En janvier 2022, un modèle de sac Birkin de la marque Hermès, acquis en 2001 et qui n’est plus fabriqué désormais, était adjugé 44 850 euros. C’est plus de six fois son prix neuf (qui avoisine les 7000 euros). En mai 2021, un canapé Polaire de 1950 en parfait état, du décorateur français Jean Royère, était vendu 1,23 million de dollars (soit près de 25 fois plus que son prix d’époque!). Ces incroyables plus-values suscitent l’engouement pour des objets griffés ou de designers connus, neufs ou de seconde main, qui pourraient prendre de la valeur au cours du temps.
1. Maroquinerie
Bien qu’il soit difficile de prédire l’évolution de la cote des sacs à main, certaines valeurs sûres existent bel et bien en maroquinerie. Chez Closet, site d’e-commerce et show-room à Nyon, spécialisé dans les accessoires et habits de luxe d’occasion, on constate que les modèles Birkin (né en 1984) et Kelly (créé dans les années 1930) d’Hermès se vendent toujours très bien. «Nous avons à peine le temps de les mettre dans l’assortiment qu’ils partent déjà, relève la fondatrice, Victoria Uldry. Cela s’explique par leur rareté: il faut patienter au minimum deux ans pour en avoir un neuf. Des sacs achetés environ 9000 francs dans des boutiques officielles peuvent voir leur prix multiplié par deux ou trois dans l’année.»
Les modèles de Chanel Timeless et 2.55 sont aussi «des pièces iconiques qui fonctionnent bien», ajoute Victoria Uldry. La plus-value qui peut être réalisée s’explique notamment par les augmentations de prix régulières décidées par la marque depuis cinq ans environ. «Rien qu’entre 2020 et 2021 les prix de Chanel se sont accrus de 16%. D’autres marques de luxe comme Yves Saint Laurent ou Cartier ont aussi tendance à augmenter leurs tarifs.» Certains modèles, tels des sacs à main estampillés Louis Vuitton, peuvent également voir leur prix grimper à la revente, notamment lorsqu’il s’agit de sacs créés en série limitée ou à l’occasion de collaborations.
Toutefois, il y a des précautions à prendre en matière de maroquinerie vintage. «Il faut être très vigilant quand on achète à un particulier en ligne. Beaucoup de sacs sont des faux et c’est quasiment indétectable. Chez Closet, nous réalisons quatre contrôles d’authentification différents avant la vente.» La directrice de la PME de six collaborateurs conseille aussi aux clients qui souhaitent revendre un jour leurs sacs d’en prendre soin, notamment de «les ranger toujours dans leur étui et de les nettoyer adéquatement».
Le conseil Choisir un modèle iconique et classique, dans une couleur neutre, si on souhaite le revendre et réaliser une jolie plus-value. Lors de l’achat d’un sac vintage, dans la mesure du possible, se faire fournir un certificat d’authenticité.
2. Mobilier
Depuis les années 2000, il y a un véritable engouement pour le mobilier vintage des années 1950 à 1970, remarque Olivier Fichot, associé au sein de la maison de ventes Genève Enchères. Cela correspond au cycle de la mode qu’on observe également pour les vêtements. Plus on avance dans le temps, plus on redécouvre des designers et mouvements des générations précédentes. Auparavant, dans les années 1970 par exemple, c’était l’Art déco (années 1910-1920) le mobilier phare.»
Le commissaire-priseur cite les noms de designers particulièrement cotés comme Charlotte Perriand ou Jean Prouvé. «Une personne qui souhaite acquérir du mobilier de ce style peut acheter des rééditions de pièces vintage, neuves, confectionnées par les fabricants officiels comme Knoll ou Cassina. Elle peut aussi acheter du mobilier vintage d’époque (italien ou scandinave, par exemple), non signé ou de designers parfois moins connus. Cela lui coûtera quelques milliers de francs dans les deux cas.»
Certaines pièces, devenues iconiques, sont encore rééditées des décennies après leur sortie. C’est le cas de la lampe Pipistrello (1965) ou de la Panton Chair (1965). Pour les experts du domaine, mieux vaut s’orienter vers une édition originale plutôt que vers une réédition.
Enfin, il y a le plus haut de gamme, dont les prix peuvent atteindre des dizaines, voire des centaines de milliers de francs. «Une chaise longue B306 des années 1930 (fabriquée aujourd’hui sous le nom LC4 et dessinée par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand) a été vendue par Christie’s 121 000 euros.» L’état de conservation et ce qu’il reste du mobilier d’origine influenceront grandement le prix. Les matériaux utilisés ne sont pas tous nobles et s’usent avec le temps. Par exemple, le métal chromé de la LC4 s’oxyde.
Le conseil Olivier Fichot s’interroge sur l’opportunité d’investir aujourd’hui dans du mobilier des années 1980. «Ces objets de designers souvent flashy, comme ceux du groupe de Memphis fondé à Milan par Ettore Sottsass, pourraient redevenir tendance.»
3. Horlogerie
Dans l’horlogerie, quatre marques indépendantes voient leur valeur particulièrement augmenter: «Rolex, Audemars Piguet, Richard Mille et Patek Philippe», énumère Vanessa Chicha, directrice d’Iconeek. Cette entreprise, spécialisée dans la montre d’occasion vintage, mène des expertises, des ventes aux enchères et possède un dépôt-vente à Genève. «Quel que soit le modèle de ces manufactures horlogères, il ne sera pas disponible en boutique. Il faudra attendre plusieurs années et on vous livrera généralement seulement si vous êtes déjà un client important.»
Les modèles les plus prisés de ces marques suisses, comme la Submariner (Rolex) ou la Royal Oak (Audemars Piguet), se vendent ainsi plus cher d’occasion que neufs. «Des exemplaires récents de la Nautilus de Patek Philippe, qui sont vendus, neufs, autour de 30 000 francs en boutique, peuvent se revendre d’occasion entre 100 000 et 180 000 francs.» Les prix de certaines éditions, encore plus rares et anciennes, peuvent atteindre plusieurs millions de francs. «La montre est devenue un objet d’investissement et d’art, qui intéresse collectionneurs comme financiers.»
Pour la spécialiste, on peut toutefois, en se faisant conseiller par des professionnels, constituer des collections plus originales, reposant sur des marques de niche ou des éléments communs. «Certains vont acquérir essentiellement des montres de plongée, d’autres toutes les montres comprenant un calibre spécifique, par exemple le 7750 de l’entreprise Valjoux, qui a été utilisé dans des montres de luxe comme dans des modèles plus accessibles.» Dans tous les cas, la proximité avec l’état d’origine (poussoirs, cadrans, etc.), la provenance (première famille propriétaire ou non), l’état de marche, les accessoires (écrin et garantie d’origine) sont autant d’éléments déterminants pour le prix d’une montre.
Le conseil Pour les investissements à long terme, le site Chrono24 conseille d’opter pour les modèles plus populaires des marques populaires, des éditions limitées ou des marques de collection (MB&F, F.P.Journe, Philippe Dufour, Czapek, H. Moser & Cie, par exemple).