Tout comme la boisson elle-même, les actions du secteur de l’alcool ont quelque chose à offrir à chacun. Whisky, bière, vin ou apéritifs: les investisseurs ont le choix entre des groupes largement diversifiés possédant plusieurs centaines de marques et des producteurs spécialisés dans un seul créneau.

Ce qui est intéressant, c’est que, après environ deux ans de morosité marquée par une baisse des ventes et des cours, certaines actions sont désormais sous-évaluées. Les rendements de dividendes sont parfois élevés.

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Des rois de la bière aux acteurs de niche

Les entreprises peuvent être grossièrement divisées en deux catégories: les bières et les boissons à forte teneur en alcool. Toutes les entreprises proposent également, dans la mesure du possible, une version sans alcool de leur produit principal. 

AB InBev, Heineken et Carlsberg comptent parmi les groupes brassicoles les plus stables et les plus performants en termes de chiffre d’affaires. Selon l’entreprise, ils produisent jusqu’à 700 variétés de bière différentes.

Diageo et Pernod Ricard font partie des principaux producteurs de boissons à forte teneur en alcool: whisky, vodka, gin (y compris la version sans alcool) et d’autres alcools ou liqueurs de renommée internationale sont produits par ces entreprises.

Alors qu’AB InBev affiche un chiffre d’affaires d’environ 52 milliards d’euros, Heineken et Carlsberg atteignent respectivement 29 milliards et 12 milliards d’euros, tandis que Diageo et Pernod Ricard réalisent 17 milliards et 11 milliards d’euros.

Les acteurs de niche Rémy Cointreau et Davide Campari réalisent un chiffre d’affaires respectivement de près de 1 milliard et d’un peu plus de 3 milliards d’euros. Leurs produits vont des apéritifs et liqueurs au cognac, en passant par des spécialités locales telles que le Metaxa grec ou le whisky de niche des Alpes. Avec une dizaine de marques par entreprise, ils sont plus spécialisés. Leurs fluctuations de chiffre d’affaires et de bénéfices ont donc tendance à être plus importantes.

Au cours des trois dernières années, un facteur a particulièrement donné du fil à retordre aux producteurs d’alcool: les consommateurs économes. Depuis l’exercice 2022, ce ne sont donc pas seulement les chiffres d’affaires qui souffrent, mais aussi et surtout les bénéfices.

Presque tous ces groupes ont enregistré une baisse de leurs bénéfices comprise entre 2% (Pernod Ricard) et 73% (Rémy Cointreau). Heineken a réussi à maintenir son niveau de bénéfices, tandis qu’AB InBev a vu ses revenus augmenter de 16%. Néanmoins, les cours des actions de toutes les entreprises de cette sélection ont perdu du terrain. Rémy Cointreau perd près de 72%, Pernod Ricard et Diageo cotent près de 50% de moins qu’au printemps 2022. Les autres titres reculent entre 35 et 5%.

Ces baisses ont également pesé sur les valorisations. Compte tenu des résultats attendus pour l’année à venir, les actions de ces entreprises se négocient à un ratio cours/bénéfice compris entre 12,7 et 14. Tous ces ratios sont inférieurs aux moyennes historiques. Campari et Rémy Cointreau font exception avec des ratios respectifs de 20 et 22,7.

La baisse des cours et la faible valorisation entraînent des rendements de dividendes parfois élevés. Les investisseurs obtiennent 4,9% chez Pernod Ricard et 4,1% chez Diageo, exonérés d’impôts comme tous les dividendes versés depuis le Royaume-Uni aux investisseurs suisses. Pernod Ricard et Diageo ont tous deux augmenté leurs dividendes pendant au moins dix ans et ne les ont jamais réduits.

Marges élevées et prime de valorisation

Ces corrections de cours offrent des opportunités aux investisseurs. Cela devrait être particulièrement le cas pour Rémy Cointreau, Campari et AB InBev. Pour les trois prochaines années, les analystes tablent sur une croissance des bénéfices de 13% par an pour ces trois entreprises, soit la plus forte de leur groupe de référence.

AB InBev se distingue par la combinaison de sa croissance, de la valorisation de ses actions et de la stabilité de ses bénéfices. Pour les investisseurs à la recherche d’un compromis stable, la brasserie pourrait être un bon choix. Si une forte croissance des bénéfices est attendue, la valorisation se situe dans la moyenne du groupe de référence avec un PER de 14 pour 2025. La taille et la diversité des produits garantissent en outre la stabilité du chiffre d’affaires et des bénéfices, dont les fluctuations se situent dans la partie inférieure du classement.

Rémy Cointreau et Campari sont en revanche le choix idéal pour les investisseurs plus enclins aux risques. Rémy Cointreau a particulièrement souffert du ralentissement de la demande et des discussions autour des droits de douane américains. Mais le cognac, le Metaxa ou le whisky écossais ne peuvent provenir que d’Europe. Reste à voir si les classes aisées aux Etats-Unis continueront à consommer ces produits malgré leur prix plus élevé.

Campari a quant à lui souffert de la liquidation des stocks américains, du ralentissement économique en Allemagne et du retrait de sa gamme par d’importants détaillants. La météo joue également un rôle important dans les ventes d’Aperol et compagnie.

Accélération possible au troisième trimestre

Les analystes d’UBS tablent désormais sur de meilleures conditions météorologiques. En outre, la performance de l’entreprise sur le marché américain difficile devrait rester nettement supérieure à la moyenne du marché. Selon les experts d’UBS, la restructuration vers un modèle «House of Brands» devrait permettre une allocation plus ciblée des ressources et une prospection plus efficace du marché.

Au troisième trimestre, la combinaison de ces facteurs et d’une base de comparaison faible pourrait entraîner une hausse de la marge brute et ainsi accélérer la dynamique. En ce qui concerne les droits de douane américains, UBS s’attend à un effet négatif à moyen et long terme de 90 points de base sur le bénéfice net. A court terme, ils peuvent être presque entièrement compensés par la gestion des stocks.

Les ratios cours/bénéfice des deux entreprises, respectivement de 20 et 22,7, sont les plus élevés du groupe de référence. La concentration accrue et les marges plutôt volatiles rendent ces titres particulièrement attractifs dans un environnement économique favorable.

Alors que les marges des groupes brassicoles oscillent entre 9 et 13%, Rémy Cointreau, Campari, Diageo et Pernod Ricard atteignent, en période favorable, des marges proches ou supérieures à 20%. De telles marges justifient généralement une prime de valorisation. Les investisseurs en profitent alors doublement: hausse des bénéfices et des valorisations.