Ces quinze dernières années, le prix du mètre carré en montagne a augmenté de près de moitié (49%) en Valais, et de près de 30% rien que depuis 2019. En cause: la raréfaction des surfaces disponibles sous l’effet de la Lex Weber combinée à la forte hausse de la demande durant la pandémie de covid. En 2021, la hausse moyenne des résidences secondaires en montagne a atteint 10%, selon l’«UBS Property Report». Depuis 2023, la dynamique des prix a retrouvé des valeurs plus proches de la moyenne à long terme, mais demeure solide: autour de 4% par an.
«En Suisse, l’inflation devrait encore ralentir dans les mois à venir, poussant les politiques monétaires à baisser les taux d’intérêt. Ce mécanisme pourrait stimuler la demande en biens immobiliers», estime Corinne Dubois, économiste chez Wüest Partner. Mais la chute des cours boursiers début avril pourrait aussi influencer l’attitude des investisseurs sur le marché. «Ceux dont les actions en bourse ont perdu beaucoup de valeur disposent désormais de fonds propres plus limités. Néanmoins, le marché immobilier devrait jouer son rôle de valeur refuge, ce qui contribuera à maintenir des prix élevés.»
Entre mai et octobre 2024, près de 24 millions de nuitées ont été recensées par les hôteliers suisses. Jamais la saison estivale n’avait enregistré une telle affluence. Les vacances d’été à la montagne sont devenues à la mode! La fréquentation y reste moindre qu’en hiver mais la fraîcheur alpine est de plus en plus perçue comme une option plus agréable et saine que les chaleurs caniculaires qui règnent en bord de mer. «On constate un intérêt grandissant pour les séjours axés sur le bien-être et l’activité physique», confirme Alain Imboden, responsable de la filière tourisme à la HES-SO. Le mountain bike, le trail, les activités aquatiques et la randonnée sont de plus en plus pratiqués.
La hausse des résidences secondaires joue également un rôle dans cette fréquentation saisonnière. «Les nouveaux propriétaires se rendent plus souvent en montagne pour occuper leur appartement ou leur chalet. Le télétravail permet à certains de rester quelques jours de plus. Il arrive aussi qu’ils s’y installent définitivement une fois à la retraite.»
L’Arc alpin se confrontera aussi à des défis importants ces prochaines années. Déjà perceptible, le recul de l’enneigement hivernal menace de rendre les stations de basse et moyenne altitude moins attractives. A l’inverse, la raréfaction de l’or blanc pourrait alimenter encore un peu plus la hausse des prix dans les stations d’altitude. En 2024, le val d’Anniviers (VS), connu pour ses quatre villages situés à plus de 1500 mètres, a connu un bond de 21,5% des valeurs immobilières sur son territoire. Alors que certaines stations, comme le Grand-Saint-Bernard, sont désormais abandonnées, d’autres se métamorphosent sous l’effet des sommes colossales injectées par des promoteurs étrangers. Après Andermatt (UR), c’est désormais au San Bernardino (GR), à Crans-Montana (VS) ou encore dans la vallée de Conches (VS) que les promoteurs cherchent à s’établir, appâtés par un tourisme alpin toujours hautement lucratif.
L’enthousiasme a aussi gagné les particuliers. Le cadre alpin est apprécié aussi bien par les baby-boomers à la retraite que les jeunes actifs qui, profitant du télétravail, peuvent désormais passer plus de temps dans les vallées alpines. En termes de placement, l’immobilier de montagne présente toutefois l’inconvénient de générer des rendements locatifs moins stables que ceux de l’immobilier urbain.
+30%
C’est l’augmentation moyenne des prix des logements de vacances en Suisse entre 2019 et 2024. Entre 2020 et 2022, les prix ont progressé à un rythme de 7 à 10% par an. Cette croissance a depuis ralenti, mais elle persiste. En 2024, les premières estimations tablent sur une hausse comprise entre 3 et 4% des prix de l’immobilier alpin, aussi bien en Suisse que dans les pays voisins.
39 000
C’est le prix du mètre carré moyen pour une propriété immobilière à Gstaad en 2024, soit 4% de plus que l’année précédente. La station bernoise se distingue comme la plus chère des Alpes, devant Saint-Moritz (31 255 francs/m2), Courchevel 1850 (30 404), Verbier (30 250), Zermatt (24 400) et Val d’Isère (22 701), selon l’«Alpine Property Report» de Naef Prestige | Knight Frank. En revanche, la croissance des valeurs immobilières la plus soutenue des Alpes suisses a eu lieu à Crans-Montana (+7%) et à Klosters (+6%). Les deux stations arrivent au pied du podium européen occupé par Courchevel 1850 (+9%), Kitzbühel (+8,5%) et Val d’Isère (+7%).
-50%
Depuis début 2020, le nombre de logements mis en vente a quasiment diminué de moitié, malgré une légère reprise début 2024. Parallèlement, depuis 2019, le parc de logements de vacances a progressé d’environ 3,5%, principalement sous l’impulsion des Grisons, où cette hausse a été deux fois supérieure à la moyenne.
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