Les banques romandes proposent-elles toutes des services identiques aux PME? S’il existe certaines propositions basiques chez la majorité d’entre elles, de tout nouveaux produits ont fait leur apparition sur le marché, des offres qui peuvent s’avérer très utiles pour les entrepreneurs. Voici plusieurs nouveaux services, ainsi que leurs prestataires, à découvrir en Suisse romande.

1.Financements et crédits désormais immédiats

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C’est forcément l’une des demandes les plus importantes faites par les PME à leurs banques: du financement ou du crédit. Credit Suisse vient à ce sujet de renouveler ses solutions de factoring ou de crédits de cession de débiteurs. Il s’agit d’une forme de financement innovante et rapide. En vendant ou en cédant des encours de créances clients à la banque, l’entreprise peut réinvestir des liquidités plus rapidement et optimiser sa trésorerie. «Nos solutions de leasing sont aussi désormais également disponibles directement en ligne, en accès en libre-service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, avec réponse automatique immédiate. Grâce à ce système, le client dispose par ailleurs d’une vision globale et historique de tous ses engagements leasing en biens d’équipement ou flotte de véhicules et il a accès à tous ses documents en ligne», détaille Michael Willimann.

Et le responsable pour la Suisse romande d’ajouter, côté nouveautés: «Credit Suisse est l’une des seules banques sur le marché à offrir un service Mid-Market Lending sur le marché national. Il s’agit d’une offre complémentaire au financement bancaire classique qui repose principalement sur les cash-flows futurs d’une entreprise et qui s’adresse aux entreprises suisses de taille moyenne affichant un excédent brut d’exploitation (Ebitda) compris entre 5 et 10 millions de francs.»

Autre banque à se démarquer dans les crédits aux entreprises, la BCV, qui innove également dans l’immédiateté. Celle-ci assure le financement de l’investissement et du besoin en fonds de roulement de plusieurs milliers de PME, ainsi que nous l’a décrit Pierre Palley, responsable des PME à la BCV. «Les demandes de crédit peuvent être faites en ligne 24 heures sur 24. Selon le type de demande, l’entrepreneur peut obtenir une offre de crédit personnalisée en ligne en quinze minutes, ce qui est nouveau.»

2.Des nouveautés pour les jeunes entreprises

UBS offre une nouvelle série de prestations spécialement dédiées aux jeunes entreprises, dont la création remonte à trois ans au maximum. Ce paquet bancaire balise le parcours de la nouvelle PME, de l’idée à la conception jusqu’à sa mise en place. En voici les détails concrets. Gratuit la première année, le paquet comprend une carte de crédit (valeur: 180 francs), un compte de consignation de capital (valeur: 200 francs minimum), un atelier Canvas (valeur: 100 francs), un programme d’accompagnement (valeur: 500 francs), et le logiciel pour entreprises Bexio Pro + (valeur: 240 francs maximum).

«La jeune entreprise bénéficie ainsi d’un appui d’UBS à chaque étape: des solutions pratiques et concrètes, des rabais exclusifs auprès de partenaires et un paquet bancaire gratuit pour que la jeune entreprise puisse se lancer, décoller, accélérer et… réussir», résume Alexandre Prêtre, responsable de la clientèle Entreprises d’UBS Genève. «UBS accompagne la rédaction du business plan, guide dans la gestion des assurances et de la prévoyance, propose un outil adapté à la planification des liquidités ainsi que des formules de financement, allant du crédit commercial classique jusqu’à des solutions alternatives comme le crédit en compte courant PME qui permet d’obtenir jusqu’à 500 000 francs de liquidités de manière très rapide», ajoute Stéphane Mathey, responsable de la clientèle Entreprises d’UBS Romandie.

«Avec un autre partenaire, Startup Academy, la jeune entreprise peut présenter son idée commerciale dans le cadre d’un concours qui peut permettre de gagner un programme d’accompagnement: savoir-faire d’experts, accès à des opportunités de financement et à des formations axées sur la pratique». En outre, UBS s’est récemment associée à plusieurs partenaires, de sorte que le jeune entrepreneur bénéficie toujours d’excellentes solutions: LegalGo pour faciliter le règlement de toutes les questions juridiques, Bexio pour disposer d’un logiciel comptable efficace, Impact Hub pour occuper un espace de coworking à des conditions privilégiées tout en permettant à la nouvelle PME d’y rencontrer des experts, de participer à des ateliers, de découvrir de nouvelles opportunités commerciales, voire de nouveaux collaborateurs ou même de nouveaux associés.

