Il n’y a pas si longtemps, le petit village de San Bernardino (GR) était qualifié par la presse de «station de ski la plus triste de Suisse». Aujourd’hui, le promoteur tessinois Stefano Artioli prévoit d’investir près de 300 millions de francs pour redynamiser cette station endormie. Au programme: remontées mécaniques modernisées, hôtels flambant neufs, résidences de standing et centre thermal cinq étoiles. Objectif affiché: développer une station capable de rivaliser avec les grands noms du tourisme alpin.
A une centaine de kilomètres, l’entrepreneur d’origine égyptienne Samih Sawiris poursuit son œuvre pour transformer la station d’Andermatt (UR) en une destination haut de gamme. Après avoir déjà injecté près de 1,5 milliard de francs, il prévoit aujourd’hui 170 millions supplémentaires pour développer un nouveau quartier dans la localité voisine de Sedrun.
Le géant américain du ski Vail Resorts a pour sa part investi près de 150 millions de francs pour acquérir le contrôle de la société qui exploite les remontées mécaniques et les restaurants du domaine skiable d’Andermatt-Sedrun. Une arrivée qui a permis à la station de rejoindre l’Epic Pass de la société américaine, qui compte près de 80 stations dans son réseau international, de quoi attirer une clientèle encore plus large.
Il faut dire que les Alpes offrent un cadre exceptionnel et une image de luxe et d’authenticité qui fait rêver à l’étranger.
Vincent Clapasson, directeur pour la Suisse romande, Wüest Partner
Le levier de l’immobilier
«Ces différents projets se caractérisent par une volonté clairement affichée de montée en gamme, explique Vincent Clapasson, directeur pour la Suisse romande de Wüest Partner, entreprise spécialisée dans l’expertise immobilière. Il faut dire que les Alpes offrent un cadre exceptionnel et une image de luxe et d’authenticité qui fait rêver à l’étranger.»
Boutiques, installations sportives flambant neuves et résidences haut de gamme: ces projets ont un impact important sur le marché immobilier de ces stations. «Ces développements se font principalement dans des localités qui bénéficient d’une certaine réserve foncière et d’une bonne accessibilité», poursuit l’expert.
L’effet sur les populations locales reste contrasté. D’un côté, ils créent des emplois et une nouvelle attractivité touristique. A San Bernardino, la relance de la station devrait ainsi créer 400 nouveaux emplois. Et à Andermatt, la montée en gamme a permis de financer de nouvelles infrastructures.
Mais cette évolution comporte aussi des revers, notamment concernant les prix de l’immobilier. «La montée en gamme de stations vise à attirer une nouvelle clientèle étrangère fortunée. Cela profite aux propriétaires actuels mais limite les possibilités d’achat pour les habitants du coin.»
Ainsi, le prix du mètre carré pour un appartement en propriété par étage (PPE) à Andermatt a atteint l’an dernier 22 000 francs, en hausse de 16,9% en comparaison annuelle. De quoi placer la station de Suisse centrale dans le quatuor de tête des communes de montagne les plus onéreuses, juste derrière Saint-Moritz, Pontresina et Zermatt.
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