’application totalise 24 millions de téléchargements.

Laurent Menoud «L’idée est séduisante et pourrait tout à fait trouver une clientèle en Suisse. Le principal obstacle se trouvera probablement du côté financier. Développer une telle bibliothèque demandera énormément de temps et d’argent, et les concurrents déjà établis auront déjà pris une avance considérable. Il faut donc se poser la question du modèle d’affaires et du prix du service, un aspect primordial pour se démarquer et attirer la clientèle.»


49 - Acompte sur salaire et éducation budgétaire

La start-up française Rosaly a mis au point un système destiné aux services RH qui permet aux salariés d’avoir accès à des acomptes de salaire via une application mobile. Le marché, très développé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, reste encore embryonnaire en France. Les salariés peuvent ainsi accéder à leur salaire progressivement, au fur et à mesure du mois. Côté employeur, l’application promet d’améliorer l’image de marque de la société, de réduire l’absentéisme et le turn-over des employés.

Maurizio Caon «Il s’agit d’une bonne idée, qui correspond à l’évolution de l’économie post-personnel et qui va dans le sens des nouvelles générations qui changent de job toujours plus rapidement. Aussi, on parle souvent de progrès techniques, mais ici l’aspect intéressant concerne surtout l’innovation sociale: en promouvant le bien-être, ce type d’initiatives permet de conserver les bons employés. Cela dit, je sais qu’il existe déjà plusieurs compétiteurs sur ce marché, tout dépend donc des partenariats qui peuvent être noués pour promouvoir le projet.» 


50 - De la décharge au plastique

© UBQ

Créée en Israël cette année après plusieurs années de R&D, UBQ Materials transforme les déchets ménagers – produits organiques, cartons, plastiques mixtes et même couches sales – en une matière thermoplastique, un matériau baptisé UBQ. Remplaçant le plastique fait à base de pétrole, ses applications possibles s’étendent à de nombreuses industries. Chaque tonne d’UBQ évite 1,34 tonne de déchets en décharge. Mercedes-Benz et McDonald’s ont conclu un accord pour tester l’UBQ.

Amanda Byrde «C’est une solution intéressante dans le contexte helvétique: les Suisses figurent parmi les plus gros producteurs de déchets du monde et près de 50% de nos ordures finissent encore en incinération. Transformer des déchets en polymère d’une qualité qui peut être de nouveau transformée en polymère sur des cycles multiples est donc plutôt intéressant. Cependant, il est primordial de travailler sur le problème à la source, soit de lutter contre la surconsommation.»

 

Nos experts donnent leur avis
  • Amanda Byrde Cofondatrice d’Impact Hub à Lausanne
  • Nasri Nahas Directeur du parc Biopôle de Lausanne
  • Laurent Menoud Coach business au sein de l’association Fri Up
  • Pascal Bourgier Coach en développement d’entreprise chez Genilem
  • Frédéric Baetscher Directeur de Creapole à Delémont, entrepreneur et coach au sein de la plateforme d’innovation Platinn
  • Maurizio Caon Professeur HES et responsable du Digital Business Center à la Haute Ecole de gestion Fribourg (HEG-FR)
  • Anne Headon Directrice du HUB Entrepreneuriat et Innovation de l’Université de Lausanne
  • Nathalie Nyffeler Responsable de la cellule Innovation et Entrepreneuriat de la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD)
  • Nadine Reichenthal Coach business à l’EPFL EssentialTech Centre et directrice de l’Entrepreneurship Laboratory de l’Université de Genève
  • Stéphane Genoud Professeur de management de l’énergie à la HES-SO Valais