C’est lors de leur passage au sein du centre de recherche de Google à Zurich que Paulina Grnarova et Yannic Kilcher découvrent l’immense potentiel des technologies de recherche – bien au-delà des simples mots-clés. De retour à l’Institut de machine learning de l’EPFZ, ils obtiennent leur doctorat avant de cofonder en 2021, avec leur camarade Kevin Roth, DeepJudge, une start-up legaltech spécialisée dans l’intelligence artificielle.
Constat de départ: les cabinets d’avocats croulent sous des masses de données internes – jugements archivés, comptes rendus, expertises, courriers – qu’ils exploitent peu ou mal. Un gisement de «knowledge institutionnel», selon le terme anglo-saxon, que DeepJudge entend valoriser grâce à une plateforme SaaS combinant IA et recherche sémantique. Cette dernière «comprend» l’intention d’une demande de recherche et classe les résultats en fonction du contexte.
Leur premier produit: un moteur de recherche interne qui comprend l’intention de l’utilisateur et hiérarchise les résultats. En 2023, la jeune pousse zurichoise séduit son premier grand client, le cabinet suisse Homburger. «Ce qui nous a le plus réjouis, c’est l’adhésion massive des juristes: quatre sur cinq ont adopté l’outil», explique Paulina Grnarova, aujourd’hui CEO.
Comment te prépares-tu à une réunion importante?
J’essaie de comprendre mes interlocuteurs et leur point de vue.
Connais-tu les dates d’anniversaire de tes collaborateurs?
Ah, non, je dois avouer que je ne me souviens pas de tous les anniversaires, mais nous avons un système pour nous les rappeler et les fêter.
Quelle est la dernière application utile que tu as installée?
Probablement ma bague Oura et l’application qui va avec. Elle enregistre mes données de santé, comme celles liées au stress.
Que fais-tu pour ta santé?
Je fais attention à bien dormir et à être active. Notre cofondateur Yannic est coach sportif et nous sommes nombreux à suivre ses cours.
Depuis, DeepJudge enrichit son offre. En juin 2024, elle lance le Knowledge Assistant, un assistant numérique dopé à l’IA générative, capable de rédiger automatiquement des documents juridiques à partir de données internes. Quelques mois plus tard, elle dévoile un Workflow Assistant: une suite modulaire de 10 à 20 blocs permettant d’automatiser des tâches telles que la recherche, la classification ou la comparaison de documents. L’ensemble s’enchaîne par un simple clic, comme une procédure juridique sans couture.
Côté financement, la jeune pousse tient le bon rythme avec une levée de fonds de 9,5 millions de dollars à l’été 2024.
Active aujourd’hui auprès de cabinets d’avocats en Suisse, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis, DeepJudge cible des structures de grande taille, certaines comptant plusieurs centaines de juristes. «Plus l’équipe est grande, plus la valeur de notre plateforme augmente: elle rend le savoir implicite accessible à tous», souligne la CEO.
La croissance est particulièrement marquée aux Etats-Unis, le plus grand marché mondial de la legaltech, où DeepJudge est passée de cinq à dix collaborateurs en seulement quelques mois. Un ancrage stratégique dans un pays qui pourrait bien propulser la start-up suisse vers son objectif: «Devenir la plateforme d’intelligence artificielle de référence pour les juristes à l’échelle mondiale», affirme Paulina Grnarova.
DeepJudge, Zurich | ICT | Création: 2021 | Collaborateurs: 25+
>> Pour en savoir plus: www.top100startups.swiss/award2025
>> Le pdf complet du magazine est disponible sur www.top100startups.swiss/magazines
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