Samir Aliyev, 38 ans
Nouveau Fondateur et CEO du Swiss Cyber Institute, Zurich

<p>Samir Aliyev veut positionner Zurich comme plaque tournante de la cybersécurité.</p>

Samir Aliyev veut positionner Zurich comme plaque tournante de la cybersécurité.

© DR

La deuxième édition de la Global Cyber Conference aura lieu cet automne. C’est l’expert en cybersécurité Samir Aliyev qui l’a lancée. Sa vision: «Positionner Zurich comme plaque tournante de la cybersécurité, comparable à Davos en termes d’influence globale et de coopération internationale.» En 2019, il a fondé à cet effet le Swiss Cyber Institute (SCI), qui dispense des formations dans le domaine de la cybersécurité avec le concours de professeurs internationaux. Ses services sont très sollicités, car le marché de l’emploi est particulièrement demandeur. Plus de 100 000 cyberspécialistes seront nécessaires ces prochaines années. Samir Alyiev veut former 10 000 personnes en Suisse d’ici à 2027. Le parcours qu’il a effectué pour devenir cyberexpert et formateur a été rapide mais non sans détour. Il a commencé ses études à Bakou (Azerbaïdjan) à l’âge de 16 ans pour obtenir un master en droit européen à Ankara (Turquie), puis un master en droit économique international à Zurich en 2018. En 2019, il obtient un certificat de Certified Cybersecurity Expert à la prestigieuse Université de Harvard. A partir de là, la voie était toute tracée pour lui. Avec le SCI, il fait aujourd’hui partie des principaux formateurs de cadres et d’experts en cybersécurité en Suisse.

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Charlotte Axelsson, 40 ans
Responsable de l’apprentissage en ligne, Haute Ecole des arts, Zurich

Charlotte Axelsson

Charlotte Axelsson développe de nouveaux concepts sur la manière dont nous allons apprendre à l’avenir.

© Regula Bearth

Comment apprendrons-nous à l’avenir? Cette question est au cœur du travail de Charlotte Axelsson. En tant que responsable de l’e-learning à la Haute Ecole des arts de Zurich (ZHdK), elle enseigne, développe et fait de la recherche sur les apports du numérique dans l’éducation. Avec ses contributions, elle se trouve au cœur de l’actualité. Ainsi, elle est à l’origine du webinaire «AI or what the ChatGPT» qu’elle a développé et organisé avec David Schmocker de l’Université de Zurich dès avril 2023. Son engagement ne se reflète pas seulement dans la didactique, mais aussi dans le développement de nouveaux concepts. Il s’agit par exemple du LeLa LernLabor ou du nouveau cours CAS «Digitale Lern- und Lernkultur» de la ZHdK. En automne, deux livres qu’elle a coécrits et édités paraîtront sur les thèmes de la didactique universitaire et des possibilités d’aménagement dans l’espace d’apprentissage numérique.

 


Lara Fritsche-Riparip, 32 ans
Programmeuse et cofondatrice de GirlsCodeToo, Zurich

<p>Lara Fritsche-­Riparip ouvre la voie du monde de la programmation aux filles.</p>

Lara Fritsche-Riparip ouvre la voie du monde de la programmation aux filles.

© Luis Laugga

Plus de 1000 filles ont déjà appris à programmer avec elle. Ou du moins s’y sont initiées. Les activités avaient d’abord lieu uniquement lors d’ateliers organisés par l’organisation Girls-CodeToo, et maintenant elles se déroulent de plus en plus dans les écoles. «Nous avons commencé cette année à Genève. Nous allons aussi en Suisse alémanique et au Tessin», rapporte Lara Fritsche-Riparip. L’informaticienne est programmeuse pour le fabricant de logiciels bancaires Avaloq et, pendant son temps libre, elle œuvre à encourager des femmes à suivre une voie similaire à la sienne. C’est dans ce but qu’elle a lancé GirlsCodeToo.

Lara Fritsche-Riparip est convaincue que les filles ont une autre approche de la programmation que les garçons. «Au début, les filles se sentent souvent peu sûres d’elles et ne savent pas vraiment par où commencer, dit-elle. Les garçons se lancent spontanément, peu importe s’ils font des erreurs.» En tant que formatrice, elle a souvent constaté que cela ne créait pas une bonne dynamique dans les groupes mixtes.

