Felix Adamczyk, 37 ans
Fondateur et CEO de Qiio, Zurich

Felix Adamczyk

«Nous connectons les appareils à internet en toute sécurité dans les conditions les plus difficiles», déclare Felix Adamczyk.

© Roger Hofstetter

Qiio, le nom de la start-up zurichoise, a des sonorités italiennes. La société a maintenant 9 ans et affiche un chiffre d’affaires de 5 millions de francs. L’internet des objets (IoT) doit doper sa croissance. Felix Adamczyk est à la fois le fondateur et le patron. Sa vision est d’intégrer une puce dans tous les objets de production ou les appareils ménagers afin de les mettre en réseau dans le monde entier et de créer ainsi de la valeur ajoutée. «Nous connectons en toute sécurité les machines et les appareils à internet dans les conditions les plus difficiles», explique le CEO.

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Les défis ne cessent de croître, dans un contexte où les cyberattaques sont en constante augmentation, créant le désespoir tant parmi les entreprises privées que les autorités. «On pourrait avoir peur», estime Felix Adamczyk. Mais comme l’homme est entrepreneur, il voit des opportunités dans la situation. Depuis le Cyber Resilience Act datant de mars 2022, l’Union européenne exige des mesures de sécurité renforcées, notamment en ce qui concerne l’IoT. Cette évolution ouvre des possibilités à Qiio, dont la mission est d’empêcher la production de s’arrêter, même en cas d’attaque informatique.

L’IoT est définitivement entré dans nos vies, souligne Felix Adamczyk. Le patron le constate chaque jour. Dans les magasins d’alimentation par exemple, des capteurs surveillent chaque compartiment réfrigéré et veillent à ce que la chaîne d’approvisionnement reste intacte. Le fondateur de Qiio a les chiffres de son côté. Selon les analystes du secteur, le nombre d’appareils IoT connectés devrait atteindre 27 milliards d’ici à 2025.

 


Ramzi Bouzerda, 49 ans
Nouveau Fondateur et CEO de Droople, Puidoux (VD)

<p>Ramzi Bouzerda optimise la consommation d’eau.</p>

Ramzi Bouzerda optimise la consommation d’eau.

© Roger Hofstetter

Après l’internet des objets, la société a besoin d’un internet de l’eau. Voilà le cœur d’activité de Droople. L’idée est venue à Ramzi Bouzerda alors qu’il préparait le biberon de son fils à 3 heures du matin. «Je me suis demandé pourquoi mon robinet ne pouvait pas simplement me donner la quantité d’eau adéquate», explique l’entrepreneur. A l’EPFL, il a développé un débitmètre intelligent qui mesure la consommation d’eau et indique les économies potentielles. Avec P&G, Ikea et Electrolux, Droople est partenaire du programme 50L Home Coalition. Ce projet, en cours aux Etats-Unis, offre des analyses basées sur des données de la consommation d’eau des bâtiments. 

 


Richard Ettl, 38 ans
Cofondateur et CEO de SkyCell, Zoug

Richard Ettl

Richard Ettl transporte des marchandises sensibles, comme des médicaments, en toute sécurité par fret aérien.

© www.4kp.ch

«Nous sommes des pionniers en matière d’IoT», affirme Richard Ettl. Cette déclaration n’est pas exagérée. Cela fait déjà onze ans que, avec Nico Ros, cofondateur, il a lancé SkyCell. La start-up produit et loue des conteneurs de fret aérien bourrés de capteurs pour les marchandises sensibles, dont les médicaments. «Au final, nous vendons de la gestion des risques», dit-il. Un marché de niche, mais en pleine croissance, qui doit passer de 2,5 milliards de dollars actuellement à 5,5 milliards en 2030. Chez SkyCell, les affaires sont florissantes. Chaque mois, les 240 collaborateurs expédient des marchandises pour une valeur de 1,5 milliard de francs. L’entreprise croît chaque année de 50 à 60%. La pandémie a créé un boom pour l’entreprise lorsqu’il a fallu approvisionner le monde en vaccins. Aujourd’hui, les carnets de commandes de SkyCell sont remplis de produits comme l’agent amincissant Ozempic et le nouveau vaccin contre la dengue. Les perspectives d’avenir sont très positives. La plupart des entreprises utilisent encore des conteneurs en polystyrène jetables qui sont incinérés une fois la livraison effectuée. Non seulement ce n’est pas écologique, mais cela devient de plus en plus cher, car un nombre croissant de pays imposent des taxes d’élimination.