3.Innovations dans le robo-advisory

Fidèle à sa réputation de précurseure, la banque Swissquote vient de lancer des services très spécifiques aux entreprises et à leurs dirigeants. «Nous proposons un full service, c’est-à-dire le brokerage et le forex à effet levier, pour les entreprises. Pour les PME, nous offrons en plus un service de «share/option plan» pour leurs collaborateurs. Pour les gestionnaires, nous offrons aussi le robo-advisory, qui inclut depuis le mois d’août les cryptomonnaies et les biens immobiliers, en plus d’un service de garde complet», détaille Simon Morgenthaler, Head Sales eTrading Private Clients & Partners. A son avis, les PME cherchent de plus en plus des solutions bon marché pour le change de devises dans leurs activités internationales. «En plus – et cela sera renforcé encore dans le futur – les solutions d’investissement sont très demandées à cause des taux négatifs sur le cash.»

4.Un contrôle de gestion inédit

La banque Piguet Galland a choisi récemment un positionnement original auprès des entrepreneurs, qui constituent son premier segment de clientèle. Elle entend remplir à leur intention un rôle «augmenté» de Chief Financial Officer, à usage personnel, qui dépasse de loin le périmètre habituel du banquier privé. «Nous nous sommes rendu compte, dans les discussions que nous avions avec les entrepreneurs qui figurent parmi nos clients, du décalage parfois important qui existe entre la façon dont ils dirigent leur entreprise et celle dont ils gèrent leur patrimoine», souligne Olivier Calloud, Chief Executive Officer de Piguet Galland.

«En ce qui concerne l’entreprise, poursuit-il, ils sont généralement mieux équipés, mieux outillés, mieux entourés. En revanche, ils ont tendance à négliger leur patrimoine, parce qu’ils n’ont pas forcément le temps de se familiariser avec toutes ses subtilités. C’est le cas par exemple des avantages fiscaux à exploiter dans le cadre de la prévoyance professionnelle. Nos clients en maîtrisent mal les tenants et les aboutissants alors qu’ils contribuent pourtant de manière substantielle à la constitution du patrimoine.»

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Les banques romandes proposent-elles toutes des services identiques aux PME?
© Serge Dehaes

5.Des hypothèques à -1,50%!

La banque WIR annonce une étonnante nouveauté pour les clients PME, soit l’hypothèque à valeur ajoutée WIR. «Nous sommes le premier et seul établissement bancaire suisse à proposer une hypothèque fixe en WIR avec un taux d’intérêt négatif de -1,50%. Ce qui veut dire que nous payons un intérêt aux clients et pas inversement. En outre, notre spécialité est le système WIR pour PME, unique au monde! C’est un instrument d’exception pour générer plus de chiffre d’affaires, étoffer le portefeuille clients et augmenter les bénéfices de l’entreprise. Les clients y participent au moyen du paquet WIR pour PME.» Dans ce paquet, les clients trouvent des outils numériques et analogiques pour le développement de nouvelles relations commerciales et l’entretien des relations commerciales existantes. «C’est la clé permettant de travailler avec succès dans le réseau WIR, le réseau PME le plus fort de Suisse», ajoute Volker Strohm, responsable Corporate Communication.

6.Dès cet automne: de nouveaux multi-banking

Dès l’automne 2019, Valiant proposera avec le multi-banking un nouveau service aux PME. Les PME auront alors la possibilité de consulter tous leurs comptes, et les comptes des autres banques également, dans l’eBanking de Valiant et d’y effectuer des transferts de compte à compte. Ce multi-banking global est nouveau en Suisse, nous assure la banque. La banque Cler revendique aussi une récente palette complète de solutions qui couvrent les besoins courants des entreprises (comptes bancaires, cartes, accès internet, système de facturation). «Après avoir introduit avec succès sur le marché suisse notre application Zak destinée à la clientèle privée, nous étudions actuellement des pistes liées à des solutions digitales afin de soutenir nos clients PME dans leurs défis quotidiens», confirme Frank Bottini, responsable régional crédit (lire encadré).