La spécialiste s’est reconvertie dans l’informatique avec succès après avoir commencé à étudier la neurobiologie. Elle est venue à la programmation – comme nombre d’autres scientifiques – en manipulant de grandes quantités de données pendant son travail de master. «J’ai appris à coder toute seule et maintenant j’aide les autres dans cet apprentissage.»

Ce faisant, elle veut changer la perception du métier. Beaucoup imaginent encore les programmeurs comme des personnes qui conçoivent leur code en solitaire dans une cave, dit Lara Fritsche-Riparip. «Cela ne correspond pas à la réalité. C’est en revanche généralement un travail d’équipe passionnant.» 

Selon elle, il est important de donner aux enfants un accès précoce à la programmation. Il s’agit moins d’apprendre un langage de programmation spécifique que d’acquérir une pensée structurée. «En programmant, on apprend à séparer les problèmes en différentes unités pour les résoudre.» C’est une compétence de vie, une capacité dont tout le monde a besoin. Il existe encore un fort déséquilibre entre les genres dans sa branche, rappelle Lara Fritsche-Riparip. Chez son employeur, Avaloq, elle appartient à une minorité. «Nous vivons dans un monde technologique qui est fortement dominé par les hommes.» Mais si toutes les applications ne sont créées que par des hommes, les besoins spécifiques des femmes en tant qu’utilisatrices ne seront pas pris en compte. «Il faut changer cela», affirme Lara Fritsche-Riparip.

 


Hana Harencarova, 36 ans
Nouveau Fondatrice de Moms learn to code, Zurich

<p>Hana Harencarova apprend aux mères à coder, même en présence de leurs bébés. </p>

Hana Harencarova apprend aux mères à coder, même en présence de leurs bébés. 

© DR

Hana Harencarova est une femme d’action. «J’aime résoudre les problèmes, en particulier ceux qui représentent un défi», déclare cette Slovaque d’origine, qui a effectué des études de psychologie et un doctorat à Bratislava. Son travail de thèse avait pour thème la manière dont les équipes d’urgentistes prennent des décisions face à des enjeux de vie ou de mort. A cette occasion, elle s’est lancée dans la programmation informatique. Parallèlement, elle a créé la plateforme Moms Learn to Code dans le but d’enseigner la programmation à des mères, en présence de leurs bébés. 

Elle est également engagée dans le projet Ruby Monstas, une formule qui est une contraction entre le nom du langage de programmation Ruby et Monday (lundi). Hana Harencarova y est l’une des enseignantes. Afin d’œuvrer à la diffusion des compétences en programmation, elle coorganise aussi Helvetic Ruby, la première conférence Ruby en Suisse, qui aura lieu le 24 novembre à Berne. En 2022, elle a rejoint l’équipe d’analyse de code sur la plateforme GitHub en tant que développeuse de logiciels.

Hana Harencarova aime aussi le grand air et nourrit une passion pour le parapente. Avec son partenaire, elle a créé sa propre école, Skyjam Zurich Paragliding. Elle n’a aujourd’hui qu’un seul regret: ne plus avoir le temps de voler autant qu’auparavant.

 


Öykü Işık, 42 ans
Professeure à l’IMD, Lausanne

<p>Öykü Işık figure parmi les principaux penseurs du futur selon le WEF. </p>

Öykü Işık figure parmi les principaux penseurs du futur selon le WEF. 

© Christophe Senehi

Professeure à l’IMD, Öykü Işık enseigne la cybersécurité, la résilience numérique, ainsi que les conséquences des technologies disruptives sur l’économie et la société. Siégeant également au Global Future Council on Cybersecurity du World Economic Forum, elle figure parmi les principaux penseurs du futur désignés par le radar Thinkers50. Öykü Işık déclare: «Les entreprises devraient se soucier des problèmes de sécurité du stade de l’idée du produit à la mise sur le marché. De la sorte, les processus, les services et les produits pourraient intégrer l’aspect sécuritaire dans leur conception et leur développement.» 

Selon cette experte, tous les dirigeants ne sont pas des spécialistes en marketing, mais ils sont capables d’échanges sur ce thème, car le marketing est considéré comme une compétence commune. Cela devrait également être le cas pour la cybersécurité. «En tant qu’enjeu fondamental, la sécurité informatique doit maintenant faire partie de la discussion dans toute stratégie commerciale. Ce sujet ne peut pas être réservé aux experts techniques et au directeur informatique, que le conseil d’administration n’entend que dix minutes par trimestre.»

