Depuis plusieurs années, le marché immobilier dans les régions alpines enregistre une demande soutenue, alors que l’offre reste limitée. Une situation qui est en partie due à la Lex Weber, la législation qui limite la construction de résidences secondaires. «Paradoxalement, cette loi a d’abord eu un effet inverse: de nombreux promoteurs ont accéléré leurs projets avant son entrée en vigueur, alors que la demande ne suivait pas forcément à ce moment-là, explique Vincent Clapasson, directeur pour la Suisse romande de Wüest Partner. Mais une fois ce stock absorbé, l’offre s’est raréfiée, ce qui a contribué à la flambée des prix.»
Ainsi, la baisse de l’offre dans les stations valaisannes atteint aujourd’hui environ 50% sur cinq ans pour les appartements en propriété par étage (PPE), tandis que le taux de l’offre y est de 30% inférieur à la moyenne cantonale.
S’y ajoutent les conséquences de la crise sanitaire qui a déclenché une ruée vers l’immobilier en montagne. «Avec les restrictions liées à la pandémie, davantage d’acheteurs potentiels ont cherché plus d’espace et de nature. Ce mouvement s’est cumulé avec d’autres tendances, comme le télétravail, ce qui a renforcé l’attractivité de ces régions. Par ailleurs, les baby-boomers fortunés qui arrivent à la retraite cherchent un cadre plus sain, souvent en altitude, tandis que le réchauffement climatique pousse certains à privilégier des lieux plus frais en été.»
Tourisme quatre saisons et accessibilité
Conséquence: une hausse des prix des résidences secondaires est observée dans la grande majorité des communes touristiques, selon les dernières données de Wüest Partner. A Saint-Moritz et à Zermatt, où le prix moyen du mètre carré d’un appartement en PPE est aujourd’hui de 22 000 francs, les prix ont grimpé respectivement de 6,2% et de 5,8% sur les quatre derniers trimestres.
Crans-Montana intéresse un large spectre d’acheteurs, avec des prix allant de 6000 à 30 000 francs le mètre carré.
Vincent Clapasson, directeur pour la Suisse romande, Wüest Partner
Des hausses particulièrement fortes ont été enregistrées l’an dernier dans certaines communes valaisannes comme Anniviers (+21,7%) ou Crans-Montana (+15,5%). Une évolution qui s’explique par plusieurs facteurs. «Crans-Montana intéresse un large spectre d’acheteurs, avec des prix allant de 6000 à 30 000 francs le mètre carré, poursuit Vincent Clapasson. Par ailleurs, la station s’est positionnée depuis longtemps comme une destination quatre saisons, avec une offre sportive et culturelle variée, et profite d’une accessibilité aisée par la route ou les transports publics.»
Jusqu’où peut monter l’immobilier alpin? «Les prix devraient continuer d’augmenter cette année, mais à un rythme moins marqué, les prix actuels déjà élevés limitant la marge de progression.» Seule inconnue au tableau: l’impact de possibles nouvelles réglementations énergétiques. «Dans ce cas, une petite correction des prix pourrait survenir à terme sur certains segments, notamment en raison des coûts des travaux de rénovation.»
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