Pour beaucoup, le café au travail fait partie du quotidien. Et nombreux s'attendent à ce qu’il soit gratuit. Mais l'enquête d'Handelszeitung le démontre: cela ne va pas de soi. Les entreprises ont des approches très différentes sur la question. 

Sur 112 sociétés interrogées, une trentaine n'ont pas souhaité explicitement donner de réponse. Un grand nombre d'entre elles se sont d'abord assurées qu'il ne s'agissait pas d'un poisson d'avril.

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Chez 48 des 79 entreprises ayant répondu, le café est gratuit. La plupart d'entre elles mentionnent que le thé, les fruits, l'eau ou le chocolat chaud sont également mis librement à disposition.

Dans l'échantillon interrogé, près de 40% des entreprises ont indiqué qu'elles subventionnent le café, mais que leurs employés mettent également la main à la poche.

Swisscom et l'hôpital universitaire de Zurich demandent la coquette somme de 2,40 francs par café. Ils sont suivis par la Banque cantonale de Lucerne avec 2,20 francs et la Suva avec 2 francs.

Quatre entreprises se situent entre 1 et 2 francs par café. Chez six autres - Postfinance, Banque cantonale de Saint-Gall, La Poste, Bell, Amag et Valora - le café coûte un franc. En dessous de la limite d'un franc, on trouve 17 entreprises, soit plus de la moitié. La fourchette s'étend de 50 à 90 centimes.

Le café comme signe d'estime

Près de 40% des entreprises prélèvent donc une taxe sur le café. Un chiffre élevé qui surprend Kathrin Neumüller, experte en enquêtes auprès des collaborateurs de l'institut d'études de marché suisse Value Quest: «Ces dernières années, de nombreux bureaux sont devenus des oasis de bien-être, on ne peut plus guère imaginer y faire l'impasse sur le café gratuit.»

Pour elle, le café n'est pas un plus, mais une nécessité: «Le café gratuit au travail symbolise l'estime, la sollicitude et favorise l'échange social entre collègues. Il n'est pas seulement un stimulant, mais aussi un signe de reconnaissance et de gratitude de la part de l'employeur.»

A l’inverse, «si le café est payant, cela passe pour assez mesquin». Cela peut favoriser une culture d'entreprise purement transactionnelle, où tout est calculé au franc près. S’il doit payer lui-même son café, le collaborateur pourrait réfléchir à en faire le strict minium. «Les entreprises exigent toujours plus de performance de la part de leurs collaborateurs, et en contrepartie, ces derniers en demandent davantage à leurs employeurs», résume Kathrin Neumüller.

Les pauses-café comme échange socioculturel

Mais le café n'est pas la seule source de conflits. Les pauses-café - ou les pauses-fumée dans le cas des fumeurs et des fumeuses - font également l'objet de discussions récurrentes. Les pauses café stimulent certes la créativité, mais elles consomment aussi du temps de travail. Bien que, selon l'interprétation courante des règles de travail, les pauses café ne font pas partie du temps de travail, la plupart des entreprises ferment les yeux.

«Ceux qui assimilent la perte monétaire des pauses café à une réduction de la performance des collaborateurs pensent trop étroitement et à trop court terme, explique Kathrin Neumüller. Les pauses-café sont essentielles pour créer un climat de travail constructif et positif.»

La chercheuse reconnaît aux pauses un «rôle socioculturel». Les collaborateurs trouvent souvent l'inspiration dans les pauses café, les pauses cigarette et autres pauses informelles. Dans ces situations, on parle de l'entreprise et on discute ensemble des solutions possibles. Cela favorise la performance au travail, la créativité des collaborateurs et, en fin de compte, le succès de l'entreprise. 

Néanmoins, il peut arriver que des collaborateurs abusent de ces pauses et ralentissent les affaires. Lorsque c'est le cas, la chercheuse met les employeurs face à leurs responsabilités: «Les entreprises devraient plutôt réfléchir à d'autres moyens qui aident les employés à gérer leur temps de travail de manière autonome. Des objectifs clairs, un environnement dynamique et un contenu de travail épanouissant font qu'il n'est a priori pas nécessaire de tuer le temps avec des pauses interminables.»

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

 
Tina Fischer
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