 


Tanja Lau, 38 ans
Nouveau Fondatrice et CEO de la Product Academy, Berne

Tanja Lau

Tanja Lau transmet aux créateurs d’entreprise et aux développeurs de produits un concentré de connaissances pratiques.

© DR

Tanja Lau offre aujourd’hui à d’autres développeurs de produits et fondateurs de start-up ce dont elle aurait elle-même souhaité disposer plus tôt dans son parcours: de bons conseils et un réseau solide. Fondée en 2019, sa Product Academy réunit plus de 60 mentors, coachs et formateurs qui travaillent bénévolement ou en tant que free-lance. La plateforme est présente à Zurich, à Berne, à Berlin et à Munich. Comme Tanja Lau, les personnes impliquées ont toutes une expérience de création d’entreprise ou occupent des postes de direction en tant que chefs de produit. Le réseau propose des ateliers pratiques, des formations en interne et des coachings.

Les diplômés de la Product Academy forment par la suite un réseau, voire une famille, selon la fondatrice. La demande est importante. «L’Academy ne croît pas aussi vite qu’elle le pourrait. Je préfère que les structures gardent une dimension raisonnable», explique-t-elle. La communauté et la croissance organique priment sur une expansion inconditionnelle. Elle veille aussi à limiter son temps de travail. La trentenaire détaille: «J’ai créé une activité très entrepreneuriale mais réalisable à 40% ou même moins.» Avec deux enfants en bas âge, l’entrepreneuse souhaite consacrer du temps à sa famille. Le plus jeune est né seulement quatre mois avant la création de l’Academy.

 


Christian Marty, 35 ans
Nouveau CEO et fondateur d’Evulpo, Zurich

<p>«Nous voulons devenir la plus grande plateforme d’apprentissage du monde», indique Christian Marty.</p>

«Nous voulons devenir la plus grande plateforme d’apprentissage du monde», indique Christian Marty.

© DR

Christian Marty est titulaire d’un doctorat en histoire. Avec sa start-up Evulpo, il souhaite contribuer au succès scolaire des jeunes de 9 à 19 ans. Il a créé une plateforme d’apprentissage qui permet de résoudre des équations, de décliner des verbes et de mémoriser les capitales des pays. L’idée d’Evulpo est née dans le cadre de la structure de soutien scolaire zurichoise Schlaumacher, la première entreprise lancée par Christian Marty et ses partenaires commerciaux. «Nos élèves aimaient travailler avec du matériel d’apprentissage sur internet», raconte Christian Marty. Ce deuxième pilier est devenu l’activité principale des entrepreneurs. Sur Evulpo.com, les jeunes trouvent des vidéos explicatives, des résumés et des exercices pour toutes les matières de base. Evulpo est déjà disponible en ligne dans sept pays européens. Le saut en Amérique du Sud et en Afrique est prévu pour l’année prochaine. Christian Marty affiche de grandes ambitions: «Nous voulons devenir la plus grande plateforme d’apprentissage du monde.» Evulpo a déjà récolté plus de 10 millions de francs auprès de différents investisseurs. Sur un marché où les plateformes d’e-learning sont déjà nombreuses, il a créé un produit qui se distingue par une offre en partie gratuite. «Nous proposons une offre générale qui s’oriente vers les programmes scolaires. Seul le service de base est gratuit. En Suisse, 3% des clients ont déjà souscrit un abonnement.»

 


Luca Mauriello, 45 ans
Nouveau CEO de la Formati Academy, Vico Morcote (TI)

Luca Mauriello

Luca Mauriello promeut la compétence numérique et l’innovation au Tessin.

© DR

La réalité virtuelle a depuis longtemps dépassé le stade du gadget. C’est ce que démontre le projet Ated4special, porté par l’association Ated ainsi que par les pouvoirs publics. Celui-ci prévoit, notamment, la conception d’un village virtuel dans le métavers. «Nous pouvons utiliser ce développement pour aider les enfants autistes à gérer leur quotidien», explique le vice-directeur de l’association, Luca Mauriello. Dans le cadre sécurisé de la réalité virtuelle, les enfants apprennent par exemple à traverser la rue ou à faire leurs courses au supermarché. Pour Luca Mauriello, ce projet est un exemple type de la manière dont la technologie peut profiter à tous les membres de la société, y compris les plus vulnérables. Par le biais de la Formati Academy, Luca Mauriello s’engage afin de promouvoir les compétences numériques et la force d’innovation du Tessin. Les réussites sont nombreuses. La Formati Academy a notamment conduit la Confédération à débloquer plus de 900 000 francs de subventions pour la formation en TIC (technologies de l’information et de la communication) pour les travailleurs de la région. Luca Mauriello qualifie ce succès de «petit miracle».