7.La «QR-facture» en 2020

La BCGE met au service des clients le Centre e-Solutions Entreprises, un pôle d’expertise dédié à l’accompagnement des professionnels dans l’optimisation des processus de trafic de paiement et l’intégration de solutions digitales. Cette entité accompagne également les entreprises dans l’harmonisation du trafic de paiement en Suisse avec l’introduction de la «QR-facture» (de nouvelles factures qui comprendront toutes les informations de paiement dans le code QR et pourront être lues facilement par voie numérique) à partir du 30 juin 2020, qui remplaceront, à terme, les bulletins de versement actuellement en usage.

«Nous lançons également ImeXbking, qui regroupe des instruments de financement spécialisés en commerce international et atteste d’un savoir-faire à même de sécuriser les opérations tant à l’exportation qu’à l’importation. La BCGE met au profit de ses clients son expérience avérée des marchés globaux et de nombreux secteurs d’activité», assure Sébastien Collado, chef financements PME et indépendants. Enfin, pour les entrepreneurs qui désirent payer en monnaie digitale, la banque genevoise Dukascopy a mis en circulation les dukascoins cette année.


«J’avais besoin d’une banque qui accompagne notre croissance»

Duvoisin-Groux. Le groupe vaudois, dont les ventes augmentent de 25% par an, avait d’importants besoins en leasing.

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Jean-Pierre Mitard, directeur du groupe Duvoisin-Groux à Bussigny.
© DR

Certains entrepreneurs n’ont d’autre choix que de changer d’établissement bancaire pour faire passer un cap supérieur à leur PME. C’est le cas de Jean-Pierre Mitard, le directeur du groupe Duvoisin-Groux à Bussigny, actif dans la construction de réseaux électriques, ferroviaires et télécoms dans toute la Suisse romande. Il a repris la société entre 2013 et 2015, puis a opéré un changement important dans le cadre de sa relation bancaire.

«Avec aujourd’hui 120 véhicules routiers et une vingtaine de véhicules ferroviaires, nous avions à l’époque besoin d’un important financement en leasing, mais notre banque ne proposait pas ce service. Avec Credit Suisse, nous avons développé au fur et à mesure des discussions financières plus larges, dont celles liées aux hypothèques. J’ai découvert un partenaire d’affaires davantage qu’un fournisseur.»

La croissance très importante de Duvoisin-Groux (+25% par an entre 2015 et 2019 avec des effectifs qui ont passé de 100 à plus de 200 collaborateurs) a aussi dicté le choix bancaire de Jean-Pierre Mitard. «J’avais besoin d’un partenaire de développement, à qui j’ai dit que s’il tenait ses promesses, cela payerait! En 2017, nous avons créé quatre sociétés dans le groupe et j’ai basculé l’entier des services bancaires des sociétés chez Credit Suisse. Nous nous voyons tous les deux à trois mois pour confirmer les objectifs de croissance, encore plus souvent suivant les projets..» Accompagné de sa nouvelle banque, Duvoisin-Groux ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, avec des clients comme les CFF, les communes ou encore Swisscom et UPC.


Le marché en vogue des IPO pour les PME

Ultima Capital. La société de biens immobiliers de luxe s’est fait aider par Reyl & Cie pour son entrée à la bourse BX Swiss.

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Max-Hervé George, cofondateur d'Ultima Capital.
© DR

C’est un témoignage qui montre des nouveaux services proposés par les banques, – qui jouent désormais la transparence à ce sujet – à des sociétés de taille moyenne. Reyl & Cie, le groupe bancaire indépendant établi à Genève, est intervenu en tant que conseil financier et co-arrangeur du placement privé dans le cadre de l’introduction en bourse de la société Ultima Capital, propriétaire, développeur et opérateur de biens hôteliers et immobiliers de luxe, qui a fait son entrée à la bourse de Berne BX Swiss en août dernier avec un placement privé de plus de 50 millions de francs.

Max-Hervé George, cofondateur d’Ultima Capital, explique quels furent les besoins de son entreprise et pourquoi il a dû faire appel à une banque. «Depuis le début du projet, il y a cinq ans, Ultima s’est considérablement développée. La cotation en bourse sur le marché BX Swiss marque une étape importante de notre développement et nous sommes ravis d’accueillir nos nouveaux actionnaires. Grâce notamment aux conseils de la banque, nous allons pouvoir renforcer la croissance d’Ultima.»

