En fait, cela devrait être une bonne nouvelle: les cent plus grands employeurs suisses atteignent actuellement les valeurs indicatives de genre exigées par la loi. Ainsi, une entreprise sur cinq compte aujourd’hui plus de 30% de femmes dans sa direction. «Les résultats de cette année laissent néanmoins un goût amer», déclare le recruteur de cadres Guido Schilling lors de la présentation du «Rapport Schilling 2024». Ce rapport examine à la loupe l'évolution des sexes au sein des directions d'entreprises suisses.

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Certes, les cent plus grandes sociétés helvétiques atteignent les exigences politiques minimales, mais à l'inverse, cela signifie aussi que près d'une entreprise sur quatre agit encore sans membre féminin au sein de sa direction. Dans les autres entreprises également, la tendance continue à la hausse de la proportion de femmes dans le management supérieur semble pour le moins s'arrêter. La forte tendance à la hausse qui s'était maintenue auparavant pendant des années - en 2018, seules 4% des entreprises remplissaient ce quota - est donc officiellement rompue.

Taux de fluctuation élevé chez les femmes directrices

Le fait que les valeurs indicatives politiques aient été atteintes ne surprend pas Guido Schilling. «Maintenant que les devoirs de base ont été faits, l'attention se porte sur les modèles à observer.» Il est particulièrement préoccupé par la forte fluctuation des femmes dans les directions des grandes entreprises suisses. Selon les chiffres, les femmes ont été nettement plus nombreuses à démissionner de leur poste au sein des directions l'année dernière que les années précédentes. Selon le recruteur, il est frappant de constater que les membres féminins de la direction sont restés nettement moins longtemps à leur poste que leurs collègues masculins, soit en moyenne trois ans contre sept ans.

«Une appartenance aussi courte ne peut pas durer», a souligné Guido Schilling lors de la présentation du rapport. Il voit une explication à cette fluctuation plus élevée dans le fait que les femmes dans les comités de direction sont plus souvent que les hommes arrivées dans l'entreprise de l'extérieur et n'ont pas été nommées en interne. Elles doivent donc d'abord se familiariser non seulement avec leur nouveau rôle, mais aussi avec l'entreprise et sa culture. En revanche, les personnes promues en interne connaissent déjà l'ADN spécifique de l'entreprise et disposent d'un réseau, ce qui les aide à s'établir dans leur position.

De plus en plus de patrons étrangers

Parmi les membres de la direction nouvellement nommés, 55% n'ont pas de passeport helvétique. Répartis par sexe, ils sont 51% chez les hommes et même 66% chez les femmes. Les entreprises cotées à la bourse suisse ont une composition nettement plus internationale. Elles comptent en moyenne 73% de membres étrangers dans leur direction, 68% des hommes et 85% des femmes n'ayant pas de passeport suisse.

Parmi les nouveaux membres de la direction, on remarque en outre que les femmes, âgées en moyenne de 49 ans, sont trois ans plus jeunes que leurs collègues masculins au moment de leur entrée dans le comité. Ces derniers sont nommés en moyenne à 52 ans. «Les femmes membres de la direction sont plus jeunes, sont promues plus tôt, ont tendance à ne pas avoir la nationalité suisse et restent nettement moins longtemps dans le comité que leurs collègues masculins», résume Guido Schilling dans son rapport. 

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.