Sabrina Badir, 37 ans
Nouveau Fondatrice et CEO de Pregnolia, Zurich

Sabrina Badir

Sabrina Badir permet aux médecins de détecter à temps d’éventuelles naissances prématurées.

© Kay Herschelmann

Pendant longtemps, la recherche dans le domaine de la santé des femmes n’a guère été prise en compte. Le diagnostic des naissances prématurées, en particulier, en est toujours à ses balbutiements alors qu’il s’agit de l’un des plus grands défis de l’obstétrique. C’est là que Sabrina Badir intervient. Dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’EPFZ, elle a développé un appareil qui mesure la rigidité du col de l’utérus pendant la grossesse, un paramètre important dans l’évaluation du risque d’accouchement prématuré. 

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Après son doctorat, la biomécanicienne a obtenu en 2015 la bourse Pioneer pour transformer ses recherches en un produit. Elle a rencontré des obstacles administratifs, financiers, réglementaires et personnels. Mais elle a réussi à atteindre son objectif grâce à des subventions et des prix, ainsi qu’au soutien d’investisseurs et de spécialistes. C’est ainsi que Pregnolia, un spin-off de l’EPFZ qui compte aujourd’hui 15 collaborateurs, a vu le jour. La firme a développé le premier appareil médical au monde breveté bénéficiant de l’homologation CE pour mesurer la rigidité du col de l’utérus. Le produit est déjà sur le marché en Suisse et en Allemagne. Des études cliniques sont en cours en Italie, en Angleterre, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

 


Javier Bello Ruiz, 36 ans
Cofondateur et CXO Imverse, Genève

Javier Bello Ruiz

Javier Bello Ruiz offre une scène à des personnes réelles dans le métavers sous leur propre forme 3D.

© Stéphanie Liphardt

Le métavers ne fonctionne pas sans avatars. Mais ce que l’on sait peu, c’est que la création de ces répliques numériques est très complexe et coûteuse. Javier Bello Ruiz automatise ce processus. Sa société Imverse a développé un logiciel qui peut diffuser des enregistrements vidéo en 3D et en direct. Au lieu de se présenter sous la forme d’un avatar, les utilisateurs peuvent apparaître dans le métavers sous leur forme 3D réelle, mais les applications de téléprésence peuvent également être rendues plus réalistes. «En fait, c’est comme Teams ou Zoom, mais en 3D», résume Javier Bello Ruiz.

Imverse a réussi à convaincre de grands acteurs comme Microsoft et Logitech de devenir ses partenaires. L’entreprise a déjà récolté 4,8 millions de francs de capital-risque de la part d’investisseurs comme HTC. Récemment, Imverse a lancé un abonnement logiciel pour les entreprises. Pour la poursuite de la commercialisation, Javier Bello Ruiz passe au rôle de CXO (Chief eXperience Officer), tandis que Brent Milliken prend le poste de CEO.

 


Silvio Bonaccio, 58 ans
Nouveau Directeur d’ETH transfer, EPFZ, Zurich

Silvio Bonaccio

Silvio Bonaccio accompagne près de 500 spin-off de l'EPFZ, dont Synhelion, GetYourGuide ou Planted.

© Suse Heinz pour "BILANZ"

Originaire de la ville de Saint-Gall, Silvio Bonaccio est expert en matière de spin-off à l’EPFZ. Ces start-up issues de l’institution sonbt le fruit d’une idée commerciale astucieuse, d’une équipe performante et d’un business plan durable. Elles doivent en outre remplir deux conditions supplémentaires. L’entreprise doit avoir été fondée par des étudiants de l’EPFZ et l’activité entrepreneuriale doit reposer sur des connaissances ou des technologies issues de la recherche de l’école polytechnique. 

ETH Transfer s’occupe de la propriété intellectuelle, des contrats de recherche et de l’encouragement aux spin-off, par exemple avec des programmes comme le Pioneer Fellowship. Silvio Bonaccio explique: «Le transfert de technologie à partir de la recherche fondamentale est extrêmement exigeant. Les spin-off sont un excellent vecteur pour cette transition.» Silvio Bonaccio dirige le transfert de technologie de l’EPFZ depuis près de deux décennies. Il a aidé des générations d’entrepreneurs à franchir le pas. Le quinquagénaire a également créé de la valeur pour l’EPFZ elle-même, en constituant notamment un portefeuille de participations considérable. La liste est riche de plus de 500 entreprises. Parmi les spin-off les plus réussis, on trouve Glycart Biotechnology (anticorps thérapeutiques), Synhelion (production de carburant synthétique à partir de CO2 et d’eau à l’aide d’énergie solaire), Planted (substituts de viande sans additifs), MyClimate (protection du climat), GetYourGuide (guides d’expériences de voyage), Optotune (composants optiques), l’association SCION (protocoles internet sécurisés), Beekeeper (postes de travail numériques et mobiles), Dacuda (souris d’ordinateur avec fonction de balayage) et Sensirion (technologie des capteurs). L’EPFZ donne naissance à environ 25 à 30 spin-off par an. Rien qu’en 2022, il y en a eu 26, et 2023 sera probablement aussi «un bon millésime», selon Silvio Bonaccio.