L’opération commune s’est déroulée sur plusieurs mois. «Au cours des deux dernières années, nous avons travaillé aux côtés d’Ultima Capital et de ses cofondateurs non seulement en tant que banque partenaire, mais également en tant que conseil financier. L’introduction en bourse de ce jour est une très belle illustration de la nouvelle approche à 360 degrés d’Entrepreneur & Family Office Services. Cette collaboration harmonieuse entre les équipes de Corporate Advisory & Structuring et d’Entrepreneur & Family Office Services démontre notre capacité à créer de la valeur à long terme pour les entrepreneurs», ajoute Thomas Fontaine, responsable d’Entrepreneur & Family Office Services chez Reyl & Cie.


Des apps pour gérer vos quittances

Neon et Zak, les banques suisses sur smartphone, proposent la gestion des quittances sur smartphone, un service fort utile lancé il y a à peine un an en Suisse.

Ces applications 100% mobiles emboîtent le pas à des logiciels déjà existants dans les PME tels que Bexio, Abacus (AbaClik) ou Winbiz pour ne citer que les plus usités (lire p.54). Ces derniers offrent davantage de fonctionnalités, mais ont un coût et une implémentation beaucoup plus lourds. PME Magazine s’est penché spécifiquement sur le traitement des notes de frais, une problématique touchant employés, dirigeants, fournisseurs, indépendants, services comptables et, tout au bout de la chaîne, offices de taxation. Alors autant avoir confiance en la plateforme choisie.

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Zak et Neon, des applications bancaires 100% mobiles.
© DR

Premier constat venant de plusieurs fiduciaires romandes: l’écrasante majorité des sociétés restent traditionnelles et utilisent encore la méthode du reçu collé sur une feuille, joint à un fichier Excel. Les fiduciaires interrogées n’ont donc pas de clients utilisant Zak ou Neon, à l’exception d’un ou deux cas isolés. Julius Kirscheneder, le cofondateur de Neon, ne s’en étonne pas: «Le produit est très nouveau. La fonctionnalité de photographier des reçus et de regrouper tous les paiements relatifs à un voyage ou un projet sous son propre mot-clé, puis de les archiver directement avec son smartphone, n’a démarré qu’en mars de cette année.»

Numérisation des notes de frais

La néo-banque, qui vient d’annoncer 10 000 clients depuis son lancement il y a un an, est utilisée principalement pour le paiement et la gestion de comptes privés. «Nos clients sont actuellement alémaniques et de la jeune génération, poursuit le CMO. Nous visons également les freelancers et les startupers.» Côté sécurité, un compte doit être ouvert à la banque de Lenzbourg sans limite minimale. Celle-ci héberge vos données dans son data center en Suisse.

A peine plus ancienne, Zak, l’application mobile de la banque Cler, affiche 18 000 clients avec une moyenne d’âge de 34 ans. Elle propose la numérisation des factures ou de l’IBAN grâce au scan avec son téléphone. Mais selon leur responsable médias, il n’y a, à l’heure actuelle, pas de possibilité de gérer les notes de frais en les classifiant; cela reste une fonctionnalité en développement.

Venons-en aux outils de gestion des dépenses courantes dont s’inspirent les néo-banques. Sans pouvoir être exhaustif, voici deux interfaces innovantes. Coupa est une plateforme cloud américaine dédiée aux frais d’entreprise. Chacun peut photographier sa quittance avec son téléphone puis l’intégrer dans la bonne base de données. Celle-ci vérifie que le montant correspond au règlement interne ou au prix négocié avec les fournisseurs. Si ce n’est pas le cas, elle est refusée.

Nos clients sont actuellement alémaniques et de la jeune génération.

Julius Kirscheneder, Neon

Très concrètement, un collaborateur numérisant un ticket repas de 32 francs, alors que l’entreprise prévoit un remboursement de 30 francs, doit corriger la saisie ou la faire valider par son supérieur. Impossible également de présenter deux fois le même reçu. A l’inverse, une dépense au-dessous du budget alloué recevra un message de félicitation.

Une autre solution pointe les frais téléphoniques souvent négligés alors que tout passe bientôt par le smartphone. Amicus d’AbacusNext est un dispositif qui impute le temps passé au téléphone – et donc le coût horaire – aux différents projets ou clients concernés. Cette option commence à être proposée en Suisse, mais selon les premiers échos, elle ne fonctionne pas de manière optimale.