On peut difficilement ne pas s’intéresser à la Chine si l’on est actif, comme beaucoup de PME suisses, dans un domaine de niche à forte valeur ajoutée. Mais faire le pas sans être accompagné reste un exercice à haut risque. C’est la conviction de Zhen Xiao, le CEO de Swiss Centers. Voilà pourquoi, avec son équipe d’une douzaine de personnes, il assiste les entreprises dans leur recherche des bons collaborateurs et d’espaces de bureaux, leur offre des services d’import-export, les aide à comprendre les besoins particuliers des consommateurs chinois. Et les règles parfois difficiles à décrypter des administrations locales, régionales, nationales.

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Fondée par l’entrepreneur fribourgeois Nicolas Musy, l’organisation Swiss Centers a ouvert son premier bureau à Shanghai il y a 25 ans. A ce jour, l’entreprise dispose de quatre centres en Chine: deux à Shanghai, un à Tianjin (située à 120 kilomètres de Pékin) et un à Changzhou, inauguré en 2024.

Zhen Xiao, lui, pendule entre la Suisse (le siège de Swiss Centers Group se trouve à Neuchâtel) et la Chine. Et s’il nous accueille au quartier général de l’organisation à Wai Gao Qiao, à Shanghai, c’est pour brosser un large panorama économique et nous faire rencontrer les responsables locaux de plusieurs entreprises suisses. Sur le mur du hall d’entrée, on voit d’ailleurs alignés les logos de PME suisses, mais aussi de grandes entreprises comme Georg Fischer, Swatch Group, Sika, Migros Industries.

Cet ingénieur de 47 ans est né à Wuhan. Alors même qu’il a été admis dans une université en Chine, il décroche une bourse pour des études d’ingénieur à la Nanyang Technological University de Singapour. Le voilà donc, à 18 ans, qui quitte son pays et sa famille. Son diplôme en poche, il va trouver son premier emploi dans une start-up... schwytzoise, avant de venir compléter son cursus à l’EPFL. Sous l’égide de Martin Vetterli, alors vice-président et futur président de la haute école lausannoise, il développe les relations universitaires avec la Chine et fait ses premières armes de bâtisseur de ponts entre son pays d’accueil et son pays d’origine. En 2010, peu tenté par une carrière purement académique, il prend la tête de Swiss Centers.

Entré en vigueur en 2014, l’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine va booster le commerce entre les deux pays. Zhen Xiao et l’équipe de Swiss Centers sont en première ligne pour aider les entreprises à profiter des nouvelles opportunités qui s’ouvrent. Le covid met un terme brutal à cette période de folle croissance – un choc pour de nombreuses entreprises, notamment pour plusieurs marques horlogères devenues hyper-dépendantes du marché chinois. «Jusqu’en 2020, nous ne savions pas où donner de la tête, explique Zhen Xiao. Nous organisions alors en moyenne 20 à 30 missions économiques par an. Ces trois dernières années, l’intérêt pour le marché chinois ne s’est que très progressivement réveillé.» Le voyage organisé pour le canton de Vaud ou la délégation d’entrepreneurs neuchâtelois menée par le chef de l’Economie du canton, le printemps dernier, témoignent de cette reprise des relations encore embryonnaire.

En collaboration avec l’Université de Saint-Gall, Swiss Centers publie aussi chaque année «The Swiss Business in China Survey». Une étude précieuse mesurant notamment l’indice de confiance des entreprises helvétiques actives en Chine. Le dernier rapport met en exergue un fort clivage d’opinions entre les managers basés en Chine et les dirigeants du siège des entreprises en Suisse. Rien d’étonnant: les années covid et le durcissement du régime de Xi Jinping ont rendu la situation plus difficile à appréhender. Près de deux tiers des expatriés ont quitté le pays. Si le cadre légal en matière de propriété intellectuelle s’est amélioré, le gouvernement a introduit de nouvelles législations, comme celle sur la protection des données. «Tout est devenu plus compliqué», observe Nicolas Musy, également patron de la société de conseil China Integrated, qui explique cette évolution par l’état de l’économie. Touchée de plein fouet par la crise immobilière, la classe moyenne n’a pas retrouvé confiance, malgré un PIB en hausse de 5,3%, selon les sources officielles. Mais rien n’y fait.  De belles opportunités de business demeurent pourtant, au cas par cas, selon les secteurs dans lesquels les entreprises sont actives, estiment Zhen Xiao et Nicolas Musy. Et même si la croissance ralentissait encore, la Chine reste attractive en raison de la simple taille de son marché.

Les nouveaux défis et les facteurs de succès

Les attentes des entreprises suisses en matière de croissance des ventes, des bénéfices et des investissements ont diminué depuis la reprise des affaires post-covid. C’est le résultat de la dernière étude «Swiss Business in China» publiée fin 2024. Les auteurs n’ont pas connaissance de sociétés ayant fermé leurs opérations en Chine, mais plusieurs entreprises sans présence locale ont renoncé à y exporter.

La concurrence des entreprises chinoises
Les entreprises chinoises privées sont considérées comme les plus dangereuses sur le marché intérieur. Suivent les concurrents étrangers et, loin derrière, les groupes en mains étatiques. Les avantages des sociétés chinoises? La connaissance de leurs marques par les consommateurs, la qualité de leurs produits et de leur technologie. Le facteur prix n’arrive qu’en cinquième position.

Le ralentissement de l’économie
Une consommation domestique en berne et une production industrielle excédentaire sont les ressorts de cette concurrence brutale. Et même si une hausse des coûts de la main-d’œuvre reste un facteur de préoccupation, il est en recul.

Les pressions pour produire localement
Les autorités veulent contraindre les entreprises étrangères à produire et à innover sur place. Elles visent la création d’emplois, mais aussi un transfert de savoir-faire qui renforce l’autonomie technologique du pays et permet une baisse des prix.