L’homme a l’esprit d’entreprise dans les gènes. Ses parents dirigeaient une entreprise de construction dans la région de Saint-Gall. Silvio Bonaccio s’est intéressé aux sciences naturelles et à la technique dès l’école primaire. Il a «inventé», entre autres, un ventilateur de poche. Il a obtenu un doctorat en chimie, puis a voyagé dans le monde entier en tant que manager pour Nestlé. De retour en Suisse, un ancien collègue d’études l’a contacté et lui a proposé le poste qu’il occupe encore aujourd’hui. Avec bonheur.

 


Julia Carpenter, 32 ans
Nouveau Fondatrice d’Apheros, Zurich

Julia Carpenter

Julia Carpenter est à la recherche de business angels disposant d’un grand réseau et d’une expérience dans le domaine de la technologie.

© DR

Cette année, à Schlieren (ZH), Julia Carpenter a reçu 150 000 francs du promoteur de start-up Venture Kick. Grâce à cette somme, elle doit faire avancer le développement de dissipateurs thermiques en mousse métallique avec son entreprise Apheros. Ceux-ci se caractérisent par une très grande surface qui favorise l’échange de chaleur avec l’air ambiant.  Dans un premier temps, le produit devrait être utilisé pour refroidir des moteurs électriques. Pour cela, elle collabore par exemple avec l’entreprise Maxon Motor, basée dans le canton d’Obwald. Les fermes de serveurs pourraient également être refroidies avec son produit. Mais c’est encore de la musique d’avenir, car pour pouvoir rivaliser avec les groupes de refroidissement existants en termes de prix, Apheros devrait produire d’énormes quantités.

L’entreprise appartient à Julia Carpenter et à sa partenaire commerciale Gaelle Andreatta. Le directeur de thèse de l’entrepreneuse détient encore une petite part de l’entreprise. Julia Carpenter a étudié les sciences des matériaux à l’EPFZ. En automne, Apheros veut lever 1,5 million de francs. «Nous recherchons avant tout des business angels ayant de l’expérience dans le domaine de la technologie, qui peuvent également nous offrir un réseau», indique Julia Carpenter. La Suissesse aime les langues anciennes et les puzzles, ainsi le nom de l’entreprise est composé des mots Aphrodite — celle qui est née de l’écume (aphros en grec) — et ferrum (fer en latin).

 


Fadri Furrer, 37 ans
Nouveau Cofondateur et CEO d’Incon.ai, Zurich

Fadri Furrer

Fadri Furrer souhaite bouleverser le secteur de la construction grâce à la réalité augmentée.

© Tamara Pinco

Avec le spin-off de l’EPFZ Incon.ai, le cofondateur et CEO Fadri Furrer veut révolutionner la construction. La start-up utilise la réalité augmentée non seulement pour visualiser des plans et des projets, mais aussi comme partie intégrante du processus de travail. «Nous créons des instructions de construction qui guident les utilisateurs pas à pas», explique Fadri Furrer. Les processus doivent ainsi devenir plus rentables, durables et de meilleure qualité.

La technologie d’Incon.ai est déjà utilisée dans deux projets à but non lucratif. Des personnes sans diplôme sont formées à de nouvelles méthodes, puis guidées dans le processus de construction. La start-up a également mené des projets pilotes dans le domaine de la construction en bois. L’application mobile a été utilisée avec un projecteur pour remplacer les plans 2D, que la technologie devrait rendre superflus. L’objectif est d’être rentable d’ici à fin 2024.

Avant de cofonder Incon.ai en 2021, Fardi Furrer a travaillé pour Bosch dans la Silicon Valley. Après un master en électrotechnique et en technologie de l’information, il a obtenu son doctorat en robotique à l’EPFZ. S’il s’est tourné vers la technique de construction, c’est en raison du potentiel d’amélioration dans ce domaine.

 


Péter Fankhauser, 36 ans
CEO et fondateur d’Anybotics, Zurich

Peter Fankhauser

Péter Fankhauser laisse libre cours à ses robots à quatre pattes dans des environnements dangereux.