SkyCell est d’ores et déjà rentable. «C’est presque une condition sine qua non dans le monde actuel des start-up, car les investisseurs ne sont plus prêts à financer la croissance à tout prix», note le fondateur. SkyCell vient ainsi de lever 50 millions lors d’un nouveau tour de financement. L’entreprise a été évaluée à plus d’un demi-milliard de francs.

 


Adriana Maldonado de Grüschow, 30 ans
Nouveau Responsable ingénierie chez Zühlke, Schlieren (ZH)

Adriana Maldonado de Grüschow

Adriana Maldonado de Grüschow améliore les modèles commerciaux de ses clients grâce à des appareils plus intelligents.

© DR

Adriana Maldonado de Grüschow conseille les entreprises sur la manière dont elles peuvent développer leurs modèles commerciaux grâce à des appareils plus intelligents. Le concept est celui de la transformation numérique du matériel. Prenez les capteurs. Il y a ceux qui ne font que mesurer. Il y en a d’autres qui mesurent, renvoient des informations et optimisent leur propre fonctionnement grâce à des algorithmes, pour ensuite piloter automatiquement des systèmes. Adriana Maldonado de Grüschow ne fait pas que conseiller, elle aime aussi installer de tels systèmes. Son employeur actuel a ses propres ateliers, c’est pourquoi elle l’a rejoint. Au bénéfice d’une expérience acquise chez ABB, General Electric et Porsche, cet esprit agile voit des liens que d’autres ne voient pas. Son champ d’action s’étend de l’industrie aux produits de consommation. Elle veut équiper ces derniers de manière à ce qu’ils durent plus longtemps et soient entièrement recyclés.

Dans les équipes de développement, Adriana Maldonado de Grüschow est souvent la seule femme. Elle aimerait que la situation évolue vers davantage de mixité et s’engage dans cet objectif. En privé, cette native du Guatemala promeut avec une collègue un site web qui vise à amener les femmes n’ayant pas fait d’études techniques à des métiers numériques.

 


Felix Hug, 47 ans
Nouveau CEO d’electrojoule, Aarau

<p>Felix Hug augmente l’efficacité des installations de chauffage.</p>

Felix Hug augmente l’efficacité des installations de chauffage.

© DR

Chaque fois que le décompte de loyer arrive à la maison, c’est une nouvelle surprise. A combien s’élèvent les charges, dont les frais de chauffage représentent une grande partie? Ces coûts ont pris l’ascenseur l’année dernière. La population a craint une pénurie en hiver, ce qui a engendré une forte demande en nouvelles installations de chauffage. La ruée a généré des coûts supplémentaires et des délais d’attente.

«Dans mon travail sur les installations de chauffage, j’ai toujours constaté que celles-ci étaient mal configurées et mal réglées. En conséquence, les appareils consomment trop d’énergie et nécessitent des réparations plus fréquentes. Ils doivent même souvent être remplacés après quelques années seulement», rapporte Felix Hug. Avec son entreprise Electrojoule, il souhaite apporter des solutions à ces problèmes. L’entreprise travaille sur la base de l’IoT (internet des objets) et équipe les installations de chauffage existantes de capteurs intelligents. Ceux-ci mesurent régulièrement des dizaines d’indicateurs différents et les transmettent à une base de données. L’état de l’installation de chauffage peut y être vérifié en quelques secondes.

Avec son entreprise, Felix Hug répond pleinement aux besoins actuels du marché. Ce service numérique prolonge considérablement la durée de vie des installations et permet de faire des économies. Et en même temps, il rassure les habitants quant au du chauffage en hiver.

 


Fabien Jordan, 39 ans
Nouveau CEO d’Astrocast, Chavannes-près-Renens (VD)

<p>Fabien Jordan exploite 20 mini-­satellites et offre une connectivité là où les télécommunications terrestres ne sont pas possibles.</p>

Fabien Jordan exploite 20 mini-satellites et offre une connectivité là où les télécommunications terrestres ne sont pas possibles.

© DR

Fabien Jordan vise haut avec son entreprise Astrocast, au sens propre comme au figuré. Cet entrepreneur propose des services de télécommunications non pas terrestres mais spatiaux. 

