Bonjour,
C’est un réflexe bien connu de ceux qui se surmènent: sortir un tube de Voltaren. Aux mains d'une société britannique, le gel antidouleur ultra-populaire est produit à Prangins (VD).

Seraina Gross
Les produits Voltaren – en tube mais aussi sous forme de comprimés – sont aujourd’hui disponibles dans 130 pays. Environ 100 millions de tubes sont vendus chaque année.
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Le «Bicycle Day» est inscrit dans l’histoire de la médecine: en ce jour du printemps 1943, le chercheur de Sandoz, Albert Hofmann, est rentré chez lui à vélo après son auto-expérimentation du LSD, alors que la substance faisait encore effet. L’invention du diclofénac, le principe actif de Voltaren, a débuté de façon similaire, avec un chercheur testant une nouvelle molécule sur lui-même, et ce, bien que le composé se soit révélé mal toléré lors d’essais sur des chiens et des rats. Chef d'équipe du laboratoire – aujourd’hui intégré à Novartis –, ce dernier ne connu aucune complication en ingérant la substance active pendant deux jours, ce qui a encouragé l'entreprise à en poursuivre le développement.
Par la suite, «des études de tolérance sur des volontaires sains et les essais cliniques qui ont suivi confirmèrent l'efficacité et la bonne tolérance de la substance». Le nom du médicament fut influencé par des références locales: Voltaren était une référence à la Voltaplatz de Bâle et le suffixe «ren» évoquait le Rhin.
Malgré la présence de la Voltaplatz et du Rhin dans son nom, ce succès mondial appartient aujourd'hui à la société britannique Haleon. La production est toutefois restée en Suisse, à Prangins, près de Nyon (VD). Dès le début du XXe siècle, une entreprise nommée Zyma y fabriquait des pommades antiseptiques et des produits de soin de la peau. Aujourd'hui, Prangins compte parmi les sites de production les plus importants d'Haleon: environ 300 millions d'unités sortent chaque année de ses lignes de production. Outre Voltaren, le spray nasal Otrivin et le médicament contre l'herpès Zovirax sont fabriqués à Prangins.
Avec plus de mille employés originaires d’une cinquantaine de pays, le site figure parmi les plus grands employeurs du canton de Vaud. En 2011, le projet de fermeture de l'usine par Novartis avait suscité une vive polémique, poussant les autorités vaudoises à réagir. Même le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann était intervenu. Quelques mois plus tard, le groupe Novartis – alors encore dirigé par Joe Jimenez – revint sur sa décision de fermer l'usine.
Suite aux péripéties dans les laboratoires Geigy dans les années 60, la substance active (diclofénac) fut commercialisée en 1974 sous le nom de Voltaren, au Japon et en Suisse. Geigy, qui avait fusionné entre-temps avec Ciba, capitalisait ainsi sur le succès rencontré avec la butazolidine dans les années 1940, un médicament grâce auquel l'entreprise bâloise avait longtemps dominé le marché des antirhumatismaux. Lors de la fusion entre Ciba-Geigy et Sandoz en 1996, les droits furent transférés à la nouvelle société, Novartis.
Les choses s'accélèrent en 2015, lorsque Novartis a externalisé ses activité de médicaments sur ordonnance au sein d'une co-entreprise avec GSK. En 2019, la pharma britannique a pris le contrôle total de cette division, qu’elle a externalisé à son tour trois ans plus tard, via une introduction à la Bourse de Londres, sous le nom d'Haleon. Pari réussi: Haleon s'est développée et a généré plus de 11,23 milliards de livres sterling de chiffre d'affaires ces dernières années.
L'exemple de Voltaren prouve que des médicaments originaux restent rentables, même après l’expiration de leur brevet, et même lorsque les marchés sont inondés de génériques. C'est le cas avec le diclofénac, une molécule chimique relativement simple. Le secret de cette longévité, c'est le marketing. Voltaren est aujourd’hui présenté davantage comme un produit favorisant la mobilité que comme un simple antalgique. Haleon s’est d’ailleurs associé à l’UEFA pour promouvoir cette orientation.
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Si Voltaren sous forme de gel est sans doute le produit le plus connu, la version en comprimés – lancée en premier – se vend encore aujourd'hui à des millions d'exemplaires. Au delà de la compétition avec les génériques, elle est en concurrence avec d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène (aux effets légèrement différents).
Le diclofénac fait partie de la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il inhibe la production de prostaglandines, des messagers responsables de l’inflammation, de la fièvre et de la douleur.
Un tournant majeur a été la reformulation du principe actif en gel, dans les années 1980, pour traiter les douleurs musculaires, les entorses et d'autres blessures sportives. Le Voltaren en tube est rapidement devenu un best-seller. En 2011, un nouveau gel a été mis sur le marché, dont la substance active est plus concentrée et mieux absorbée. Les produits Voltaren sont aujourd’hui disponibles dans 130 pays, avec 100 millions de tubes vendus chaque année.
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Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Bilanz.
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