© Dan Cermak

Fasciné depuis toujours par la technique, Péter Fankhauser a étudié le génie mécanique. Il s’est spécialisé dans la robotique, car dans ce domaine le développement n’en est souvent qu’à ses débuts, comme il le souligne. En 2016, il a fondé Anybotics avec d’autres diplômés pour fabriquer des robots autonomes. Ceux-ci sont employés pour collecter des données dans des endroits dangereux pour l’homme. Ainsi, les robots à quatre pattes sont utilisés lors d’inspections d’installations chimiques, dans des raffineries ou sur des plateformes de forage. Les films des premiers robots à quatre pattes construits par Péter Fankhauser ont été mis en ligne sur YouTube. Ces vidéos ont retenu l’attention des collaborateurs chargés de l’innovation dans diverses entreprises, ce qui a permis d’établir les premiers contacts avec des clients industriels.

«Une grande partie des clients nous trouvent grâce à des partenariats existants, indique Péter Fankhauser. Any-botics propose le seul robot au monde qui, grâce à ses jambes et à sa construction spéciale, peut également se déplacer dans des installations présentant un risque d’explosion.» La différence avec les robots japonais réside principalement dans le fait que leurs appareils sont programmés de manière très précise, mais ne peuvent pas réagir en temps réel aux changements de l’environnement. «Notre mission est de devenir le leader mondial du marché depuis la Suisse», poursuit Péter Fankhauser. Shell et BASF font désormais partie de la clientèle. Le plus grand obstacle à surmonter est celui de la production. L’objectif de Péter Fankhauser est de produire des centaines de robots par an. La production a été sous-traitée à une entreprise européenne située à Hombrechtikon (ZH).

Depuis la création d’Anybotics, Péter Fankhauser a cessé de programmer. Auparavant, il codait souvent jusqu’à douze heures par jour. Au lieu de cela, il s’est concentré sur l’acquisition de connaissances en marketing et en vente. Tout marche comme sur des roulettes pour la start-up de robotique. Les six cofondateurs, en plus de Péter Fankhauser, sont toujours à bord. S’y ajoutent des doctorants, des professeurs et des étudiants. En 2020, 20 millions de francs ont pu être levés lors d’un premier tour de financement et 50 millions lors d’un deuxième, il y a quelques semaines. Actuellement, 120 collaborateurs travaillent dans l’entreprise, dont une grande partie dans le développement des capacités robotiques existantes et futures.

 


Séverine Gisin, 31 ans
Directrice commerciale et marketing chez Idun Technologies, Zurich

<p>A l’aide de capteurs intégrés, Séverine Gisin mesure ce qui se passe dans le cerveau, les yeux ou la mâchoire.</p>

A l’aide de capteurs intégrés, Séverine Gisin mesure ce qui se passe dans le cerveau, les yeux ou la mâchoire.

© MICHAEL BUHOLZER

La carrière de Séverine Gisin a commencé à l’EPFZ avec l’invention de nouveaux capteurs faciles à porter, qui mesurent les ondes cérébrales. Ils simplifient l’accès à la mesure du cerveau. Cette passionnée de neurosciences propose des produits commercialisés qui sont équipés de capteurs. Fondée en 2017 avec son partenaire commercial Simon Bachmann, son entreprise se nomme Idun Technologies. La société emploie 18 personnes et la tendance est à la hausse.

La jeune femme a ainsi jeté un pont vers l’utilisation élargie des appareils de mesure, en intégrant par exemple de tels capteurs dans des écouteurs. De là, les capteurs lisent ce qui se passe dans le cerveau, les yeux et la mâchoire. Des possibilités qui intéressent par exemple les chercheurs dans le domaine du sommeil, les entreprises pharmaceutiques ou les départements de marketing.

Originaire de Monthey (VS), la trentenaire est arrivée en Suisse centrale à l’âge de 15 ans. Elle a fait son gymnase à l’internat d’Engelberg (BE), puis a étudié à l’EPFZ en sciences de la santé et technologie. Elle a joué différents rôles au sein du spin-off. Elle a d’abord été cheffe développeuse. Aujourd’hui, elle travaille avec ses clients sur de nouveaux produits. Cette jeune maman aime «mettre de l’ordre dans le chaos». L’objectif est évidemment d’atteindre les chiffres noirs. Actuellement, la start-up vit principalement grâce à son capital et au soutien public à la recherche.

 


Paulina Grnarova, 32 ans
Cofondatrice et CEO de DeepJudge AI, Zurich

<p>Avec sa plateforme pilotée par IA, Paulina Grnarova a changé les règles du jeu dans le secteur juridique.</p>

Avec sa plateforme pilotée par IA, Paulina Grnarova a changé les règles du jeu dans le secteur juridique.