Astrocast est un opérateur de satellites, plus précisément de mini--satellites pas plus grands qu’une boîte à chaussures. «Notre force réside dans la miniaturisation», dit-il. Grâce à l’internet des objets, Astrocast relie tout ce qui ne peut pas communiquer par lui-même. Des troupeaux de vaches, par exemple, peuvent être dirigés à l’aide des satellites. Il en va de même pour des porte-conteneurs, qui naviguent souvent dans des zones non desservies par les opérateurs de télécommunications terrestres. Il faut savoir que seulement 15% de la surface terrestre est desservie par les télécommunications terrestres. «Nous vendons de la connectivité partout où il n’y a pas d’opérateurs téléphoniques», détaille Fabien Jordan. Actuellement, l’entreprise de Chavannes--près-Renens possède 20 satellites. Elle est ainsi le troisième plus grand opérateur de satellites en Europe. L’objectif est d’étendre le réseau à 100 satellites. 

Fortement subventionnée, la concurrence européenne donne du fil à retordre aux Suisses. Un concurrent hexagonal est par exemple financé à 80% par l’Etat français. Astrocast est coté à la bourse d’Oslo, avec parmi ses investisseurs des family offices et des investisseurs européens en capital-risque. L’entreprise est présente dans 73 pays.

 


Daniel MacGregor, 47 ans
Nouveau Cofondateur et CEO de Nexxiot, Zurich

<p>Daniel MacGregor veille à ce que les marchandises ne se perdent plus, ne soient plus endommagées ou n’arrivent plus en retard.</p>

Daniel MacGregor veille à ce que les marchandises ne se perdent plus, ne soient plus endommagées ou n’arrivent plus en retard.

© Roger Hofstetter

D’innombrables conteneurs maritimes sillonnent chaque jour les mers. Un petit capteur d’origine suisse est embarqué sur des centaines de milliers d’entre eux. Il est produit par l’entreprise de Daniel MacGregor, Nexxiot, spécialisée dans la collecte de données sur la chaîne d’approvisionnement mondiale. Grâce à sa solution, les entreprises savent à quel endroit et dans quel état se trouvent leurs marchandises. Auparavant, peu de transporteurs disposaient de telles informations. C’est ce qui a incité l’entrepreneur britannique à cofonder Nexxiot en 2015. L’ex-chasseur de têtes estime que résoudre un problème est une mission. «Beaucoup de marchandises se perdent, sont endommagées ou arrivent en retard. Ce n’est pas un hasard, c’est dû au manque d’informations», détaille Daniel MacGregor.

Nexxiot équipe les conteneurs maritimes et les wagons de train de détecteurs de mouvement intelligents, prépare les données pour les clients et met à leur disposition le logiciel qui leur permet d’utiliser les informations. La start-up zurichoise compte déjà plus de 110 collaborateurs. La liste des clients comprend notamment la compagnie maritime Hapag-Lloyd et les CFF. L’assureur La Mobilière fait partie des investisseurs. Nexxiot est en bonne voie pour devenir une licorne, soit une firme valorisée à 1 milliard de dollars, dans les prochaines années. «Grâce à Nexxiot, la Suisse est devenue un centre d’innovation dans les chaînes d’approvisionnement», se félicite Daniel MacGregor.

 


Serge Morisod, 53 ans
Nouveau Chief Digital Officer du CSEM, Neuchâtel

Serge Morisod

Serge Morisod souhaite favoriser la numérisation des PME. 

© DR

En tant que Chief Digital Officer du centre d’innovation et de recherche public-privé CSEM, Serge Morisod considère que sa principale mission est de faire progresser la numérisation des entreprises suisses, en particulier des PME. «Dans le cadre de mes activités professionnelles, je rencontre des PME dotées d’un savoir-faire impressionnant, rapporte-t-il. Mais j’ai constaté qu’elles ont du mal à se lancer dans des initiatives numériques parce qu’elles sont très éloignées de ce monde.» Il a donc créé une solution «Chief Digital Officer as a service». Il s’agit d’une aide externe pendant un certain temps pour faire avancer les thèmes de la numérisation. Serge Morisod a lui-même acquis une expérience industrielle auprès du fabricant de machines Bobst, où il a aidé à accélérer des projets dans le domaine de l’internet des objets. Ce thème est prépondérant dans le paysage des PME suisses, selon l’expert en numérique. Au registre de ses convictions, il estime que les autorités devraient réglementer plus strictement des plateformes comme Uber et Booking. Des règles plus strictes sont en effet nécessaires pour empêcher les comportements abusifs, également chez les banques et les assurances.

 


Jonas Schmid, 38 ans
Nouveau Co-CEO et VP chez Akenza, Zurich

Jonas Schmid permet aux entreprises de développer rapidement leurs propres solutions IoT intelligentes.