 


Rolf Schaub, 63 ans
Fondateur d’ICT Scouts/Campus Förderverein, Titterten (BL) 

Rolf Schaub

Rolf Schaub repère les jeunes doués en informatique et les soutient ensuite pendant trois ans.  

© Mirjam Kluka

Le désir de changer les choses est un moteur chez Rolf Schaub. Pendant vingt ans, ce psychologue et informaticien de formation a travaillé en tant qu’enseignant dans une école professionnelle. Il donnait aussi des formations informatiques pour les entreprises. En 2013, il a fondé l’association ICT Scouts, qui fonctionne comme un programme de promotion des talents pour les jeunes. Ses quelque 60 dénicheurs d’aptitudes se rendent dans des écoles de 12 cantons pour débusquer des jeunes doués en informatique. Ceux-ci sont ensuite encouragés et formés pendant trois ans sur sept sites. Actuellement, environ 700 adolescents de 12 à 15 ans bénéficient de cette offre. Quelque 40% d’entre eux sont des filles, ce qui est un bon chiffre pour le secteur de l’informatique. «Nous devons convaincre les filles et leurs parents que l’informatique est un domaine dans lequel elles peuvent s’épanouir», estime Rolf Schaub. A 63 ans, il prépare son passage de l’opérationnel à la stratégie au sein de son association. «Avant de céder la place, je veux donner au projet des bases financières saines. Je travaille encore à cela.»

 


Christophe Wagnière, 47 ans
Nouveau Fondateur et CEO de l’École 42, Lausanne

Christophe Wagnière

Christophe Wagnière a renforcé cette année son engagement dans la cyberdéfense en créant son propre institut.

© Niels Ackermann / Lundi13

Une école sans cours ni professeurs. Tel est le concept de l’Ecole 42. Lorsque Christophe Wagnière a fondé, en 2021, à Lausanne, la filiale suisse de l’école internationale d’informatique, il poursuivait deux objectifs. «D’une part, il s’agissait, et il s’agit toujours, pour moi de lutter contre la pénurie de spécialistes en informatique dans notre pays.» D’autre part, il voulait permettre à ceux qui présentent les compétences requises mais qui n’ont pas accès au parcours académique classique, de faire carrière dans le secteur de l’informatique.

Le principe de l’Ecole 42 est originaire de France. En résumé, il s’agit d’une franchise d’innovation pour le secteur informatique. L’enseignement est gratuit dans les 50 sites répartis dans le monde entier, les étudiants peuvent apprendre aussi bien sur le campus qu’à domicile. «Les contenus d’apprentissage sont délibérément orientés vers des projets, car nous ne voulons pas seulement transmettre des connaissances techniques, mais aussi aiguiser les compétences de coopération.» Cela crée une ambiance de start-up particulière. Les études durent deux à trois ans, avec un stage dans le monde de l’entreprise.

Il n’est pas surprenant que, dans un lieu d’innovation numérique comme l’Ecole 42, le thème de la cyberdéfense suscite une grande attention. Cette année, Christophe Wagnière et son équipe ont créé l’Institut de cybersécurité appliquée. Le directeur met en garde: «Le fait que la Suisse manque aussi gravement de spécialistes dans ce domaine est un problème pour le pays.» En raison de son expérience professionnelle dans le monde bancaire, il sait à quel point ce thème est central pour la place financière locale, ainsi que pour l’ensemble de la place économique helvétique. «On nous fait confiance, à nous et à nos services, dans le monde entier. Pour préserver cette confiance, il est indispensable de disposer de spécialistes en sécurité informatique.» C’est pourquoi les étudiants sont encouragés à se spécialiser dans ce domaine. Parallèlement, les entreprises sont invitées à proposer davantage de stages dans ce secteur. «Et, enfin, nous collaborons également avec des étudiants et des spécialistes d’autres institutions, afin qu’ils puissent renforcer ensemble la cybersécurité de la Suisse.»

 


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