© MICHAEL BUHOLZER

Contrairement à la vie trépidante qu’ils mènent au cinéma et à la télévision, les avocats occupent leur quotidien à des tâches très peu glamours. Ils consacrent des heures à éplucher des dossiers et à effectuer des recherches minutieuses, des activités qui caractérisent le métier de juriste. Paulina Grnarova a compris très tôt que le véritable avantage concurrentiel des cabinets d’avocats réside dans leur base interne de données. L’accès à ce «savoir collectif», comme elle l’appelle, est donc crucial. 

Avec DeepJudge AI, elle a lancé un «game changer» pour le secteur juridique. En effet, la plateforme pilotée par l’IA dispose d’une compréhension sémantique. La solution est en mesure d’effectuer une simple recherche par mots-clés et de comprendre des questions complexes pour saisir le contexte d’un texte. Pour DeepJudge AI, Paulina Grnarova a puisé dans son expérience acquise lors de ses études en IA à l’EPFZ et de son passage chez Google. Auprès du géant basé à Mountain View, elle a assisté à la première vague de la révolution de l’IA dans le domaine du texte, avec les progrès du deep learning. DeepJudge AI a réussi la transition de la phase pilote à la création d’un produit utilisé par certains des plus grands cabinets d’avocats de Suisse. Avec une équipe de 20 personnes, l’entreprise se prépare à s’étendre au-delà de la région Allemagne-Autriche-Suisse, pour se lancer au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

 


Lukas Langenegger, 34 ans
Nouveau CEO et cofondateur d’Hemotune, Zurich Schlieren, Bio-Technopark

Lukas Langenegger

Lukas Langenegger lutte contre la septicémie à l’aide d’un appareil externe utilisant des nanoparticules.

© Patric Spahni

Lukas Langenegger se dit fasciné par les affaires et la technique. Après son baccalauréat, il a travaillé chez UBS. Il a ensuite étudié l’ingénierie chimique et biologique à l’EPFZ et au MIT. C’est là qu’il a fait la connaissance de ses coéquipiers actuels, ce qui l’a motivé à chercher un projet de doctorat d’où il pourrait créer une entreprise. C’est ainsi qu’il est arrivé au thème des nanoparticules, qui permettent d’éliminer de manière très ciblée des molécules du sang. Dans cet objectif, le sang du corps d’une personne est acheminé vers un appareil où les nanoparticules font leur travail, puis il repart. «Elles sont filtrées au préalable et n’entrent jamais dans la circulation sanguine d’une personne», dévoile Lukas Langenegger. 

La première application vise le choc septique, également appelé septicémie, une réaction immunitaire néfaste et potentiellement mortelle à une infection. C’est ce qui est arrivé aux malades du covid qui se sont retrouvés aux soins intensifs. Le thème de recherche reste pertinent à la sortie de la pandémie. «La septicémie touche 50 millions de personnes par an et entraîne 11 millions de décès.» L’année prochaine, des études cliniques sont prévues dans des hôpitaux sélectionnés en Suisse et en Europe. Pour cela, il faut de nouveaux capitaux. Jusqu’à présent, l’entreprise a récolté 23 millions de francs, mais il lui faut 20 à 25 millions de francs supplémentaires pour amener le produit jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché.

 


Marcos Monteiro, 32 ans
Nouveau Cofondateur et CEO de Veezoo, Zurich

Marcos Monteiro

Marcos Monteiro considère l’accès facilité à l’information comme le plus grand moteur du développement humain.

© DR

Originaire du Brésil, Marcos Monteiro a choisi la Suisse comme patrie d’adoption. Alors qu’il étudiait les mathématiques et les statistiques à l’EPFZ, il a identifié un problème: comment rendre les informations d’entreprises cachées dans les bases de données plus accessibles aux collaborateurs? Il a présenté une première solution  lors d’un hackathon en 2015 et a fondé peu après la start-up Veezoo avec son frère JP Monteiro et un co-diplômé, Till Haug. «Veezoo est similaire à ChatGPT, explique le cofondateur. Le logiciel aide à obtenir n’importe quelle information des bases de données à partir de simples questions.» Veezoo répond avec des graphiques et des visualisations de données pertinentes. «C’est comme si vous aviez une conversation avec un collègue.» La solution a un impact énorme sur la productivité des décideurs et réduit la dépendance vis-à-vis d’autres équipes.

«Notre produit a touché le nerf de la guerre. Les gens ont compris que l’IA peut être une interface très puissante avec de grandes quantités de données, se réjouit le mathématicien. Il ne s’agit pas seulement de comprendre les données, mais de les laisser travailler pour soi.» En conséquence, Marcos Monteiro cherche à développer le produit. «Je suis fermement convaincu qu’un accès facilité à l’information est le principal moteur du développement humain.»

 


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