Jonas Schmid permet aux entreprises de développer rapidement leurs propres solutions IoT intelligentes.

© DR

Le premier contact de Jonas Schmid avec l’internet des objets (IoT) a eu lieu lorsque sa start-up de jardinage urbain a voulu relier un capteur mesurant l’humidité du sol à une application. L’opération s’est avérée extrêmement complexe. Cette expérience a constitué la base des solutions que Jonas Schmid propose aujourd’hui avec son entreprise Akenza. En tant que cofondateur et codirecteur général, il est responsable du développement commercial et des relations avec les clients. «L’un des grands défis de l’internet des objets est de relier les objets physiques les plus divers et les formats de données les plus variés au cloud, afin de les y rendre utilisables», explique Jonas Schmid.

C’est pourquoi Akenza aide les entreprises à développer leurs propres applications IoT. Dans la pratique, les applications ne relèvent pas du département informatique et doivent être exploitées ultérieurement en dehors de celui-ci. Le facteur de réussite central d’Akenza est donc d’offrir une plateforme logicielle qui permet aux entreprises de développer et d’utiliser rapidement leurs propres solutions IoT intelligentes. Et ceci sans devoir se lancer immédiatement dans des projets informatiques complexes. Pendant son temps libre, Jonas Schmid aime entreprendre des expéditions aventureuses. Il a par exemple navigué avec sa femme et un petit groupe d’expédition des îles Malouines à la Géorgie du Sud, qu’il a ensuite traversée à skis.

 


Pascal Uffer, 38 ans
Nouveau Fondateur et CEO de Boostbar, Zurich

Pascal Uffer

«Les clients veulent interagir avec les distributeurs automatiques, ils veulent consulter les informations sur les produits, les ingrédients ou les réductions», relève Pascal Uffer.

© Suse Heinz pour "BILANZ"

Après une enfance en Suisse orientale, Pascal Uffer a suivi une formation d’ingénieur à l’EPFZ, avec une spécialisation en nanotechnologie. Peu tenté par l’idée de passer toute sa vie dans un laboratoire de recherche, il a rejoint le géant du conseil McKinsey, puis la société de capital--investissement KKR à Londres. Au sein de cette dernière, il a dirigé le redressement de Selecta, puis il a rejoint la direction de la firme remise sur pied. En juin 2020, en pleine crise du covid, il a fondé Boostbar, une entreprise qui propose des distributeurs automatiques d’alimentation. Le timing était parfait. De nombreuses entreprises avaient besoin de solutions pour nourrir leurs employés, car les cantines étaient fermées. L’Hôpital pour enfants de Zurich et l’hôtel Radisson de l’aéroport de Zurich ont été parmi les premiers clients. 

La technologie développée par Boostbar est également vendue à d’autres exploitants. «Nous ne prenons la place de personne, au contraire. Nous soutenons le développement de petites entreprises, pointe Pascal Uffer. Nous numérisons en outre l’expérience d’achat. Aujourd’hui, les clients veulent interagir avec les distributeurs automatiques, ils veulent consulter les informations sur les produits, les ingrédients ou les réductions.» La technologie de Boostbar est donc conçue de manière à s’adapter aux distributeurs existants dans l’objectif de les numériser. Boostbar emploie actuellement 75 personnes. Le chiffre d’affaires de 10 millions de francs devrait grimper à plus de 100 millions au cours des quatre à cinq prochaines années. L’entreprise devrait être rentable fin 2024. Les livraisons sont effectuées dans toute l’Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis et au Japon. 

Pascal Uffer a encore beaucoup d’autres projets. D’autant plus maintenant qu’il se sent de nouveau en bonne santé. Il y a dix-huit mois, on lui a diagnostiqué un cancer du poumon en phase terminale. Dans ses poumons logeait une tumeur de 9 centimètres, ainsi que des dizaines de métastases, dont neuf avaient atteint le cerveau. «A l’époque, je n’avais plus qu’un objectif: mettre l’entreprise en sécurité d’ici à fin 2022 de telle sorte que personne ne doive s’inquiéter si je mourais.» Depuis, il a subi plusieurs chimiothérapies, des radiothérapies et une opération. Pendant cinq mois, il a été totalement absent. Puis le miracle s’est produit. Depuis septembre 2022, toutes les tumeurs sont inactives. L’entrepreneur a repris ses activités à plein régime au point que ses enfants, Adèle, 7 ans, et Léon, 6 ans, lui demandent déjà s’il ne pourrait pas travailler moins.

 


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